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ITER Cadarache : c’est ça, l’avenir ?

Partisan N°269 - Novembre 2013

Le chantier ITER (international thermonuclear experimental reactor) a pour objectif l’expérimentation de la fusion nucléaire. Le nucléaire a déjà pollué la planète pour des millions d’années, ce projet devrait permettre de continuer !
Le chantier est situé à 30 km au nord d’Aix-en-Provence, à Cadarache. Il va durer au moins 6 ou 7 ans, avec un budget de 10 milliards d’euros au départ, qui atteint maintenant 20 milliards. Y participent les pays les plus riches de l’Union Européenne, et la Russie, les USA, le Japon, l’Inde, la Chine, la Corée du Sud, le Brésil et le Kazakhstan. La France en tant que pays hôte doit apporter 40% du financement, dont 447 millions pour les collectivités locales.
Ce chantier illustre les nouvelles formes d’exploitation de la main-d’oeuvre : concurrence internationale, bas salaires, précarité, pressions de toutes sortes, vie de famille anéantie... Le projet a été vendu comme devant créer au moins 6000 emplois dans la région. En fait, 3000 à 3500 ouvriers doivent être embauchés, venant surtout des pays de l’Est – Pologne, Ukraine, Roumanie, avec des contrats de 3 mois, éventuellement renouvelables.

La collusion de l’Etat avec les capitalistes

Toutes les demandes des grandes entreprises, comme Vinci, qui a obtenu la maîtrise d’oeuvre, ou Razel, ont été satisfaites.
- Une convention a été passée avec l’URSSAF : pour les contrats limités à 3 mois, pas de cotisations obligatoires. Ce qui n’empêchera pas le MEDEF, ou le FN, de dire que ces travailleurs « profitent du modèle social français ».
- Le contrôleur de l’URSSAF doit prévenir un mois à l’avance de sa visite, et avoir un dossier en anglais. Rencontrer des ouvriers sur un chantier de 100 hectares, parlant des langues différentes, c’est mission impossible ! Comment empêcher le travail dissimulé dans ces conditions ?
- Même chose pour l’inspectrice du travail qui, en-dehors d’ITER, s’occupe de 25 000 travailleurs.
- Un ouvrier a été accidenté, mais tout de suite plus aucune trace de lui. Sous prétexte que le chantier est déclaré « international », le Code du travail français ne s’applique pas sauf en ce qui concerne les règles de sûreté nucléaire.
- Des logements ont été construits à Manosque pour les cadres, ingénieurs souvent étrangers, et un lycée international pour leurs enfants. Rien pour loger les 3500 ouvriers. Une dizaine de petites villes ont été sollicitées. Pour le moment, 780 ouvriers doivent être logés dans des mobil-homes à Saint-Aubain, à 50 km, d’autres sur un terrain de foot dans des algécos.

Que faire ?

Pour informer et pour dénoncer l’exploitation des travailleurs, leurs logements précaires, leurs salaires de misère, l’absence de sécurité sociale, les mesures discriminatoires, nous pouvons compter sur des militants de la CGT qui ont sonné l’alarme et sur d’autres structures, comme le CRIP (collectif de résistance et d’initiative populaire), qui commencent à se mobiliser.
Mais en face, d’autres forces espérent attiser la haine envers les travailleurs étrangers. Ainsi le responsable départemental du FN, à propos de la situation des travailleurs de l’ITER, a déclaré : « ça ne me dérange pas ». Pour lui, c’est une occasion rêvée de dresser les travailleurs les uns contre les autres, faire passer les ouvriers victimes de surexploitation pour les responsables du chômage, et propager son chauvinisme au service de la grande bourgeoisie, en s’appuyant sur la misère des travailleurs locaux.
Malheureusement le FN n’est pas critiqué sur le fond. Rares sont ceux qui pensent comme nous qu’il faut prendre en compte l’intérêt de l’ensemble de la classe ouvrière. Ainsi une représentante du Front de Gauche au Conseil Régional de Provence-Côte d’Azur : « Penser à privilégier le recrutement local, régional, est une évidence et une nécessité, en particulier du fait du chômage élevé et des difficultés du BTP... les grands décideurs d’ITER ont négligé ce choix... ».

Nous voulons tout changer

Pour aborder cette nouvelle période où le système capitaliste en crise intensifie l’exploitation à l’échelle mondiale, on ne pourra pas de contenter de la routine. Nous devons contribuer à développer
- 1. la solidarité entre travailleurs quelle que soit leur origine,
- 2 . la solidarité entre la population locale, ses organisations comme ses syndicats, le CRIP, etc, et ces travailleurs.
Pour défendre quoi ? A la fois les travailleurs « détachés », ou pas ; pour faire embaucher des ouvriers de la région ; et en même temps continuer de lutter contre le nucléaire. Avoir comme orientation les intérêts ouvriers – oui, quelle que soit leur origine. Un programme qui illustre la société que nous voulons construire à la place du capitalisme pourrissant.

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