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Contre la violence du capital, légitime défense !

Edito de Partisan n°264 - avril 2013

Après les bagarres des Goodyear contre les CRS devant le siège de la société à Rueil-Malmaison, Manuel Valls a décidé d’engager des poursuites contre les ouvriers qui ont « agressé des policiers ». Ce socialiste, ministre de l’Intérieur, ministre de la répression policière, tient bien son rôle : le regard dur et le menton en avant. Mais ce qu’il dit et fait ne doit rien à son caractère. Dans la division gouvernementale du travail, il joue le rôle du « méchant » à coté d’un premier ministre et d’un Président qui la jouent, en apparence, plus en douceur. Mais, il exécute la politique décidée par un gouvernement vigilant défenseur des intérêts du capitalisme français dans la guerre économique que la crise accentue.

Leur violence contre nos vies

Le gouvernement et la grande majorité de la presse écrite ou audiovisuelle, contrôlée par de grands groupes financiers, crachent sur les ouvriers de Goodyear. Ils seraient responsables de la fermeture de leur usine. Pour « sauver leurs emplois », ils auraient dû accepter les 4 x 8, et sacrifier leurs conditions de vie à des promesses qui n’ont jamais engagé les patrons. Les Contis en ont fait l’expérience. On a vu ensuite le sérieux de la reprise de Goodyear Amiens par Titan. Pour Hollande, en dépit de ses discours de campagne, si ça va mal pour le capitalisme français, faute en est aux ouvriers : trop payés, ne travaillant pas assez, pas assez flexibles, trop protégés. Voila pourquoi le gouvernement traduit en loi l’accord interprofessionnel de janvier, contre lequel nous avons manifesté le 5 mars. Voilà pourquoi Montebourg dit « équilibré » l’accord, signé entre Renault et les syndicats CGC, CFDT et FO, qui impose flexibilité, blocage des salaires, suppression de milliers d’emplois et augmentation du temps de travail.

 

Pour le PS et son gouvernement, pour le MEDEF et les patrons, il y a de « bons syndicats », de « bons ouvriers », ceux « responsables » qui acceptent de sacrifier nos intérêts, nos conditions de vie, notre avenir et celui de nos enfants, à l’avenir incertain des entreprises. Tous ces accords ont été signés autour d’une table, dans le calme, entre des « partenaires », mais ils sont imposés sous la menace du licenciement. Le choix proposé aux ouvriers par les bourgeois, gouvernement ou patrons : plus exploités, ou chômeurs ; mourir du choléra ou de la peste ! Ces accords sont pour nous d’une extrême violence : nos vies, déjà précaires, qui sont sacrifiées un peu plus. Violence de l’exploitation exacerbée par la crise, du travail qui use et tue, et du chômage qui fait le même. Qui, au PS, qui, dans la presse, s’insurge contre cela ? Non, tous préfèrent parler de croissance, de créations d’emplois, comme si le capitalisme pouvait fonctionner autrement qu’avec exploitation et chômage.

 

Contre cette violence, les ouvriers de Goodyear se sont dressés, ceux de PSA aussi, qui disent « Les casseurs sont les patrons », car ils brisent nos vies. Quand nous nous révoltons contre cette violence, nous trouvons face à nous la violence de l’Etat, de sa police. La violence de l’Etat est pour les bourgeois la seule légitime, celle des exploités toujours scandaleuse.

Contre leur dictature, nous devrons imposer notre pouvoir

Le PCF, par la voix de Marie-George Buffet, a dit comprendre la colère des ouvriers de Goodyear. Excusant ainsi leur violence. Les révolutionnaires n’ont pas à excuser les débordements de la colère ouvrière. Ils ont à l’organiser, car la colère, seule, reste impuissante, face à une classe, à son Etat et ses gouvernements qui n’hésitent jamais à user de la répression la plus radicale.

 

Manuel Valls qui se scandalise des policiers blessés, se souvient-t-il que depuis 1945, une centaine de grévistes ont été assassinés par la police de la république, dont 84 aux Antilles et plus de 200 manifestants, principalement Algériens ? Les policiers victimes des ouvriers ne sont pas plus nombreux que les doigts d’une main. Les premiers victimes ouvrières de l’après-guerre, une dizaine, grévistes de novembre 1947, mineurs grévistes de 1948, l’ont été par une police commandée par un ministre de l’Intérieur socialiste : Jules Moch. Ce n’est pas d’aujourd’hui que le PS se fait le rempart du capital.

 

L’Etat et ceux qui servent le capitalisme, qu’ils se disent « socialistes » ou « républicains », n’hésitent jamais à user de la violence contre nos révoltes pour défendre leur système. Si nous, ouvriers, travailleurs, voulons que ça change, que la société permette à tous de travailler, moins et autrement, il faut arracher aux bourgeois leurs pouvoirs économique et politique. Arracher, oui, sans penser pouvoir le conquérir par le vote. Aujourd’hui à PSA les ouvriers chassent des ateliers les chefs pour défendre leur grève. Demain nous devrons chasser du pouvoir, patrons, politiciens, sans ménagement. Nous devrons leur imposer notre « dictature », notre volonté et nos intérêts, comme ils nous imposent les leurs aujourd’hui, nous écrasant sous l’exploitation, la précarité et le chômage. Alors, il ne suffira pas pour les vaincre d’un coup de colère ou d’une révolte, ni même d’une grève générale. Nous devrons être suffisamment forts, conscients et organisés pour assurer notre victoire contre leur police et leur armée, et jeter les bases d’une société sans exploitation.

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