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Quel respect de la santé des femmes ?

Les luttes de femmes depuis les années 1970 ont permis de réels progrès. Légalisé en 1975, l’IVG est désormais un droit, de même que l’accès à la contraception. Il faut savoir que presque une femme sur deux aura recours à l’IVG dans son parcours de vie. Il ne s’agit donc pas d’une question marginale ! Pourtant, un bilan du Planning familial du département 93 nous révèle toutes les difficultés que les femmes rencontrent.
Tout d’abord, la parole des femmes n’est pas suffisamment écoutée, or, pratiquer une IVG, cela n’est pas toujours évident, car la femme décidée à avorter est confrontée à un parcours difficile : les délais de rendez-vous (essentiel pour cet acte limité à 12 semaines de grossesse), le choix de la méthode, le coût, le suivi psychologique et médical avant et après, et enfin, pour les mineures, la garantie d’anonymat.
Le mouvement du Planning familial, qui accueille et accompagne les femmes désirant pratiquer une IVG, dénonce les incohérences et inégalités d’accès aux soins que subissent les femmes selon la région où elles vivent (quelle offre publique en hôpital ou en ville ?). Le recul et la fermeture de sites rendent ce droit essentiel plus difficile à pratiquer : trois sites ont fermé en Seine Saint Denis entre 2008 et 2011 alors qu’une femme sur 4 dans le 93 a besoin de recourir à une IVG !
La contradiction de notre système de santé entre une offre réputée « pour tous/toutes » et l’accélération d’une médecine pour le profit éclate en plein jour : la tarification à l’acte fait que les structures hospitalières sont de moins en moins intéressées par la pratique d’IVG. La logique de gestion de l’hôpital comme une entreprise se confirme. L’IVG est un acte qui ne rapporte pas, il n’y a pas d’intérêt à le développer, la santé des femmes est bien le dernier des soucis !
Pénalisées en premier, bien sûr, les femmes sous-informées (les migrantes), les mineures qui doivent absolument voir l’anonymat respecté, alors que la médecine en ville ou les cliniques privées ne le garantissent pas, les étudiantes sans mutuelle, puisque les actes complémentaires ne sont pas remboursés dans le « forfait IVG » : échographie, prise de sang..
Une médecine de classe qui continue donc à faire des ravages sur la santé des femmes malgré les proclamations du ministère des droits des femmes. Non, Nadjet et Marisol, les femmes n’abandonneront pas le combat pour une égalité réelle d’accès aux soins ! Pour un remboursement à 100% quelle que soit la région, la méthode choisie ! Pour un forfait IVG étendu à l’ensemble des soins complémentaires ! Pour une revalorisation de cet acte, des indemnités des médecins le pratiquant. Pour la réouverture de sites publics d’accès à l’IVG dans des délais qui ne nous ramènent ni aux pratiques clandestines, ni à l’obligation de voyages à l’étranger d’avant la légalisation de l’IVG !

 

B.C.

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