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A notre camarade
Partisan N°93 - Octobre 1994
Notre camarade péruvien, Juan, est décédé après deux ans de lutte contre le SIDA
Sa vie durant, il combattit tant au Pérou qu’en France, aux côtés du prolétariat et du peuple contre les exploiteurs et pour la Révolution.
C’est à un combattant révolutionnaire que nous rendons hommage.
Au Pérou, Juan est ouvrier et il participe aux côtés de la classe ouvrière péruvienne à la lutte syndicale et politique notamment, contre la dictature militaire. Il travaille de 1971 à 1976 à Philips à Lima comme ouvrier dans les ateliers de montage. D’abord militant syndical de la CGTP (Confédération Générale des Travailleurs Péruviens - pro soviétique). Il rejoint le CCUSC (Comité de Coordination et d’Unification Syndicale Classiste) et devient dirigeant de la fédération de "Carretera Central", une des principales zones industrielles de Lima. Le 19 juillet 1976, il organise la lutte dans son usine lors de la grande grève générale contre la dictature militaire. Suite à ce mouvement qui a mobilisé des millions de travailleurs péruviens, il est licencié avec 5 000 ouvriers ayant participé à la grève.
Quelques années plus tard, poussé par la misère, Juan va travailler dans une mine du centre du Pérou à 4800 m d’altitude où 1 500 mineurs surexploités, sous-alimentés travaillent par 300 mètres de fond pour extraire l’or, l’argent, le cuivre. Ce sont des années d’un véritable enfer que Juan a partagé avec les mineurs. Le froid, la faim, la promiscuité des baraquements où l’on s’entasse, les "accidents" au fond, sont leur lot quotidien, malgré le haut niveau d’organisation des travailleurs dans laquelle il était partie prenante. Epuisé, anémié, il quitte la mine en 82 suite à une hospitalisation au cours de laquelle il subira une transfusion de sang.
En 1984, arrivé en France, poussé à l’exil par la répression politique et par la misère économique, il vit la vie des dizaines de milliers d’ouvriers, de militants, ballotés d’un pays à un autre au gré des situations politiques et des combats révolutionnaires. Mais s’exiler pour Juan n’est pas déserter la lutte prolétarienne. A la mine dans les Andes, à l’usine de Lima, Juan s’est battu. En France, il continue à se battre. D’une multinationale (Philips à Lima) à une autre (Coca cola en France) Juan, ouvrier communiste, discute, écoute, organise ses camarades.
L’internationalisme prolétarien pour Juan, c’est partout où l’on est, lutter pour un monde meilleur avec ses frères exploités. Il rejoint en 1987, l’OCML-VP, contribue largement à organiser un groupe militant. Il participe au soutien aux travailleurs kurdes et à la guerre populaire au Pérou. Ses idées révolutionnaires, il essaie de les faire vivre et son idéal communiste, de le faire partager. Dans les cités où il travaille, Juan est devenu une référence pour beaucoup de jeunes.
Pour tous ceux qui l’ont connu, la disparition de Juan est douloureuse. Juan s’est accroché à la vie avec la même énergie qu’il a développée dans sa lutte révolutionnaire. Juan, c’était la pratique comme critère de vérité, un comportement communiste jusqu’au bout de ses principes, l’internationalisme, l’amour de la vie, la rigueur dans le travail, la foi en son peuple et la Révolution. Il nous laisse un exemple de lutte et de courage. Il nous laisse aussi un vide que nous ne pourrons pas remplir.
Continuer ton combat qui est le nôtre aussi est la meilleure façon de te rendre hommage.
Nos pensées et notre affection accompagnent également ton fils et ta compagne.
Vive l’internationalisme prolétarien !