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Slovénie, la révolte gronde

Supplément web Partisan N°266 - Juin 2013

La Slovénie, qui a fait partie de la Yougoslavie jusqu’en 1991, est entrée dans la zone euro en 2007. La prospérité devait être au rendez-vous. Mais le pays est plongé dans une récession doublée d’une crise bancaire. La Slovénie prend-elle le chemin de Chypre ? Une nouvelle chef du gouvernement, leader d’un parti de centre gauche, Alenka Bratusek, vient d’être nommée.
Le pays n’est plus calme, le peuple a commencé à se faire entendre. Le lavage de cerveau d’une Europe qui apportait la prospérité est bien passé. Ce pays fut le premier pays à quitter l’ex-Yougoslavie, puis à adhérer à l’UE (2004). Le pays était réputé le plus riche de l’ex-Yougoslavie, le plus calme socialement, la « Suisse des Balkans ». Dès 2008, il vit sa première cure d’austérité. Janez Jansa un des « pères de l’indépendance » était au pouvoir.
En décembre 2012, ils étaient des milliers à manifester dans les rues contre la corruption. Le mouvement est venu de la 2ème ville du pays, Maribor, et cela n’a jamais cessé depuis. Ce qui a mis le feu à la plaine ? La « Commission contre la corruption » a prouvé que deux figures majeures de la sphère politique slovène étaient corrompus : Janez Jansa, Premier ministre et président du parti de droite, les Démocrates Slovénes, et Zoran Janković, maire de Ljubljana et président du parti du centre, Slovénie Positive.
En plus de ces scandales, la révolte grondait contre les plans d’austérité, licenciements, vente d’entreprises, recul de l’âge de la retraite, privatisations, fin de l’État providence. Quels que soient les gouvernements, ils avaient tous participé à ces mesures.
Des assemblées générales se sont créées, des groupes politiques et culturels qui existaient déjà ont appelé à la désobéissance civile et à des protestations et manifestations contre le régime actuel : syndicats universitaires, l’organisation étudiante Iskra, l’université travailleurs-punks, la fédération des organisations anarchistes, les défenseurs de l’ex-Yougoslavie et les syndicats officiels plus mollement (les 2/3 des travailleurs restent syndiqués). Les activistes sont souvent des jeunes, étudiants, qui ne travaillent pas encore, avec peu de liens avec la classe ouvrière. On peut caractériser le mouvement comme inter-classiste. On peut aussi faire le lien avec les Indignés en Espagne et le vote pour Grillo en Italie.
Les manifestants se sont heurtés au gouvernement corrompu, à l’église catholique, au nationalisme. Les débats allaient de l’indignation et de la demande d’une véritable démocratie, à des critiques du capitalisme ou pour un changement radical de société. Il n’y a pas encore de position de classe affirmée.
Dans ce cadre, un gouvernement de centre gauche est finalement au pouvoir. Mais ce gouvernement, comme tous les autres, cherchera à faire payer la crise aux travailleurs. D’ailleurs, une des premières démarches de ce gouvernement a été d’aller à Bruxelles voir José Manuel Barroso. Nul ne doute des mesures qui vont être proposées. Les trois mois de lutte resteront dans les mémoires et serviront à construire pas seulement des indignés, mais, nous l’espérons, un véritable parti communiste en Slovénie.

 

Voir aussi :"La guerre en ex-Yougoslavie (1992-1995)" (recueil d’articles de Partisan)

 

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