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Contre la traite coloniale, contre l’esclavage salarié et ses poisons, Nous voulons un autre monde !

Intervention au Rassemblement du 27 mars à Paris

Le tract au format pdf, à télécharger


Nous, militants de l’OCML Voie Prolétarienne saluons le rassemblement aujourd’hui, parallèle à celui des ouvriers empoisonnés à Fort de France. Nous saluons la présence de toutes et tous, malgré le confinement, en regrettant qu’il n’y ait pas plus de métropolitains à nos côtés.
Nous remercions les organisateurs de nous avoir invité et de nous laisser ces quelques minutes pour expliquer le sens de notre présence.

Il y a deux jours, c’était la journée mondiale contre la traite et l’esclavage. L’occasion de rappeler la première raison de ce crime contre l’humanité : une main d’œuvre gratuite et surexploitée pour les colonies nouvelles, à côté du pillage des matières premières. Les mines, le cuivre, l’argent, et les plantations, la canne à sucre, le coton, le tabac, le café.
C’est un système économique bien au point, sur la base d’un racisme institutionnel, avec un seul objectif : accumuler, accumuler, accumuler encore et encore, dans le sang et la sueur des esclaves, quoiqu’il en coûte à la nature et à l’environnement.
C’est cela le colonialisme, le capitalisme naissant, l’exploitation des colonies au maximum, avec les marchands, les armateurs, les banquiers en première ligne. C’est là la source de l’accumulation primitive de l’industrie capitaliste, en Hollande et en Angleterre, en Espagne et au Portugal, et bien sûr en France avec les grands ports négriers que furent Nantes, La Rochelle, Bordeaux, Le Havre et autres.

Depuis, l’esclavage a été officiellement aboli, les esclaves ont été remplacés par des affranchis, puis des ouvriers salariés. Mais le système économique de la mine, de la plantation, n’a pas changé, il s’est simplement modernisé. L’ouvrier est désormais officiellement libre, mais il est esclave de l’exploitation capitaliste, et victime du racisme quand il n’a pas la bonne couleur de peau et quand il est lui-même immigré de Haïti ou ailleurs.
Autrefois, l’esclave mourrait sous les coups du contremaître, dans les mines et les plantations. Aujourd’hui l’ouvrier meurt toujours de l’exploitation capitaliste – et du policier ou du gendarme quand il se révolte, comme en 1961 au Lamentin ou en 1967 à Pointe à Pitre. Il meurt plus jeune usé et détruit par le travail, pressé comme un citron, il meurt d’accident du travail, il meurt empoisonné.

Le chlordécone touche tout le monde aux Antilles, mais c’est l’ouvrière et l’ouvrier des plantations qui en sont les premières victimes. Comme l’amiante, qui touche tout le monde, mais c’est l’ouvrière et l’ouvrier qui sont touchés par le poison, d’abord et au premier chef. Comme à Lubrizol à Rouen où les habitants manifestent aujourd’hui aussi.
L’exploitation capitaliste est sans foi ni loi, encore plus quand elle est renforcée par le colonialisme et la morgue des békés. Les ouvrières et les ouvriers ne sont qu’une force de travail tout juste bons à suer le profit, quoiqu’il en coûte pour leur santé et celle de leurs proches.
Le chlordécone, c’est le symbole du colonialisme, de la répression et du racisme, c’est surtout le symbole des toxiques chimiques du capitalisme, comme l’amiante, de cette exploitation que nous subissons jour après jour dans notre vie au travail.
Aujourd’hui, comme à Fort de France avec le collectif des ouvrières et ouvriers empoisonnés, nous sommes là pour exiger Justice et Réparation !

Nous ne voulons plus de chlordécone, de racisme, de violences policières, de morts au travail, d’empoisonnements. Nous voulons vivre raisonnablement, sans tous ces toxiques qui nous tuent à petit feu, sans les exploiteurs des grands monopoles, sans les békés, les préfets et leurs milices – comme celles qui viennent de tuer Jean-Pierre Claude en Guadeloupe, et qui tuent aussi en métropole.
C’est d’un autre système que nous voulons, où le respect des travailleurs, où la production, seront au service de la majorité et pas au service de l’ultra-minorité qui nous exploite.
Nous voulons un autre monde, celui pour lequel le peuple martiniquais s’est soulevé en 1848, celui que chantait le groupe Téléphone, nous voulons en finir avec ce système comme le clamaient les Gilets Jaunes, nous voulons une révolution comme le rêvaient les révoltés de la Commune il y a 150 ans.
Et pour cela, il faut nous organiser solidement, faute de quoi notre révolte n’aura pas d’issue.

Aujourd’hui, nous ne sommes pas ici pour soutenir un combat. Nous sommes ici pour dire que ce combat est le nôtre, que nous avons les mêmes ennemis, ici comme dans les colonies.

Nous avons la même perspective, en finir avec ce système d’exploitation, de domination et de racisme !

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