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Euromed, c’est euromillions !

Partisan N°268 - Octobre 2013

Nous participons à Marseille à un collectif de lutte contre le projet Euroméditerrannée, dont la partie Euromed1 est déjà bien réalisée et qui a attaqué la phase Euromed2, qui menace encore plus directement des quartiers populaires du nord de la ville. Il s’agit parait-il du plus vaste projet d’urbanisme d’Europe. Il répond à plusieurs besoins :

 


- Le foncier et l’immobilier sont des domaines en capacité de répondre, si les conditions sont bien réunies (et on espère les en empêcher) d’offrir des sources de profit considérables. Comme les capitaux sont toujours en recherche de débouchés rentables, il y a là l’opportunité de leur offrir un terrain d’épanouissement énorme ! L’établissement public Euromed (avec dedans l’Etat dans toutes ses déclinaisons : région, département, mairie) fait bien miroiter aux investisseurs (= spéculateurs) toutes les conditions qu’il essaie de réaliser pour leur assurer l’intérêt de venir placer leurs capitaux. Comme la délocalisation du marché aux puces, plus grand marché maghrébin d’Europe, situé dans cette zone, et qui serait remplacé par un Palais des Congrès, ou un « marché des 5 continents » plus propre sur lui…

 


- Pour assurer la rentabilité du projet, et ses coûts faramineux, il faut qu’il soit destiné à un public solvable, qui pourra payer pour réaliser cet investissement. D’où des immeubles de haut standing, des éco-cités verdoyantes et des entreprises de hautes technologies pour embaucher et faire vivre les couches moyennes (la petite-bourgeoisie moderne, friande de culture, d’écologie et de conditions de vie qui fassent miroiter sa puissance sociale). Comme ces quartiers (Arenc, les Crottes, la Cabucelle, Bougainville,…) sont uniformément pauvres et sous-équipés, on parle de gentrification : le remplacement dans les villes des prolos par la petite-bourgeoisie aisée (les vrais bourgeois sont déjà bien installés ailleurs, dans Marseille-sud et à Aix-en-Provence). Pour eux les projets de parc paysager, de lycée international, de vue sur mer, d’immeubles passifs en énergie,… Les vieilles maisons seront achetées à vil prix, réhabilitées en logements confortables aux loyers inaccessibles, les locataires et propriétaires actuels devront partir loin… Les logements sociaux promis seront alignés sur le nouveau standing de ces mêmes couches moyennes. Pas besoin de beaucoup d’expulsions et de CRS, les prix nouveaux feront le boulot.

- Marseille était une ville provençale, ouvrière, portuaire et cosmopolite. Il s’agit d’en faire une métropole touristique et de services. Métropole : autre gros mot qui sonne euros par millions. Cannibaliser les communes autour vers ce vaste entonnoir, changer la population, installer des sièges sociaux et des centres de gestion des flux de marchandises…, le processus est en cours, organisé main dans la main par l’UMP et le PS.

 

Mieux vaut s’attaquer à la périphérie de l’hyper-centre, ces quartiers déshérités qui coûteront peu et offriront une faible résistance. C’est là qu’on intervient ! Avec un Collectif « On se laisse pas faire » qui dénonce, essaie de mobiliser et d’organiser les prolos locaux. Et c’est difficile, tant l’ennemi est puissant (à la hauteur des enjeux financiers). Face à eux, scepticisme, impuissance, fatalisme sont les premiers réflexes, qu’il s’agit de dépasser. Surmonter les divisions entre populations des quatre coins du monde ayant perdu le sentiment de communauté, passé la famille et le bout de quartier. L’entraide était présente quand les chantiers de construction navale (à la place du marché aux puces) rassemblaient en une fourmilière des milliers d’emplois. Maintenant, plein d’emplois de la construction et de l’automobile : les concessionnaires (Renault, Peugeot, Ford), pièces détachées, locations et casses partiront… Le commerce informel des Puces s’évaporera. Le Collectif s’adresse à tous ceux qui vont souffrir si Euromed2 passe : proprios pauvres, locataires, ouvriers et usagers d’un quartier pauvre et emblématique de ses ressources par la vitalité des Puces. Qu’ils aillent crever ailleurs, on va faire un beau Marseille sans eux !
On résiste, on sait déjà qu’on les emmerde, et on va continuer. D’ailleurs, c’est eux ou nous !

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