Approfondir > Le capitalisme : un parasite meurtrier par nature

Le capitalisme : un parasite meurtrier par nature

Le système capitaliste est fondé sur la concurrence entre les propriétaires des moyens de production. La production est socialisée, toujours plus, à l’échelle de la planète, mais les profits sont accaparés par quelques-uns, qui savent s’entendre pour maintenir leur pouvoir sur le monde, mais qui sont également en concurrence entre eux.
Ce n’est pas par méchanceté individuelle que les capitalistes détruisent la vie, c’est parce que si untel n’est pas le premier ou le plus fort à exploiter telle source de profit, que ce soit une ressource naturelle produite par la nature ou le travail humain, c’est son concurrent qui le fera. Peu importent les dégâts à court ou long terme, chaque capitaliste doit grossir ou périr.
Dans la mesure où les ressources naturelles alimentent la marche en avant du capital, leur raréfaction ajoute ses effets à la crise strictement économique. Pourtant, le capital prétend aujourd’hui intégrer ces limites naturelles et fait la promotion de la croissance verte. La nécessité dans laquelle il est de mettre en mouvement la valeur lui interdit en fait toute solution sérieuse de la crise écologique.

Rex Tillerson, PDG d’ExxonMobil : « Ma philosophie est de faire de l’argent. Si je peux forer et faire de l’argent, alors c’est ce que je veux faire. »

Et n’ayons aucune illusion, le système politique, les institutions, qu’elles soient nationales ou mondiales, ont pour principale fonction de permettre cette accumulation du capital.
Si un gouvernement, sous la pression populaire, décidait de changer les règles du jeu pour préserver l’avenir, il serait exclu du marché international, soit parce que ses concurrents l’accuseraient de tricher, soit parce que les coûts de production seraient trop élevés pour tenir face à la concurrence.

Alors oui, c’est une question politique, mais qui ne se résoudra pas dans les limites du système capitaliste.

Le travail est d’abord un procès qui se passe entre l’homme et la nature, un procès dans lequel l’homme règle et contrôle son métabolisme avec la nature par la médiation de sa propre action.
Karl MARX, Le Capital, Livre 1, PUF, Paris, p.199

La contradiction entre la logique d’accumulation du capital et la reproduction de la trame de vie écologique est inhérente aux rapports de production capitalistes. Le capitalisme a pour fondement essentiel un certain rapport entre hommes et nature : un mode d’activité productive. Un rapport à la nature émancipé implique un plein contrôle collectif et démocratique de l’activité de production : quoi, comment et à quelles conditions produire ? Seul un pouvoir réellement démocratique, c’est-à-dire aux mains des producteurs eux-mêmes, peut briser cette logique de destruction. Aussi, si la disparition des antagonismes de classes n’est pas une condition suffisante à la résolution de la crise écologique, elle en est une condition nécessaire.

De même que le capital épuise le travail humain, il use de la nature comme d’un réservoir qu’il prend comme illimité et toujours disponible. Si les processus naturels sont à l’origine des richesses matérielles, il sont appropriés par le capital et lui apparaissent comme un don gratuit. « Le travail, disent les économistes, est la source de toute richesse. Il l’est effectivement... conjointement avec la nature qui lui fournit la matière qu’il transforme en richesse » (Engels. Dialectique de la nature). Sans autre finalité que l’accumulation de valeur sur une échelle croissante, le capital ne se développe qu’en s’opposant à la nature. La société, même capitaliste, ne cesse pourtant jamais d’en être dépendante, pour le meilleur... et pour le pire, dès lors que la dégradation de l’environnement atteint une limite qui en menace l’équilibre.
La situation actuelle se distingue par le niveau critique atteint par cette opposition, qui menace de briser les cycles de reproduction de l’écosystème.

L’Anthropocène

L’Anthropocène est une notion proposée en 2000 par le géochimiste Paul Crutzen : depuis deux siècles environ (depuis la Révolution industrielle à la fin du XIXème siècle), la Terre serait entrée dans un nouvel âge géologique succédant à la Pléistocène. Cette nouvelle époque géologique dénommée « Anthropocène » caractériserait le fait que l’activité humaine serait devenue le principal déterminant de l’évolution de la Terre.
Le terme est utilisé largement par la communauté scientifique, mais il n’est pas encore reconnu officiellement comme époque géologique.
Cette notion a le mérite de mettre le doigt sur l’influence de l’activité humaine sur l’environnement, en montrant que les relations Hommes/Nature sont bien plus dialectiques que les conceptions issues des religions monothéistes (et adoptées par le capitalisme) d’une humanité détachée de la nature et la soumettant à ses usages.
Mais elle a le grand tort de dépolitiser la question environnementale : chez la plupart des penseurs de l’Anthropocène, la contradiction de classes est complètement absente, et la nature même du capitalisme, basé sur l’exploitation du travail et des ressources naturelles, n’est pas remise en cause. Ce serait un trait caractéristique de l’espèce humaine, seule à maîtriser le feu, de détruire les ressources de la Terre. Le mode de production capitaliste n’aurait aucune responsabilité particulière… Il suffirait donc de permettre aux experts de réguler les échanges entre « nature » et production, sans jamais questionner les rapports de production eux-mêmes.

La crise écologique nous concerne tous et toutes, elle affecte l’avenir de l’humanité dans son ensemble, mais elle est traversée par les contradictions de classe. Il faut aller contre l’idée « unanimiste » que tout le monde est concerné à l’identique, et rappeler que le capitalisme ne se sauvera qu’en écrasant les prolétaires !

Soutenir par un don