Militer > De Mitterand à Hollande, le PS au pouvoir. Ce que nous disions déjà... en 1982
De Mitterand à Hollande, le PS au pouvoir. Ce que nous disions déjà... en 1982
1 an après que la victoire de la gauche PS et PC en 1981, Voie Prolétarienne faisait un tract bilan des mesures prises. Ce tract visait à lutter contre les illusions sur le gouvernement de gauche. A cette époque, une majorité des travailleurs pensaient encore que ce gouvernement leur était plus ou moins favorable. Ces illusions étaient souvent portées par des militants politiques ou syndicaux PS ou PC, mais aussi par des militants plus radicaux qui proposaient de lutter mais pour pousser le gouvernement à prendre des mesures contre les patrons. Il n’en sera rien. Il y eu en 1982 les grèves pour la dignités des travailleurs immigrés à Talbot-Poissy et à Aulnay. Mais, le PS continuant la politique du capital avec l’appui du PC, servira plutôt à démobiliser les travailleurs. Le tract expliquait qu’il n’y avait rien à espérer de ce gouvernement, qu’il fallait être à contre-courant et que nous ne devions compter que sur nos propres forces. Comme aujourd’hui...
TOUT NE PEUT PAS CHANGER EN UN JOUR... ET EN 365 ?
Mai 82, on est bien obligé de faire un bilan du « changement » ; sinon qui osera le faire ? Le PS et le PCF sont satisfaits d’eux mêmes : ils ont prouvé à tous leurs détracteurs de droite qu’ils étaient parfaitement capables de gouverner comme la droite. Et cela leur suffit. Et c’est vrai que la droite est malhonnête de critiquer le gouvernement.
Plus ça change, plus c’est pareil !
Sur la réduction du temps de travail : le PS et le PC ne font qu’appliquer le « Rapport Giraudet » fait sous Giscard, et qui prévoyait de lier toute diminution du temps de travail à la hausse de la productivité. C’est à dire de ne donner presque rien aux travailleurs en échange de beaucoup : horaires à la merci du patron, équipes en tous genres, travail du week-end, hausses des cadences, suppression des pauses acquises, etc... l’ordonnance sur les 39 heures, c’est Giscard et Barre qui l’ont inventée...
Sur l’armée et les exportations d’armes, rien ne bouge : le service militaire à 6 mois ? Les généraux n’en veulent pas. Ah bon. L’Afrique du Sud, les émirs, les généraux sud-américains, l’Inde, ont besoin d’armes pour écraser les peuples affamés. On leur en vend. On entretient des bases militaires en Afrique. Pour l’emploi dit-on. Un jour, il faudra bien s’en servir, pour continuer à vendre. Pour l’emploi rien de tel : après les millions de morts de la deuxième guerre mondiale, les destructions massives immenses des villes et des campagnes, l’économie es bien repartie, les chômeurs étaient au cimetière.
Messieurs du PS et du PC, pourquoi arrêter votre raisonnement en chemin ?
Sur l’immigration : le droit de vote pour les ouvriers immigrés et l’égalité des droits en général, il n’en est pas question. La régularisation de tous les sans-papiers, il n’en est plus question. Le gouvernement annonce 50 000 expulsions. Même la droite n’a jamais osé le dire comme ça, elle se contentait de la faire.
Pour les flics : des moyens, les contrôles d’identité légalisés. Officiellement ils n’auront pas le droit de tirer sur tout ce qui bouge, mais quand on sait que le ministre de la police est pour, ça encourage les initiatives.
La hiérarchie policière est rassurée ! Enfin quelqu’un qui est satisfait du changement.
Pour les femmes : le « temps partiel », et l’autre partie du temps à la cuisine. Hausse générale des tarifs et toujours pénurie de crèches. Et le tour est joué ! Ce que la droite voulait faire, le retour des femmes au foyer, le renforcement de l’esclavage domestique, c’est la gauche qui le réalise. Et pour amuser la galerie, une « loi anti-sexiste », aussi efficace que la loi anti-raciste de 1972.
On pourrait parler des nationalisations - « comme De Gaulle » disent-ils à ceux qui les critiquent – oui, comme De Gaulle, ni plus, ni moins. Des salaires : il faut partager la pénurie entre travailleurs dit E Maire (dirigeant de la CFDT) (et Mauroy premier ministre). L’ex-ministre Fourcade (giscardien) l’approuve et dit qu’il l’a toujours dit. C’est vrai !
