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Elections, journée du 23 mars : l’alternative est à construire !

Partisan N°237 - Avril 2010

Défaite électorale de Sarkozy et du gouvernement. Succès de la mobilisation intersyndicale du 23 mars. Des surprises ? Non. Il n’y a pas à s’étonner que les vagues de licenciements, les « réformes » de la santé et de l’éducation qui pénalisent encore plus les travailleurs et leurs enfants, celle du système de retraite venant après les attaques de 2003, aient provoqué le rejet de leur politique. Défaite du gouvernement donc ! Mais victoire de qui ? Aspiration à un changement, mais lequel ?

Tous ensemble : pour faire quoi ?

Le PS et ses alliés déclarés - Front de gauche et Verts - ou allié de circonstance - le NPA - sont électoralement majoritaires, si l’on fait abstraction de l’abstention. Un constat s’impose. S’ils veulent gagner les prochaines élections, ils ne le peuvent qu’unis. Le « tous ensemble » des luttes trouverait ainsi un débouché dans le « tous ensemble » électoral d’une nouvelle « gauche plurielle ». D’ailleurs ce processus de « fusion » des deux « tous ensemble » est déjà en œuvre. Des leaders de luttes récentes se sont portés candidats sur des listes de gauche . Comme G. Eyremann des New Fabris sur la liste de Ségolène Royal en Poitou-Charente, Philippe Poutou de Ford-Blanquefort en Aquitaine sur celle du NPA, Raymond Chauveau en soutien du Front de Gauche en région parisienne.

Un « tous ensemble » électoral comme débouché des aspirations qui s’expriment dans les luttes : mais pour quel changement ? Nombreux sont ceux qui, ayant voté contre Sarkozy, ne se font guère d’illusion sur les changements qu’apporterait la gauche à leurs conditions de vie et de travail. En Europe, les gouvernements socialistes, que se soit en Espagne ou en Grèce, ne sont que les exécutants de la politique du capital. L’aspiration au changement de ceux qui ont voté est assez bien traduite par le slogan électoral du NPA : « Rien céder, tout changer ». Changer de politique pour arrêter le cycle infernal des attaques, le ralentir tout au moins, tant elles ont été brutales. Il ne s’agirait plus de voter à gauche comme en 1981 pour « changer la vie », mais pour éviter que notre vie « ne change en pire ». Sans perspective de véritable alternative pour les exploités !

Un « tous ensemble » minoritaire !

L’abstention des quartiers populaires, où un quart des travailleurs ne sont pas inscrits, où beaucoup n’ont pas le droit de vote parce qu’ils sont étrangers, trace la limite de ce « tous ensemble » électoral. L’abstention n’est pas un engagement ! C’est « vos élections ne nous concernent pas », parce que nous n’avons plus rien à y gagner, puisque que « nous avons déjà perdu »…Chômage, précarité, galère, mépris… Même un candidat comme Ali Soumaré, en faisant 67% à Villiers-le-Bel, n’a pas empêché l’abstention d’y augmenter. Pas étonnant alors que le « tous ensemble » soit porté surtout par ceux qui n’ont pas encore tout perdu, mais vont perdre beaucoup : les travailleurs du secteur public sur qui se portent les attaques de la bourgeoisie, et ceux qui perdent leur emploi. Les vieux prolétaires laminés par 30 ans de restructurations, les jeunes qui vivent dans la galère et la précarité, n’ont plus rien à défendre dans le cirque électoral. Les jeunes qui se révoltent, comme en 2005, sont alors taxés de « non politiques » parce que, précisément, ils n’entrent pas dans ce cirque.

Crise du système démocratique bourgeois, sûrement. Il fonctionne de plus en plus sur une minorité d’électeurs, dont sont exclus la majorité des prolétaires : abstentionnistes, non inscrits, étrangers privés du droit de vote, ou de droits tout court comme les sans-papiers. La bourgeoisie peut très bien vivre avec une démocratie intéressant une minorité d’ouvriers, la petite-bourgeoise, et les élites bourgeoises. Une démocratie de classe encore plus marquée. C’est ainsi que cela fonctionne aux USA. Elle peut bien vivre ainsi, si elle s’assure la paix dans les quartiers populaires, à grands renforts de policiers.

Faire de la politique autrement !

Nous communistes, nous ne pouvons pas nous satisfaire d’une telle situation ! Il ne s’agit pas de pousser à voter les ouvriers, les jeunes, ceux qui se détournent de la politique « médiatique », ou votent occasionnellement pour une personnalité qui crève l’écran et qui dit ce que eux ne peuvent pas dire. Pour nous, ce n’est pas par la participation aux élections bourgeoises que les ouvriers et les prolétaires peuvent s’emparer de leur politique.

Mais il ne suffit pas d’opposer les luttes aux élections. Faire de la politique autrement, faire une politique de classe, faire une politique communiste, c’est précisément organiser ceux qui s’abstiennent, ou se rangent derrière un tel ou un tel : derrière la gauche, derrière Besancenot, derrière la CGT, « pour les sans-papiers »…. Pour construire une alternative positive, une alternative de changement, une alternative au capitalisme, une alternative socialiste.

Organiser l’indépendance de classe sur tous les plans. Dans les luttes, c’est s’opposer à la soumission aux intérêts de la France, que se soit dans la défense de l’emploi ou pour la régularisation des sans-papiers. En politique, c’est organiser les révoltes autour d’un projet de transformation sociale, contre ceux qui veulent en faire des marchepieds pour la gauche réformiste. C’est réunir les ouvriers sur la base de leurs intérêts propres, de leurs besoins, comme classe organisée et consciente.

Construire notre unité

C’est le défi des communistes, c’est le défi auquel VP est confronté. Dans les usines, dans les quartiers, organiser les travailleurs, ceux qui se désintéressent de la politique bourgeoise, pour les intéresser à leurs propres intérêts, pour qu’ils sortent de leur découragement et de la démerde individuelle. Cela ne peut se faire dans le discours, ou par l’audience électorale et médiatique. Pour organiser les travailleurs dans des pratiques autonomes de classe, il faut déjà en être. Dans les usines, dans les quartiers. Gagner la confiance des prolétaires parce que nos idées expriment leurs aspirations. Gagner cette confiance par notre détermination militante. Gagner leur confiance en en faisant des combattants conscients de leur classe. Et cela dans toutes les luttes politiques : pour faire des syndicats une arme dans les mains des travailleurs, pour faire vivre la solidarité internationaliste avec les peuples, pour construire l’unité de la classe multinationale de France, dans la lutte pour l’égalité de tous les droits.

Nous sommes à contre-courant. A contre-courant de l’idéologie bourgeoise individualiste, à contre-courant des illusions du tous ensemble, qui portent à ignorer les contradictions et les difficultés. Si nous voulons sortir de l’alternative entre « le pire » et le « moins pire », il faut faire le choix de s’organiser à contre-courant, sans attendre des succès faciles. C’est ce à quoi travaille VP. Alors, si tu veux sortir de la paralysie et de cette fausse alternative du « moins pire », si tu apprécies ce que nous faisons, prends contact avec nous !

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