Vous êtes dans la rubrique > Archives > Un cheval dans la soupe

Un cheval dans la soupe

Partisan N°264 - Avril 2013

On a retrouvé de la viande de cheval dans des plats préparés prétendument « 100% pur bœuf ». Cette histoire nous rappelle les affaires de merguez au porc. Il y a ceux qui trouvent ça vraiment dégoûtant, et ceux qui affirment que manger du bœuf ou du canasson, pour eux, c’est du pareil au même. C’est le genre d’affaire qui alimente sans fin les blagues de cantine, mais elle nous fait aussi réfléchir.

Un circuit marchand aberrant

Déjà, on est frappé par la complexité du cheminement de la viande : bêtes abattues en Roumanie, viande achetée par un courtier néerlandais, commandée par un chypriote pour le compte d’un marchand de gros Midi de la France, puis stockée aux Pays-Bas pour être transformée au Luxembourg et en Lorraine. Que de gâchis de temps, de transport, d’organisation, pour au final faire des lasagnes de mauvaise qualité, tout ça au bénéfice des capitalistes et intermédiaires. La bourgeoisie nous répète tout le temps qu’il faut plus de flexibilité, qu’il y a trop de bureaucratie qui empêche l’économie de tourner : en fait, toute cette complexité économique et sociale, c’est elle-même qui la crée, et elle ne peut faire autrement, car elle est perpétuellement à la recherche de nouveau stratagèmes et de nouveaux modes d’organisation de la production pour se maintenir à flot.

Gaver les pauvres

Personne ne s’étonne vraiment de l’existence de magouilles du genre. On peut nous répéter que la fraude ne concerne que quelques entreprises, on voit bien que c’est tout le secteur qui est concerné. Entre l’épandage d’insecticide sur les cultures, et l’ajout de colorants de synthèse et d’huile de palme toxique dans tous les plats préparés, personne n’accorde trop de confiance à l’industrie agroalimentaire. Manger du cheval n’est finalement sûrement pas le pire qui puisse nous arriver : cette histoire n’est que la partie émergée de l’iceberg des crasses du système agroalimentaire. La crise du capitalisme, elle se ressent aussi dans notre assiette : pour maintenir ses marges, l’industrie nous vend n’importe quoi, du moment que cela fait baisser ses coûts. Et Spanghero peut bien être la filiale d’une coopérative, on voit bien que toutes les entreprises, quel que soit leur statut, ont en économie capitaliste à peu près les mêmes pratiques.

Du bon, du beau, du frais pour tous !

Alors que dans les pays dominés les peuples sont soumis aux disettes, dans les pays impérialistes les prolétaires mangent à leur faim, mais de la mauvaise qualité. Nous n’avons pas besoin que les supermarchés nous proposent des dizaines de marques de lasagnes ou de biscottes, mais des produits sains et bons. Nous avons l’illusion de l’abondance, mais derrière, on nous empoisonne à petit feu : pendant ce temps, le nombre de cancers explose. Ce sont les prolétaires qui mangent mal : les bourgeois, eux, se réservent les bons produits, les « appellations d’origine », les produits bien frais, bien bons et plus chers. Et nous, les prolétaires, pour nourrir nos enfants ? Marre d’être exploités, marre d’être empoisonnés !

Soutenir par un don