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Palestine, pays arabes : un texte d’Adel Samara

Partisan °266 - Juin 2013

« L’alliance cachée entre les Islamistes, les Impérialistes et les Sionistes - La médiocre analyse des Nationalistes et Communistes Arabes » (Extraits)

La dégénérescence des Mouvements arabes nationalistes et communistes entre 1970 et 2010 offre une chance non négligeable à la contre-révolution, celle-là même qui a conduit aux développements les plus dangereux et catastrophiques dans l’histoire arabe récente, qui se sont concrétisés dans les deux phénomènes suivants :
- Les politiques arabes ont été soumises et dominées par les détenteurs de la rente pétrolière des pays colonisés.
- Outre leur rôle d’Etats clients, ces dirigeants ont utilisé les surplus de la rente pour soutenir trois courants réactionnaires au sein des pays arabes :
- d’une part, la classe dite classe d’affaires, qui est devenue une classe libérale bourgeoise islamiste, tout particulièrement en Egypte. La plupart de ses investissements ne concernaient pas la production.
- ensuite, nombre de jeunes chômeurs relativement incultes ont été recrutés, entraînés et financés comme propagandistes et combattants islamistes au profit de l’Arabie saoudite et des Salafistes.
- enfin, le mouvement des Frères Musulmans était soit allié aux régimes arabes en place, soit dans un état de semi-oppression en comparaison aux mouvements laïcs.

 

Le résultat final de ces trois groupes : classes, organisations et terroristes, est le renforcement de la domination du noyau du régime capitaliste et sioniste au sein même du monde arabe. La défaite des mouvements de libération nationaliste et communiste lors de la guerre de 1967 et l’effondrement de l’Union soviétique à la fin des années 1980 ont renforcé et facilité le développement des forces religieuses politiques d’un côté, et la faillite d’une éducation et mobilisation des masses contre ces pouvoirs, de l’autre. En d’autres termes, les nationalistes et communistes arabes ont perdu les masses.

 

Actuellement, la réalité est devenue plus amère encore, depuis que la plupart des organisations nationalistes et communistes se sont tournées vers une alliance et un dialogue avec les forces politiques religieuses qui, en retour, savent intelligemment exploiter des circonstances favorables et agissent comme si elles étaient anti-impérialistes, mais construisent en secret des liens forts avec la contre révolution. Les forces laïques n’ont pas pris conscience de ceci jusqu’aux évènements du dit « printemps arabe ». (...)

Nous n’avons aucune prise sur ce complot.

Les Arabes, en général, selon mon expérience directe, sont nombreux à croire à la théorie du complot. Les autres, en particulier à l’Ouest, n’y croient pas et nous accusent d’exagération et de phobie. Ce que je crois, c’est qu’il existe effectivement un plan permanent d’action du capitalisme de l’Ouest contre la nation arabe. Et que le complot n’est que le moment de la réalisation de ce plan.

 

Une part de ce plan du capitalisme de l’Ouest contre la nation arabe, est l’alliance secrète avec les Frères musulmans, celle-ci s’ajoutant à son alliance avec les régimes arabes dits modérés, et à son inimitié envers les régimes nationalistes.

 

En 1978, trois longues interviews ont été publiées dans le Merip Reports, le magazine de la gauche aux USA à l’époque, dans lesquelles Rashid Ghanoushi (Tunisie), Hasan al Turabi (Soudan) et Mahmoud al Zahar (Palestine) ,ont déclaré qu’ils ne considéraient pas les USA comme un ennemi, mais que seul Israël posait problème.

 

D’un point de vue idéologique et économique, on ne peut pas demander aux Islamistes d’être anti-capitalistes ou de croire au développement dans l’intérêt des classes populaires, ou encore de se soucier des problèmes de classes ou de ceux des femmes. Mais il est intéressant de savoir qu’ils ignorent le fait que les relations entre les USA et Israël sont nouées aussi étroitement que par un cordon ombilical, et qu’ainsi ils constituent un seul front.

 

Les forces nationalistes et communistes pensaient que ces Islamistes étaient politiquement arriérés et incapables de comprendre les profondes relations entre les USA et Israël, et que les décideurs du Golfe étaient de simples bédouins incultes. En réalité, beaucoup d’entre eux sont instruits, et tous ces régimes sont en alliance secrète avec des colonialistes blancs qui ne sont pas de simples consultants, mais des leaders et commandants en chef.

 

Les évènements qui ont succédé aux printemps arabes ont découvert le fait étonnant suivant que les FPR sont partie prenante d’un pacte à la fois avec l’impérialisme et le sionisme et que leur rejet du sionisme n’était qu’une manipulation des masses. Ces évènements prouvent que ces forces politiques et religieuses croient en un « droit » d’Israël à être en terre de Palestine ; ce qu’elles ont déclaré, directement ou indirectement.

 

Adel Samara, avril 2013. Traduction Partisan.

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