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Riposter ? Oui, mais pour aller où ?

Editorial de Partisan N°193 (mars 2005)

Les manifestations se succèdent avec succès : travailleurs de l’Etat les 18, 19 et 20 janvier, secteur public et secteur privé ensemble le 5 février et à nouveau le 10 mars. Des lycéens en colère, des mal-logés qui protestent, des sans-papiers qui occupent... La lutte des classes s’aiguise. En face, patrons, gouvernements, le camp de la bourgeoisie est unifié. Ils s’attaquent à 50 ans d’acquis sociaux, méthodiquement en prenant un sujet après l’autre. Leur objectif général est d’ajuster exactement la main-d’oeuvre, et plus généralement toute la société, aux besoins de l’accumulation du capital.

- FAIRE BAISSER LE COUT DU TRAVAIL
La suppression du lundi de Pentecôte, l’augmentation de la durée du temps de travail, la réduction du coût des heures supplémentaires ont une logique : faire baisser le coût de la main-d’oeuvre. C’est aussi ce qui explique la répression des sans-papiers et la menace de leur expulsion : la bourgeoisie veut leur faire accepter les pires conditions de vie et de travail. La directive européenne, dite de Bolkestein, a aussi ce but : égaliser par le bas les conditions de travail et de rémunération en généralisant celles des pays où elles sont le plus défavorables pour les travailleurs.

- SUPPRIMER LES SERVICES PUBLICS
Faire baisser le coût du travail, c’est aussi casser le statut des fonctionnaires. La décentralisation va en ce sens : 100 000 employés de l’Education Nationale sont transférés aux municipalités ou aux départements. Cela annonce la sous-traitance, le transfert au privé et la précarisation. L’attaque contre les travailleurs de l’Etat a aussi un autre but : faire des "services publics" des secteurs d’accumulation du capital comme les autres. Ces soi-disant "services publics" ont toujours servi de vaches à lait pour les grandes entreprises privées.Mais la bourgeoisie veut aller plus loin. Supprimer ce qui reste du caractère collectif et plus ou moins égalitaire. Nous payerons de plus en plus cher pour un service de plus en plus incertain :trains privés, services postaux privés, écoles privées...

- UNE ECOLE AU SERVICE DU CAPITAL
Dans ce cadre, la loi Fillon pousse un peu plus le bouchon vers l’objectif voulu par la bourgeoisie : des établissements scolaires autonomes, fonctionnant comme des entreprises et employant un personnel à moindre coût.
Mais l’école est aussi chargée de reproduire les classes sociales. L’égalité des chances est un leurre. La bourgeoisie organise l’échec scolaire car elle en a besoin pour alimenter de millions de personnes ceux qui formeront la masse des travailleurs dans ses entreprises. Et puis, étant donné l’importance du chômage, autant le faire à moindre coût en réduisant autant que possible l’enseignement au minimum utile : manier le français, les chiffres, l’ordinateur et avoir accès à l’anglais. Le reste sera un supplément, contrôlé directement par les entreprises dans les collèges et les lycées. Les lois sécuritaires complètent le tableau pour imposer l’ordre dans les collèges et lycées peuplés d’enfants de travailleurs.

- OÙ ALLONS-NOUS ?
Après le 10 mars, nous n’avons aucune idée de ce que sera la suite et des objectifs à se fixer. Il apparaît seulement que les directions des grands syndicats n’ont aucune intention de construire vraiment le rapport de force pour répondre aux attaques. Quant à l’issue politique, il n’y en a pas. La seule chose qui commence à unifier tous ceux qui protestent, c’est le Non au traité constitutionnel européen.
Bien sûr, nous voterons Non. Mais cela ne changera pas vraiment le rapport des forces et freinera à peine la construction de l’Europe impérialiste.

- CONSTRUIRE NOTRE PROJET ET ORGANISER NOS FORCES
Si nous n’avons pas de but, nous ne risquons pas de l’atteindre.Il faut savoir quelle société nous voulons et reconstruire un projet politique communiste qui nous donne des objectifs, des moyens et le chemin qui mène à la prise du pouvoir.

Comptons sur nos propres forces.
L’anticapitalisme croissant doit nous amener à tisser des liens entre collectifs de lutte, entre sections syndicales, associations de lutte sur divers fronts,etc. Au niveau national, comme au niveau international, discutons de l’Europe, du monde que nous voulons. Il nous faut construire une riposte collective pour en finir avec cette société d’exploitation et de misère.

A lire dans Partisan 193 :

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