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Unité des travailleurs contre la loi Sarkozy

Editorial de Partisan n°204 (été 2006)

- PILLAGE DE L’AFRIQUE

Nicolas Sarkozy s’est empressé d’aller expliquer la loi aux gouvernements africains, alors que la cham- bre des députés venait juste de la voter en première lecture. Il a été reçu par des manifestations au Mali. Visite provocation. Il n’a pas craint d’affirmer que « nous n’avons pas besoin de l’Afrique ».
Ainsi, l’impérialisme français n’aurait pas besoin de l’or (BOUYGUES) et de du coton du Mali, de l’uranium du Niger (COGEMA), du pétrole du Tchad, du Gabon et du Congo (TOTAL). Ce serait donc pour le bien des Africains que la France entretiendrait des troupes en Afrique et y soutiendrait des gouvernements menacés, comme dernièrement au Tchad.
Est-ce pour le bien de l’Afrique que la France organise maintenant une immigration dite « choi- sie », qui vise à capter les compétences africaines, qui sans cela pourraient aller renforcer les USA  ? Aujourd’hui les « cerveaux », toujours les « bras », hier les soldats. L’impérialisme français pourrait se passer de l’Afrique, mais non du travail et du sang des Africains et des ressources de leurs pays !

- OÙ EST LE PROBLÈME ?
Pourtant, les motivations de cette loi sont bien plus politiques qu’économiques. La bourgeoisie française n’a pas besoin d’une loi nouvelle pour piller l’Afrique. Mais, en France, elle a besoin d’agiter « le problème de l’immigration » pour consolider une domination politique ébranlée par le Non du 29 mai 2005, par son recul devant les mobilisations du CPE. La loi était en prépa- ration depuis longtemps, car dès l’après-référendum se dessinait ce tournant réactionnaire anti-immigré.
C’est une entreprise de diversion politique et idéologique, face aux problèmes qui touchent tous les travailleurs, et une attaque immédiate bien réelle contre les droits et les conditions de vie d’une partie d’entre nous. Qui peut penser que mettre de nouveaux obstacles au regroupement familial et à l’aspiration de nos camarades immi- grés à vivre en famille ici résoudra en quoi que se soit les problèmes des travailleurs ? Qui peut penser que supprimer la possibilité de la régula- risation après 10 ans de présence en France réduira le chômage ? Que dire des difficultés mises à l’obtention d’une carte de séjour, ou de la naturalisation ?

- LE CHAUVINISME DIVISE

Comme toujours en période de crise et de diffi- cultés, la bourgeoisie cherche une nouvelle légi- timité en détournant la colère vers des boucs émissaires, ou en posant comme problème des choses qui n’en sont pas. Les immigrés ne sont pas « le problème ». Comme tous les travailleurs, ils sont les victimes de notre principal « problème » qui est l’exploitation. Bien sûr ce discours de la bourgeoisie s’adresse avant tout aux couches petites bourgeoises — agriculteurs, artisans,... - qui sont ses alliés « naturels », que la crise désta- bilise et qui ont porté un Non chauvin au réfé- rendum du 29 mai 2005. Mais il serait dangereux de penser que ce discours et ces mesures n’ont pas de conséquences dans la classe ouvrière. Le chauvinisme y existe, et s’il ne s’y exprime pas violemment, il suffit à nourrir la méfiance entre travailleurs et à affaiblir la classe ouvrière.
De plus, il n’y a pas que le discours et l’idéologie qui nous affaiblit, il y a le renforcement de la répression, et de la précarité d’une partie d’entre- nous qui, parce qu’immigrée, voit ses droits de travailleurs déjà contestés, encore réduits. Une immigration jetable, ce sont des travailleurs jetables, et tous les travailleurs encore plus précaires.
Machines de répression d’une partie d’entre nous, campagne d’intoxication idéologique, ces mesures et cette loi ont pour objectif l’affaiblissement de la classe ouvrière, alors même que nous redressons la tête. L’unité est notre force. Défendons-la, en luttant contre ces lois scélérates.
Construisons notre unité fraternelle, dans la lutte contre la bourgeoisie. Construisons notre unité en nous rassemblant dans les mêmes organisations. Construisons notre unité, pour nous défendre aujourd’hui, mais aussi en nous organisant en Parti révolutionnaire pour supprimer ce qui est le vrai problème pour nous, travailleurs de tous pays : le capitalisme, l’impérialisme et leur exploitation.

A lire dans Partisan 204

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