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« Travailler peut nuire gravement à la santé »

Partisan N°272 - Mars 2014

Un livre de Annie Thébaud-Mony, Ed. La Découverte, 292 pages, 10 euros.

L’auteure est une chercheuse militante, révoltée par les morts et les blessures dûes aux conditions de travail et restées impunies. En exergue de chaque chapitre, elle a sélectionné quelques articles du Code de procédure pénale sur les homicides volontaires et involontaires, les blessures incapacitantes, les provocations au suicide, la non-assistance à personne en danger, etc. Toutes choses qui se pratiquent allègrement en milieu de travail, elle le démontre.
En pratiquant par exemple la sous-traitance de la maintenance des centrales nucléaires, EDF a externalisé 80% des doses de radiations subies par les ouvriers, elle rend très difficile le suivi médical, et elle fait payer à l’ouvrier les risques énormes encourus en le mettant au chômage dès qu’il a sa dose annuelle maximum. La sous-traitance comme l’intérim sont du marchandage (en principe illégal). La délocalisation ? Un contournement de toute réglementation et de tout droit syndical. La situation des femmes : « atteintes à la dignité  ». Des milliers de produits chimiques sont manipulés dans les entreprises, ou mis sur le marché, et quand, après des décennies parfois, il devient difficile de banaliser les décès, c’est : « Vous n’avez pas fait la preuve du lien de cause à effet avec notre produit  ». L’auteure parle d’une expérimentation humaine à grande échelle et à l’insu (organisé) des cobayes humains.
Un mot revient souvent, c’est celui de violence. Avec deux adjectifs : invisible, et impunie. Et quand, enfin, la preuve du lien de cause à effet est établie – le cancer de la plèvre et l’amiante, par exemple -, la logique capitaliste est encore là ; on indemnise, au plus bas possible, on ne condamne jamais les responsables.
Une petite lacune à noter : L’auteure n’est pas trop bavarde sur les responsabilités des directions syndicales françaises, et elle a certainement ses raisons. Mais son point de vue radical et son expérience de première main sont remarquables. On se sent renforcé dans la conviction qu’une profonde révolution est nécessaire, et que sa violence ne vient pas de nous !

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