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Le mariage gay vu par une ado

Ça a commencé le 13 janvier. J’é́tais chez moi quand j’ai entendu un cri. Suivi par d’autres. J’ai cru avoir mal entendu au dé́but, mais non, j’avais bien perçu : « Y a pas d’ovules dans les testicules. » Le temps de comprendre le sens des mots, je me suis souvenue de cette manif qui défilait en bas de ma fenê̂tre ce jour-là. J’ai vu tous ces gens joyeux, des familles avec poussettes et enfants, crier leur peur de la différence, leur certitude que « la société n’est pas prête ». J’avais envie de leur crier, moi aussi, depuis mon balcon : « Vous êtes trop peureux, si la société en question ne fait pas un seul effort pour être prête un jour, elle ne le sera jamais ! » Je voyais avec désespoir toutes ces pancartes, tous ces cortèges, et, tout ce que je pouvais faire, c’était publier un message énervé sur Facebook. Et c’est là que je me suis rendu compte du problème : je pensais bêtement que ce débat ne concernait pas les gens de ma génération. Pour nous, cela me semble évident : l’homosexualité n’est pas une tare, et l’égalité des droits est un juste combat.
En fait, la question divise aussi des gens de mon âge, avec des réactions vives, des insultes. Des lycéens qui récitent les phrases de leurs parents : « Le mariage, ce n’est qu’entre un homme et une femme », ou « Dans la Bible, c’est écrit “un homme et une femme” et pas “un homme et un homme” ou “une femme et une femme”... » Ça me fait doucement rire quand j’entends ça, parce que, c’est marrant, dans la Bible, il y a aussi écrit que tu peux sacrifier ton fils à la place d’un agneau, mais là, d’un coup, y a plus personne. C’est vrai que c’est un résumé assez grossier et qu’il faut respecter les croyances et être tolérant, mais là, en fait, je ne ris plus. Des humains qui manifestent pour interdire des droits, dont ils profitent eux-mêmes, à d’autres humains ! Cela me met en colère. Et me désespère. (...) Je pense à beaucoup de mes amis, de mes proches, qui ces derniers temps se sentent exclus, blessés, insultés.
Je voudrais juste dire à tous ces gens qui les rejettent, même s’ils disent que ce n’est pas vrai, qu’ils n’ont peut-être jamais su ce que c’était que d’accepter vraiment l’autre, quels que soient son sexe et son « orientation sexuelle ». Je voudrais qu’ils sachent aussi que nous, la nouvelle génération, moi, mes amis, tous ces gens de mon âge que je ne connais pas mais qui sont bien là, nous sommes prêts à nous battre. Et nous n’arrêterons pas tant que la bataille ne sera pas gagnée.

 

Mars 2013, www.psychologies.com

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