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14 juillet 2014 : le centenaire de l’impérialisme

Editorial de Partisan N°276 - Eté 2014

Ce 14 juillet 2014, Hollande invite 72 chefs d’états, après « l’anniversaire » du débarquement en juin et avant le 11 novembre. Toutes ces commémorations nationales, c’est vraiment la grande messe de la gerbe, au sens propre comme au figuré !

Les anniversaires et les honneurs sont bien symboliques !

Il vaut mieux prendre une victoire anglo-américaine comme « tournant de la guerre » qu’une victoire de l’Armée Rouge. Il vaut mieux « réhabiliter » les fusillés de 1914, exécutés « pour l’exemple », dont l’armée ne rendra jamais compte. Qualifiés de « ceux qui n’ont pas tenu » (Sarkozy, 2008), ceux emportés par une « mêlée furieuse » (Hollande, 2014). Comme si la guerre était un basculement dans la folie, qui échapperait à la compréhension. Déserteurs, militants, ceux-là sont morts debout, quand la plupart des généraux sont morts dans leurs lits, loin de leurs champs de bataille. 1914 plutôt que 1917, où la désobéissance collective s’installe, sur l’air de Craonne, « Messieurs les beaux, si voulez faire la guerre, payez-là de vot’ peau », la fraternisation dans les tranchées. C’est aussi l’étincelle de la révolution russe et les 8000 soldats russes qui forment le Soviet de la Courtine dans la Creuse.

 

Hollande préfère glorifier la « beauté du sacrifice » des tirailleurs africains, « morts dans une guerre qui n’étaient pas la leur ». Tellement pas la leur, qu’en 39-45, 200 000 d’entre eux ont été enrôlés de force par les armées coloniales, qu’aucun tirailleur n’a été invité pour le D-Day, ni un mot dit sur l’Afrique pourtant théâtre des combats. Tellement pas la leur, que les promesses de 1914 d’accès à la citoyenneté française, la majorité ne l’aura jamais. Tellement pas la leur, qu’en 1944, près de Dakar (Thiaroye), des tirailleurs sénégalais sont abattus pour avoir séquestré leur général en réclamant le paiement de leur solde.

 

Le PS préfère glorifier le « mythe de Jaurès », la « paix assassinée », pour faire oublier leur trahison historique. En 1912, Les socialistes dénonçaient la guerre comme « criminelle et ultraréactionnaire ». Et pourtant, la plupart (PS-SFIO, Labour Party, SPÖ, SPD…) se rallièrent à « l’Union sacrée » en 1914, marquant la faillite de la II° internationale. Ce chauvinisme, Lénine dira qu’il est le dernier mot de l’opportunisme. Il défendra, lui, la défaite du gouvernement russe dans la guerre impérialiste, pour transformer la guerre des gouvernements réactionnaires en guerre civile révolutionnaire.

14-18, c’est l’acte politique sanglant du passage au stade impérialiste.

La concurrence économique n’explique pas mécaniquement la guerre, ni son échelle mondiale. Mais sur cette base, les Etats bourgeois ont construit le nationalisme, sous couvert de souveraineté du peuple, pour mieux ranger les prolétaires derrière leurs exploiteurs. La justification de la guerre de classe, ne pouvant se faire officiellement au nom du profit, est faite au nom de la nation, du rejet de l’étranger. Lénine écrit en 1917 « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme », expliquant un système économique, politique et financier, dont la guerre n’est qu’un des outils.

 

Hollande continue ce patriotisme, rappelant « l’impérieuse nécessité de faire bloc si nous voulons gagner les batailles qui, aujourd’hui, ne sont plus militaires mais économiques-11/11/2013 ». Un discours que l’ex-patron de l’UMP, Jean-François Copé avait qualifié de « celui qu’il fallait ». Il nous dit, estimez-vous heureux, les Européens, vous vivez en paix, quand la guerre –impérialiste - est partout, jusqu’aux portes de l’Europe en Ukraine.

 

Nous refusons ce « souverainisme » qui, hier comme aujourd’hui, conduit à la guerre, contre nos frères de classe. Nous refusons d’en appeler aux « Trente glorieuses » de la croissance retrouvée du capital sur un champ de ruines. Nous refusons le « patriotisme économique » de Montebourg, de Mélenchon ou de Le Pen qui n’a d’effet qu’à la marge dans les lois de la concurrence internationale. Il nous leurre sur la solution à la crise. Son rôle est avant tout politique, nous rallier à la bannière de la bourgeoisie.

 

Comme les bolcheviks il y a un siècle, ni aujourd’hui, ni demain, nous ne mourrons pour ces « patriotes » ! Gloire à nos vrais frères de batailles, les prolétaires du monde entier, qui sont notre seule Patrie !

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