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Népal : Qui a dit qu’il n’y avait pas de révolution ?

Partisan N°269 - Novembre 2013

Bref compte-rendu sur la situation politique au Népal, par Peter Tobin, Katmandou, 4 septembre 2013.

Le 28 août, l’alliance des 33 partis dirigée par le nouveau parti communiste du Népal-maoïste (PCNm) a annoncé un programme de protestation visant le boycott et l’annulation de l’élection à l’Assemblée Constituante prévue pour le 19 novembre. Ce mouvement devrait commencer le 11 septembre et culminer par une grève générale les 25 et 26 septembre.
Le front des 4 partis qui soutiennent l’élection sont le Congrès Népalais (NC), les Marxistes-Léninistes Unifiés (UML), le Parti Communiste Unifié du Népal-maoïste (UCPNm), le Front Démocratique Madeshi Unifié (UDMF). (...)
Cette élection prévue est plus qu’un simple exercice électoral, c’est un choix crucial entre la réaction et le progrès, avec une gauche en marche pour une République démocratique et populaire, et une droite qui capitule devant un capitalisme compradore, féodal et bureaucratique. Et alors que les radicaux veulent un pays indépendant, souverain, libéré des traités inégaux et de l’expansionnisme indien, la droite est pour accepter le statu quo néocolonial et même approfondir la soumission du Népal comme Etat dominé.
La droite joue aussi cette élection comme un piège destiné à enfermer la gauche – qu’elle pense non préparée – et pour utiliser de toutes façons le moindre succès dans cette mascarade comme un mandat pour bloquer tout espoir de changement au Népal. Ils préféreraient continuer « à l’image du grand frère », l’Etat indien, comme un autre Etat capitaliste en faillite, tant que leur propre minorité et leurs intérêts de classe sont protégés. (...) L’arrogance des Brahmanes de New Dehli dans leur volonté d’exporter cette recette pour un échec et pour réellement l’imposer aux autres est tout-à-fait stupéfiante.

 

L’Inde est donc ouvertement comme secrètement impliquée dans la surveillance du processus électoral, de même que les autres forces de la réaction internationale, des USA à l’Europe, et de l’ONU à leur ribambelle de lèche-bottes, les ONG « hôtels 5 étoiles ». Même Jimmy Carter fait partie du scénario, le social-fascisme américain à visage humain. Mais pendant que les USA ont commencé à « égyptianiser » l’Armée Népalaise à coups de milliards de dollars, c’est toujours New Dehli qui prend les décisions politiques. A ce sujet, un journaliste radical a noté, dans un article du journal Kantipur, que le chef de l’agence extérieure du RAW (research and analysis wing – service indien, NDT) est venu à Katmandou pour former l’élite politique du Népal, de façon à ce que l’élection ait bien lieu le 19 novembre. (...)
Maintenant écoutez bien ce qui suit. Il a été comptabilisé pas moins de 25 000 Indiens, membres du RAW, dans la seule Katmandou ! Et ils ne sont pas là pour faire du tourisme himalayen. (...) Même l’appareil de répression de l’Etat qui, grâce aux USA et à l’Inde, est composé de 90 000 soldats et de 40 000 para-militaires, est en train de se préparer à « sécuriser » l’élection. Mieux encore, le non-démocratiquement nommé Premier ministre Regmi a annoncé aujourd’hui son objectif de recruter 50 000 policiers temporaires supplémentaires, ce qui permettrait de déployer pas moins de 100 000 agents de sécurité pour couvrir seulement 18 000 isoloirs.

 

Les maoïstes ont pris une position de principe, ils ont dit que, même s’ils sont préparés à vivre un boycott activement en raison de la manière dont se présentent les circonstances actuelles, ils sont cependant toujours prêts à poursuivre les discussions en cours pour résoudre la crise.
Mais le défi est clair, les lignes de classe sont claires ; au cours d’un rassemblement de masse du Bureau des Volontaires du Peuple (qui, si la situation l’exige, sera le noyau d’une nouvelle armée rouge), G.S. Thapa a dit qu’il y a 16 ans le parti avait déclenché la guerre populaire parce que le gouvernement de l’époque refusait de répondre à des revendications légitimes. Il a poursuivi :
« Nous ne reprendrons pas le maquis cette fois. Nous organiserons plutôt une agitation urbaine, une révolte populaire. » Précisant même qu’elle serait centrée sur la capitale et que la jeunesse énergique et engagée du parti était prête à combattre toute tentative de répression. Il a conclu : « Nous voulons empêcher notre pays de devenir un nouveau Sikkim. Boycotter l’élection prévue contribuera à déjouer toute tentative de sikkimisation ».
Ce boycott n’est pas une bataille contre la démocratie, c’est une bataille pour la démocratie et l’indépendance nationale. (...)

 

P.S. Une observation personnelle. J’ai été, bien sûr, impressionné par l’engagement, l’énergie et la discipline de ce cadre, mais ce qui m’a aussi frappé, c’est le sens aigü de la gaïté et de l’exubérance chez tous ceux que j’ai rencontrés. (...) Vraiment, camarades, nous vivons une grande époque.

 

Extrait de « Maoïst Revolution ». Traduction Partisan.

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