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Elections européennes : abstention !

Editorial de Partisan N°275 - Juin 2014

Les partis de la bourgeoisie de droite ou de gauche, et même d’extrême gauche, se mobilisent pour cette élection. Même ceux qui dénoncent cette Europe et n’attendent rien de positif de l’issue de ce vote pour les hommes et les femmes de ce pays. Ils veulent seulement « se compter » et gagner quelques postes dans un parlement européen encore plus dépourvu de pouvoir que le parlement français.
Le gouvernement s’attend à ce que s’exprime dans cette élection le même désaveu de sa politique que lors des municipales dernières. Valls veut mobiliser parce que selon lui ce serait notre intérêt et celui de la France que d’aller voter. Pour l’UMP Juppé, « l’Europe [est] une chance ». Le FN, lui, se voit déjà à cette élection « le premier parti de France », en capitalisant le discrédit du gouvernement et de l’Europe. Mais la plupart des travailleurs vont s’abstenir.

Les travailleurs ont raison de rejeter la construction de cette Europe…

Cette Europe, dont le gouvernement nous vante le caractère positif et progressiste, est celle qui organise de la concurrence entre les travailleurs européens. Elle est celle de l’attaque de tous les droits sociaux acquis par nos luttes au nom des vertus du marché, de la « responsabilité », et de la baisse du coût du travail, pour défendre la compétitivité de la France dont dépendraient nos emplois futurs.
Cette Europe est une Europe impérialiste sous la domination de l’Allemagne, de la France, de la Grande Bretagne. Des pays comme la Grèce ou d’autres se sont endettés auprès de leurs banques pour acheter du matériel et des armes allemands ou français. Pour sauver leurs banques de la faillite, les pays qui dominent l’Europe imposent aux autres pays européens endettés les plans d’austérité les plus violents, qui jettent les travailleurs dans le chômage et la misère.
Ces pays dominants manœuvrent pour gagner influence et marchés en Afrique, dans le Moyen Orient, en Ukraine, contre leurs concurrents impérialistes russes, ou chinois. Cette Europe impérialiste intervient militairement, sous prétexte de soutenir les peuples opprimés, mais en fait pour faire valoir ses intérêts. Mais elle soutient sans faillir Israël qui écrase le peuple palestinien. La France prête à la Pologne des avions de combat Rafales, pour intimider la Russie, alimentant les risques de guerre. Elle intervient au Mali en Centrafrique.
Cette Europe impérialiste fait la chasse aux travailleurs qui fuient la misère, les guerres en Afrique ou ailleurs. Pour échapper à Frontex, les immigrants risquent la mort par noyade en mer ou de soif dans le désert. Alors que les capitaux européens, leurs marchandises, peuvent librement circuler et exploiter les peuples dominés.
Cette Europe n’est en rien démocratique. Son parlement est dénué de pouvoir réel. Il ne peut présenter de loi. Le pouvoir reste dans les mains de la Commission européenne qui est désignée directement par les gouvernements des pays membres.
Tout cela est vrai, mais les travailleurs ont tort s’ils pensent que tout irait mieux si l’on en revenait à la France d’avant l’Union européenne.

Chômage, austérité, misère : la faute de l’Europe ou du capital ?

Le Front de Gauche et des partis qui se disent communistes affirment qu’il faut une autre Europe, voire qu’il faut en sortir pour redevenir « maîtres chez nous » et ne plus dépendre des diktats de la Commission européenne. Le FN tient plus ou moins le même discours que la gauche réformiste et met en avant le « patriotisme français ».
Mais un gouvernement soumis au contrôle de députés français serait-il plus démocratique que le parlement européen ? Si c’était le cas, cela voudrait dire que jamais les députés au parlement français n’ont trahi les promesses faites pour être élus ! Cela voudrait-il dire que l’Etat ne serait pas au service du capitalisme français, de ses intérêts en France contre les travailleurs, dans le monde contre les peuples dominés et ses concurrents impérialistes ! L’exploitation par le capitalisme français n’est pas plus douce pour les travailleurs et les peuples que celle des Européens ou des autres impérialistes.
Dans l’Europe ou hors de l’Europe, dans un contexte de crise, la concurrence capitaliste (la guerre économique) impose aux capitalistes et à leurs Etats de baisser les coûts salariaux, de sacrifier les droits acquis, de s’attaquer aux travailleurs...
Ceux qui, de gauche ou de droite, font de l’Europe la cause des attaques contre les travailleurs, orientent notre colère contre les pantins du capital, mais non contre lui. Ils nourrissent le repli national et le chauvinisme qui nous divisent. Ils nous entretiennent dans l’illusion que, si l’on revenait à la France de l’après guerre, tout irait mieux.
Cette « gauche » qui se veut « patriotique », compte sur les frontières et le renforcement de l’Etat pour soi-disant sauver nos intérêts de travailleurs. En fait cette « gauche » divise notre classe qui est multinationale en France, et a les mêmes intérêts que les autres travailleurs du monde.
La force de notre classe, ce n’est pas la force de l’Etat français contre ses concurrents impérialistes, c’est la solidarité entre tous les exploités et notre organisation par delà les frontières. C’est la lutte commune de tous les exploités, pour en finir avec l’exploitation et la domination capitaliste et impérialiste, qu’elle soit française, européenne, américaine... C’est la lutte commune pour briser la concurrence entre nous activée par nos exploiteurs. C’est la lutte commune pour construire, ensemble, une société libérée de l’exploitation, parce que dirigée et organisée par les travailleurs associés.

Ce n’est pas de l’Europe qu’il faut sortir, mais du capitalisme !

Déclaration de l’OCML-VP, 7 mai 2014

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