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Front de Gauche : le grand écart
Partisan N°264 - Avril 2013
Comment capitaliser le mécontentement sans faire de rupture avec le gouvernement ? En faisant le grand écart !
Le Front de Gauche (FdG), grâce à son candidat Mélenchon, avait réussi une véritable dynamique populaire et suscité bien des espoirs. Il avait prévenu, pour ceux qui avaient encore des doutes : « Les investisseurs n’ont aucune raison d’avoir peur de mon programme ». Soutenir des revendications populaires (augmentation des salaires, des allocations, mettre au pas la finance...), et en même temps attirer les « investisseurs » capitalistes... Comme disaient des camarades de VP : « Ce qui est difficile à combattre, c’est moins l’effet Mélenchon que le réformisme organisé s’appuyant sur le réformisme spontané des masses ».
Aux législatives de juin 2012, le PCF a perdu la moitié de son groupe à l’Assemblée. Les illusions sur le « changement » avec un gouvernement PS et sur le vote utile ont eu raison du vote FdG. Sarko était dégagé, l’abstention redevenait plus importante.
Pas d’état de grâce
Il n’y a pas vraiment eu d’état de grâce pour le gouvernement PS-Verts. Le PC l’avait bien compris et n’a pas voulu participer à ce gouvernement, mais il ménageait aussi l’avenir. Car le PC a souffert, en perdant des députés qui sont une de ses sources de financement. Jusqu’où était-il prêt à aller ? Pierre Laurent, le secrétaire national, avait fixé les limites : « Je considère que le Front de gauche est une des composantes de la majorité de gauche » (Le Monde, 26 Mai). Le PCF n’a pas le choix, il doit se préparer à négocier avec le PS des places dans les municipales en 2014. Alors, un langage un peu plus radical pour les déçus du PS et les syndicalistes, ; mais, en même temps, rester dans la proposition et pas d’opposition radicale. C’est une position pas facile à tenir sans risquer de décevoir les plus radicaux. Mais impossible de trancher, car l’appareil, les 8 800 éluEs municipaux sont pratiquement tous éluEs grâce au PS !
Exister et agir
Contre le traité européen qui introduisait une règle d’or budgétaire, le FdG a organisé une manifestation nationale en octobre. Le traité sera quand même voté par le PS. Pierre Laurent avait dit : « Nous sommes capables de faire bouger les lignes. Jusqu’où, je ne sais pas. ». Sur la guerre au Mali, que ce soit le PCF ou Mélenchon, ils critiquent juste que le Parlement n’ait pas été consulté, mais ne veulent pas d’une « opposition » à l’impérialisme français. Le FdG est condamner à pousser des coups de gueule, puis à assurer de son soutien le PS. Il est condamné au grand écart. Il est dans la lignée de ce qu’était le PC dans les années 1980, ou avec la Gauche Plurielle dans les années 1990. Les groupes du NPA qui l’ont rejoint, ainsi que le PCOF et d’autres, ne cessent de lui donner des conseils de radicalité. En paroles, c’est possible. Mais pas d’illusions, l’appareil du FdG est un appareil électoraliste qui n’est pas prêt à lâcher le PS.
