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La Poste : Des inadaptés par milliers ?
Durant la grande grève des PTT en novembre-décembre 1974, Pierre Lelong, à l’époque secrétaire d’État aux PTT du gouvernement Chirac, prononça des paroles vexantes sur "le travail idiot dans les centres de tri" de La Poste. Des humiliations, des restructurations, des luttes plus tard, Jean-Paul Bailly, le président de la Poste, prend le relai. « Une institution comme La Poste, traditionnellement s’accommodait du travail limité, des gens peu adaptés. On ne les emmerdait pas, on disait que ça faisait partie du casting, et on les laissait dans leur coin. Maintenant par les temps qui courent, ils n’ont plus leur place dans les entreprises, même si, à La Poste, ils restent boucler leur carrière et font des déprimes à répétition. Ils seraient mieux hors de l’entreprise, mais non, le modèle qu’ils conservent, c’est La Poste d’avant. Voilà. Ce phénomène-là conjugué avec l’action de syndicats minoritaires qui ont peu d’audience, qui veulent fermer La Poste, ce phénomène-là nous poursuit. On va le gérer le mieux possible, on va le combattre aussi car ce n’est ni bon ni pour l’image interne, ni pour l’image externe » (JP Bailly dans « Ceux d’en-haut » de Hervé Hamon, au Seuil). Du « travail idiot » avec « des gens peu adaptés » qui « seraient mieux hors de l’entreprise ». Voila comment les capitalistes respectent les travailleurs. Dans ce même livre, Bailly minimise le taux de suicide. Responsable comme serviteur de l’Etat des restructurations, privatisations, statuts précaires, horaires de merde, il se moque de celles et ceux qui craquent ou se révoltent. S’adapter à la course folle contre la concurrence (souvent interne) ou mourir, c’est ce qu’on appelle le service public. Lelong, c’était sous Giscard, Bailly, c’est sous Hollande. Ses déclarations ont fait le tour des tracts syndicaux et de la presse qui se respecte. Il regrettera ce moment ce moment de sincérité. Nous, nous militons pour mettre le patronat « hors de l’entreprise ».