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Comment l’extrême-droite utilise internet

Comment êtes-vous entré en politique ?

 

Au départ c’était par le rock. Les paroles (de groupes rock fascistes) nous touchaient et en cherchant on a rencontré des militants d’Unité Radicale (UR) qui étaient à Bédarieux. Ça a tout de suite collé. Dire enfin tout haut que les étrangers venaient coloniser le pays, que les vrais Français des villages comme nous étaient des citoyens de seconde zone, tout ce qu’ils disaient semblait évident à l’époque...

 

Quels étaient vos buts ?

 

On partait du principe que notre rôle était de « réveiller les consciences nationales », de dire la vérité aux Français, qui étaient anesthésiés par les politiques et les médias. Nous considérions que les médias mentaient tous, que nous vivions dans un État « ripoublicain », corrompu par des élites mondialistes, que la race blanche était en danger, tout ça. Et comme on était peu nombreux, on a surtout utilisé internet. C’était pratique pour faire passer nos messages, et ça ne coûtait pas d’argent. Je sais qu’au Bloc (Identitaire) et au FN ils ont des méthodes analogues, l’essentiel de celles que nous utilisions venaient d’ailleurs de leur fascicules de formation des militants.

 

Comment procédiez-vous ?

 

Tout était assez codifié. Il fallait en priorité « squatter » les sites d’information générale à la recherche de toutes les informations « raciales » possibles. Monter en épingle les fais divers lorsqu’ils concernaient des étrangers, quitte à les faire « mousser » sur Facebook ou sur les forums. Les réseaux sociaux et les commentaires dans les articles de presse étaient l’idéal pour ça...

 

Quel était votre rôle précisément ?

 

Mon travail consistait aussi à faire des revues de presse sur plusieurs blogs, et en ne prenant que les histoires qui mettent en scène des étrangers pour ensuite démontrer que tous les problèmes venaient d’eux. Mais évidemment, on ne se limitait pas aux faits divers. ..

 

Vous avez d’autres exemples ?

 

Je pourrais en donner pendant des heures, mais par exemple il suffit de prendre un pseudo à consonance musulmane et lancer des insultes aux Français, en prônant une République islamiste à Paris ou ce genre de choses. C’est très gros mais ça marche à chaque fois.

 

Vous n’aviez pas l’impression, avec ces méthodes, d’être vous-mêmes à l’origine d’une manipulation politique ?

 

...Bien sûr maintenant, je me rends compte que les « flots d’argent » déversés sur les associations d’immigrés sont surtout là pour gagner la paix sociale, qu’il s’agit d’initiatives bidons pour éviter une explosion des banlieues, et que souvent même l’argent annoncé n’arrive pas jusque-là. Sans compter qu’il s’agit en réalité de petites sommes.
J’ai compris aussi qu’on parlait surtout de délinquance quotidienne, des petits trucs comme des vols de sacs à main ou des voitures incendiées, mais qu’on ne parlait pas de certaines « grosses affaires », parce qu’elle ne concernait pas des étrangers. Et que les gros délinquants, les banquiers et les hommes d’affaires véreux, on n’en parlait jamais, sauf lorsque « par bonheur » ils étaient juifs, francs-maçons ou ce genre de chose et que donc on pouvait en tirer le fil du complot des « riches antiracistes ».
Avec le recul, je sais maintenant que le problème de la délinquance est lié à la pauvreté de certaines populations, et pas à leur origine ethnique, mais pour un rural comme je l’étais à l’époque les choses étaient différentes. Je réagissais avec mes tripes pas avec ma tête.

 

Comment regardez-vous le discours politique de l’extrême-droite actuelle ?

 

J’ai énormément étudié tout ça depuis quelques années et je vois maintenant une grande confusion des genres entre un discours qui prétend défendre les petites gens, les bons Français qui travaillent honnêtement, et le fait qu’on ne parle que d’insécurité, de montée de l’islamisme etc, au moment où il faudrait surtout parler d’économie et de salaire, qui est le nœud du problème. Pour moi, pendant des années, j’ai contribué à créer l’écran de fumée qui protège ceux contre lesquels je me battais vraiment au fond de mon cœur : les profiteurs.

 

Comment regardez-vous, aujourd’hui, le militant que vous étiez ?

 

Moi et les autres on s’est laissé avoir. Il n’y avait pas de travail dans le village, on était désœuvré, on avait l’impression d’être inutiles et rejetés par la société. D’ailleurs il ne se passait jamais rien chez nous en terme de délinquance, et les seuls étrangers étaient les fils de réfugiés espagnols.

Notre avis :

Il est dit dans l’interview : « J’ai contribué à créer l’écran de fumée qui protège ceux contre lesquels je me battais vraiment au fond de mon cœur : les profiteurs. » Les profiteurs ce sont les capitalistes et l’État. Les fascistes cle gouvernement « ripoublicain », ils veulent un État capitaliste propre, cultivent un nationalisme démagogique. Tout cela n’est que chimère, le capitalisme et l’impérialisme pourrissant se reproduisent toujours. On retrouve d’anciens fascistes déguisés en bons bourgeois dés que la droite revient au pouvoir. Le fascisme combat les communistes qui veulent une réelle démocratie débarrassée des exploiteurs. Les médias communistes et anti-fascistes, comme notre journal et notre site on un rôle important à jouer dans la contre-propagande. Sortir de la confusion idéologique, c’est mettre en avant l’unité de la classe ouvrière, français et immigrés, hommes et femmes, homos et hétéros. Nous participons aux mobilisations contre Le Pen et les autres groupes fascistes. Nous nous appuyons sur les résistances au capitalisme, dans les entreprises, les facs, les quartiers. Nous pensons que l’internationalisme et la lutte pour le socialisme sont la seule voie.

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