« Le PS vire à droite » disait le PCF. Certains militants et électeurs du PS n’en croyaient pas un mot. Aujourd’hui c’est le choc de la réalité ! Les militants et sympathisants du PC eux le croyaient plus ou moins. Aujourd’hui quelques uns sans doute s’aperçoivent que la voiture a bien viré à droite et fonce dans la ligne droite Mais que le PCF est dans la remorque. Et une remorque ça n’a que deux roues pas de moteur.
La faute à qui ?
Comment la gouvernement a-t-il expliqué son bilan ? On a d’abord eu droit à l’ « héritage » giscardien. Ensuite, on a parlé de « sabotage des patrons ». puis on a parlé de la « crise », que voulez-vous, ça existe.
Mais qui donc a bourré le mou pendant des années en disant que « la politique giscardienne était responsable de la crise », « qu’une autre politique améliorerait la situation », « votez pour nous et nous ferons le reste » ? qui donc, sinon le PC et le PS a prétendu que ce régime était REFORMABLE, pour peu que des gens compétents et de « gauche" s’installent dans les fauteuils rembourrés de l’État ?
Les voilà maintenant accusant les masses de leur propre lâcheté et de leur trahison : « si rien ne bouge, c’est la faute aux travailleurs qui ne sont pas assez mobilisés » !
– qui donc a organisé une négociation branche par branche sur la diminution du temps de travail, afin de diviser la classe ouvrière en autant de corporations ?
– qui donc n’a donné aucuns droits démocratiques aux ouvriers à l’usine, pour réserver quelques strapontins supplémentaires à un appareil syndical bureaucratisé comme jamais ?
– qui donc envoie les flics contre la mobilisation nanti-nucléaire à CHOOZ, contre les ouvriers en grève avec occupation, et qui donc a pris une raclée aux élections professionnelles de Renault-Billancourt pour avoir brisé la mobilisation véritable des ouvriers ?
– qui donc critique la CFDT et FO lorsqu’ils signent des accords pourris, mais ne lève pas le petit doigt pour lutter ? Qui parle de mobilisation et qui mobilise ?
Peut être avons nous mal compris nos responsables syndicaux : sans doute veulent-ils parler d’une MOBILISATION POUR LA PRODUCTION ?
Le réveil va sonner
Nous savons bien que ce n’est pas facile de réagir. Le mouvement ouvrier a perdu beaucoup d’illusions. D’abord des illusions sur le « changement », le « socialisme" de Brejnev et Jaruzelski, personne n’en veut plus. Le « socialisme » de Mitterrand c’est celui de Giscard, il le prouve tous les jours. Il nous faut retrouver une voie révolutionnaire qui s’attaque vraiment au capitalisme, qui ne mette pas les fonctionnaires à la place des patrons et des patrons à la place des fonctionnaires. Il faut mettre au centre de nos objectifs la lutte contre la séparation entre une masse de travailleurs sans maîtrise de leur vie et de leur travail, et une minorité de propriétaires du savoir et du pouvoir. Lutter contre la partage des misères pour les uns et le partage des richesses pour les autres.
Il faut aussi frayer une voir concrète à un redressement des forces ouvrières désorientées, déçues, divisées. Nous ne pouvons pas compter sur un mouvement de lutte au niveau national, car ceux qui ont la force de l’organiser (les partis et syndicats de gauche) ne veulent pas ni ne peuvent l’organiser sur des objectifs réellement ouvriers. Tout au plus peuvent-ils essayer d’encadrer des troupes pour soutenir leur patrie capitaliste, la compétitivité de leurs patrons, la stabilité de leurs ministres.
Il nous faut donc organiser la résistance à la base, contre les mesures patronales et gouvernementales. Y gagner des forces pour aller plus loin, y débattre aussi de l’avenir. Les mouvements sur les 39 heures, les luttes des immigrés sans papiers, Flins et Citroen, autant d’actes de résistance à développer.
– CONTRE L’AMÉNAGEMENT PATRONAL DU TEMPS DE TRAVAIL OUVRIER.
– POUR LES 35 H AVEC EMBAUCHE OBLIGATOIRE ET BAISSE DES CADENCES ;
– POUR LA RÉGULARISATION DE TOUS LES SANS PAPIERS.
– CONTRE TOUT CONTRÔLE DE L’IMMIGRATION POUR L’ÉGALITÉ DE TOUS LES DROITS.
– POUR LES DROITS DÉMOCRATIQUES A L’INTÉRIEUR DES USINES ET DES BUREAUX (presse, affichage, réunion, association...)
– CONTRE LE TEMPS DE TRAVAIL PARTIEL L’INTÉRIM LES CONTRATS PRÉCAIRES.
