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Disparition programmée de la maternelle, suppressions de postes, Les parents se rebellent

Partisan N°225 - Février 2009

Pour supprimer des postes d’enseignants (11 000 en 2008 - 2009, 13 500 à la rentrée prochaine, 90 000 en 5 ans), il faut limiter la scolarisation. Suppression de 2 h de cours en primaire, disparition des RASED (Réseaux d’aide spécialisés pour les enfants en difficulté, constitués d’enseignants spécialisés, qui prennent en charge les élèves ayant de grandes difficultés à l’école maternelle et primaire), et suppression de la scolarité entre 2 et 3 ans dans les quartiers populaires : ces mesures sont déjà en cours d’application. A moyen terme, c’est la scolarisation dans les écoles maternelles qui est menacée.

Conséquences pour les enfants des quartiers populaires

En remplaçant l’école maternelle par des « jardins d’éveil » payants et à la charge des municipalités, ou par des écoles privées, le gouvernement sacrifie l’accès à une scolarité normale pour les enfants des ouvriers et prolétaires. En effet, l’école maternelle est le lieu d’apprentissage non seulement de la vie collective et des règles de communication, mais aussi du langage et de plein d’autres connaissances. Tous les parents savent bien tout ce qu’apprennent leurs enfants à l’école ! Déjà que les jeunes des classes populaires sont exclus des études supérieures dès le collège ou le lycée, maintenant on veut même les priver des apprentissages de base indispensables à l’école maternelle et primaire !
De plus, les femmes ont très vite compris qu’avec ces réformes, elles sont elles aussi directement visées. Condamnées à garder les enfants à la maison jusqu’à l’âge de 4 ou 5 ans, leur retour à la vie professionnelle est gravement remis en cause.

La colère s’organise, les femmes sont à l’avant-poste

Au départ, ce sont les enseignants qui ont alerté les parents. Nous avons alors commencé à faire des réunions, puis des blocages d’écoles, des manifs. Un collectif informel s’est constitué, avec les parents les plus mobilisés de toutes les écoles du quartier et nous avons pris beaucoup de temps pour informer tous les parents des réformes en cours et des conséquences. Au début ils refusaient d’y croire, c’est trop gros. Puis lorsqu’ils se sont rendus à l’évidence, c’est la révolte qui a pris le dessus : « on veut encore plus sacrifier l’avenir de nos gosses ! »
Ce sont surtout des femmes qui participent au mouvement, puisque ce sont souvent elles qui suivent la scolarité des enfants, qui les emmènent à l’école, qui se sentent concernées par ces questions. Pour la plupart, c’est la première fois qu’elles osent dire publiquement et collectivement ce qu’elles pensent, qu’elles manifestent. Même celles qui ne parlent pas très bien le français n’ont pas peur d’affronter l’inspecteur qui est obligé de venir à chaque blocage d’école. Elles se retouvent souvent aussi à affronter leurs maris, qui sont confrontés aux licenciements ou au chômage technique, et ont du mal à accepter qu’elles passent autant de temps dans l’action à l’école, même s’ils sont d’accord sur le fond.
Les relations entre enseignants et parents ont aussi été complètement bousculées : dans le mouvement on est sur un pied d’égalité, et la déférence envers l’instit qu’ont les parents dans la classe disparaît dans les réunions ou dans les actions, ou chacun apporte ses idées, enrichies et mises en oeuvre collectivement.
Les parents font connaissance, débattent, créent de nouvelles solidarités. Toute la vie sociale du quartier évolue dans le mouvement, chacun sort de sa coquille, on discute de l’éducation des enfants, de la société, de politique.
Avec ce mouvement, l’école n’est plus la préoccupation des seuls enseignants, c’est l’affaire de tous, contre le gouvernement qui, de la maternelle à l’université, n’a aucun scrupule à jeter hors de l’école les enfants des prolétaires.

Militants VP

Darcos a reculé, Restons mobilisés

Darcos, ministre de l’Education, a annoncé le retrait provisoire de son plan de restructuration des lycées. Il faut dire que, pour Darcos, ça commençait à chauffer, après une quinzaine de jours d’intenses mobilisations lycéennes.

Le 18 décembre, 150 000 lycéens, parents et enseignants défilent dans les rues de France demandant le retrait de son projet. Darcos déclarait encore qu’il « ne changerait rien à l’objectif de la réforme », c’est-à-dire à la suppression de milliers de postes, et avait annoncé aussi qu’il « ne serait pas le ministre de l’hésitation nationale ». Mais l’appareil d’Etat, devant la radicalisation des lycéens et des enseignants, a pris peur. Le gouvernement pense au mouvement anti-CPE en 2006, quand il avait dû reculer, et ce bien que la loi ait été votée, et aussi à la révolte des banlieues de 2005.
Les lycéens et les étudiants grecs se révoltaient au même moment contre l’assassinat d’un des leurs par la police. Tous les jeunes, que ce soit en France, en Italie ou en Grèce, à qui on avait dit que les études donneraient un emploi, se rendent compte qu’il n’y aura rien derrière ces promesses, si ce n’est des boulots sous-payés. Alors pas de travail à la clef, des conditions d’études dégradées, c’en est trop.
Si après avoir participé aux discussions avec Darcos, les syndicats lycéens, UNL et FIDL ont mobilisé, la situation des lycées pro est peu évoquée. Pourtant, le Bac technologie va probablement disparaître. Avec la liquidation du BEP, le Bac pro va passer de 4 à 3 ans. Et la formation dans les lycées pro va passer de plus en plus par les entreprises. La liquidation de
11 200 postes d’enseignants à la rentrée 2008, la suppression de 180 heures de cours en seconde, le Bac national remplacé par un parcours modulaire individualisé, tous ces éléments furent pour les lycéens le signe que leur futur Bac n’aura plus de valeur, et que seul le Bac dans les départements les plus cotés serait recherché.
C’est une révolte contre un avenir bouché, avec encore moins de professeurs, moins d’heures de cours, et moins de disciplines enseignées. Cette contre-réforme n’est pas entièrement passée, mais les lycéens les plus mobilisés ne sont pas dupes, eux qui ont écrit sur la banderole des manifestations : « Reporter n’est pas retirer ! » et criaient « Résistance ! ».
Le capitalisme marche sur un volcan, la jeunesse refuse ce présent sans avenir.

Valentin

• Retrait total de la réforme Darcos
• Aucune suppression de poste
• Amnistie pour les lycéens en lutte réprimés
• Participons aux manifestations du 29 janvier
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