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Helios Gomez : la révolution graphique (1905-1956)

Partisan N°276 - été 2014

Le Museu Memorial de l’Exili de la Junquera (nord-est de l’Espagne) expose, du 12 juillet au 15 octobre 2014, des dessins politiques du graphiste rebelle Helios Gómez. La Jonquera, couloir des grands flux estivaux et frontière par laquelle la majorité des 500.000 exilés espagnols avaient fuit l’armée franquiste en février 1939.
Helios Gomez naît en 1905 dans une famille gitane, ouvrière, politisée. Dans la Séville combattive des journaliers agricoles, dockers, artisans, employés et travailleurs des fabriques, taxée de bolchévique par le patronat national et les compagnies étrangères. Apprenti peintre sur céramique à 13 ans, dans le quartier industrieux gitan et payo (non gitan) de Triana ; affilié dès 1923 à la plus importante force ouvrière d’Andalousie, le syndicat anarchiste de la CNT (Confederación Nacional del Trabajo)...

 

Il rejoint un activisme très marqué en Catalogne, oublié de l’histoire et des grands partis : militant de la FCCB, la Federació Comunista Catalano-Balears (Fédération communiste catalano-baléare), organisation communiste catalane en lien avec l’anarchosyndicalisme et dissidente du Parti communiste. Puis il adhère au Parti communiste espagnol, très minoritaire aux débuts de la Seconde République, et y milite aux côtés d’anciens compagnons sévillans.
Libre et autonome, antidogmatique, partisan de remise en question permanente et de positionnements critiques, les politiques lui reprochent son insoumission : fin 1930 il est expulsé de la FCCB, dont il illustre et maquette journaux et revues, expulsé d’URSS où il a émigré en 1932-1933, expulsé du PCE en 1937 ; il rejoindra la 26ème Division (division Durruti), où il imprimera jusqu’au bout le journal du bataillon El Frente (Le Front).
Des camps des Pyrénées, il est déporté avec les convois d’espagnols fichés comme agitateurs vers les terribles camps de travail de l’Algérie française (Djelfa, 1940-1942). Dont il ne réchappe que pour être renvoyé dans les geôles franquistes. Il n’en sortira que très malade, élimination silencieuse venant s’ajouter à celle des 1.618 prisonniers exécutés sur place entre 1939 et 1955. Il meurt deux ans après sa libération, à 51 ans.
Mignot Gómez.
Ouvrage collectif : Helios Gómez. La révolution graphique, ACHG/Association Mémoire Graphique, Barcelone, 2013.

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