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Indignation ? Ou alternative ?

Editorial de Partisan n°269 - novembre 2013

Face à Hollande, Valls, Le Pen et les autres. Face aux morts de Lampedusa, à l’expulsion de Leonarda et des autres…

Election de Brignoles, nouveaux naufrages en Méditerranée, licenciements en Bretagne et ailleurs, expulsion de Leonarda …. Les motifs de colère sont nombreux, éclatés, chacun effaçant le précédent…. Traités par les médias comme des faits divers, sans aucun lien entre eux, ils sont pourtant tous la conséquence des solutions que la bourgeoisie donne à la crise du capitalisme. Elle n’a pas de solution économique à cette crise, sinon la concurrence du « produisons français » ou « en France », en demandant aux ouvriers d’en rabattre sur leurs salaires ou leurs conditions de travail. Face à la colère que la misère et les licenciements provoquent, elle a encore une solution politique et idéologique : les boucs émissaires étrangers, les immigrés, les Roms. Les Partis de droite et d’extrême-droite ciblent tous les étrangers, le PS particulièrement les Roms. Par calcul politique. Il ne peut pas attaquer bille en tête les immigrés, dont beaucoup des enfants votent PS, mais les Roms, pas de problème, tant il y a contre eux des préjugés anciens.

« Front républicain », pour la démocratie ?

Pourquoi les partis de droite et de gauche, « dits républicains », s’inquiètent-ils des succès électoraux du FN, succès très relatifs ? A cause du progrès des idées réactionnaires de ce parti ? Sûrement pas ! Sinon, ils ne pilleraient pas son programme, ne reprendraient pas ses discours sur l’immigration, sur l’insécurité…. Ils ne renforceraient pas les contrôles aux frontières de l’Europe, après avoir versé quelques larmes de crocodile sur les noyés de Lampedusa. Le Front républicain du PS, voter UMP contre le FN, apparaît pour ce qu’il est, non la défense de « valeurs démocratiques et humanistes », mais celle de postes d’élus. Car à l’évidence le FN peut rafler des sièges à la droite ou à la gauche… Les tactiques électorales, le Front républicain ou la reprise des thèmes de campagne du FN, n’entravent pas la progression des idées réactionnaires. Au contraire, elles la renforcent, en lui donnant une légitimité de « gauche », comme le dit Valls, sans être démenti par Hollande. Le Front républicain est de la diversion. L’ennemi principal n’est pas le FN, mais le PS ou l’UMP qui appliquent les politiques qui nous écrasent. Le Pen aboie, le PS mord.

Respect de la loi ?

Face à l’émotion suscitée par les conséquences de sa politique, des noyés de Lampedusa à l’expulsion de Leonarda, le PS ne trouve que la nécessité de vérifier par « une enquête » si les règles et le droit ont été respectés. Pour dégonfler l’indignation démocratique… Mais le scandale des immigrants noyés, de l’expulsion des Roms et des sans-papiers, des licenciements et du chômage, de la misère, n’est pas dans l’entorse à des règles ou des lois démocratiques. Le scandale est dans les faits, dans la politique et les lois qui les permettent ou les organisent. Les licenciés de Bretagne et de Alcatel-Lucent, comme ceux de Aulnay, ont été virés dans le respect des lois et procédures. Les expulsés sans-spapiers ou roms le sont de même, légalement, dans leur majorité. Le blocage des candidats à l’immigration en Europe a l’aval d’élus démocratiquement désignés.

Légitimité ouvrière !

Pour les exploités, les chômeurs, les travailleurs chassés de chez eux, par la misère ou la guerre, il est légitime de vouloir vivre en sécurité, avec un travail qui ne nous détruit pas, là où c’est possible, quitte à abandonner son pays. La légitimité de notre classe, des exploités, n’est pas celle de nos exploiteurs. La légitimité ouvrière, c’est de travailler, tous, moins et autrement, de circuler librement, d’être maître collectivement de notre avenir en ayant en main les moyens de travail et le pouvoir, d’échapper ainsi à l’insécurité permanente du capitalisme.

 

Dans la rue, les lycéens s’opposent à l’expulsion de Léonarda et de Khatchik. Ils ne font qu’exprimer cette légitimité qui est en contradiction avec le droit. Contre les gouvernements de droite et de gauche, pour qui le pouvoir n’est pas dans la rue, ils ont signifié à leur manière que la légitimité politique et sociale, c’est le peuple, les ouvriers, les exploités, qui la portent. Ils ont imposé à Hollande de faire, « par souci d’apaisement », un petit recul en acceptant le principe du retour de Leonarda en France, bien qu’il ait dit cette expulsion légale. Les exploités ne peuvent vaincre s’ils s’enferment dans la légalité bourgeoise. Il ne le peuvent qu’armés de la légitimité de leur combat en dépit de la loi. Que s’ils sont sourds au soi-disant réalisme réformiste qui est acceptation de l’état social actuel et de la concurrence qui nous divise. Les exploités doivent aussi tourner le dos aux tribuns de droite et de gauche qui disent parler pour eux. Face à une classe et à ses partis qui violent sans cesse nos dignités d’hommes et de femmes, il nous faut en revenir aux principes de la lutte révolutionnaire, qui étaient déjà ceux de la constitution révolutionnaire de 1793 : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ».

 

Voilà qui est encore d’actualité ! Mais le peuple, les ouvriers seraient disqualifiés. Le FN de Marine Le Pen s’en réclame, bien qu’en PACA ses élus ont été les seuls à refuser une motion de solidarité avec les travailleurs de Fralib. Ce discours sur les « ouvriers lepénistes » arrange le PS et la droite, pour qui seule un élite éclairée, petite-bourgeoise, mais au service du capital, peut garantir la démocratie et diriger le pays.

Alternative ouvrière !

Résister à contre-courant des idées dominantes qui ont un impact parmi les travailleurs les plus déstabilisés, affirmer la voie de la libération sociale, la construire collectivement, sans attendre qu’elle tombe du ciel toute prête. Résister sans s’en tenir aux luttes économiques. Faire vivre et pratiquer les valeurs authentiquement ouvrières de solidarité, d’internationalisme, d’indépendance politique, rejeter les solutions proposées par l’Etat bourgeois. C’est le sens de notre engagement à Voie prolétarienne.

Front républicain, front de nos ennemis de classe !
Travailler tous, moins, autrement !
Liberté de circulation et d’installation pour les exploités !
Solidarité et internationalisme ouvriers !

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