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Catastrophe minière en Turquie : ce qu’on ne nous dit pas

Partisan N°276 - été 2014

Combien de mineurs seront finalement morts au fond de la mine de charbon de Soma, en Turquie, le 13 mai dernier  ? Le bilan officiel compte 301 morts. Mais beaucoup de mineurs assurent qu’il y en a bien plus  : ils étaient 700 à 800 à travailler au fond, et bien peu sont remontés.

Accident ou massacre  ?

Parmi eux, beaucoup de réfugiés syriens, méprisés et employés aux travaux les plus durs. Les autorités et la société minière sont soupçonnées par beaucoup de minimiser le nombre de mineurs pour tenter de camoufler l’ampleur du désastre et leur incompétence dans la direction des opérations de secours. Pour contenir l’incendie qui s’est déclaré au fond, les « secours  » injectent de l’eau et du ciment  : tant pis pour les mineurs encore au fond. Il est plus important de sauver le charbon que les ouvriers.

Un capitalisme adossé à un État corrompu

Le propriétaire de la mine, Can Gürkan, est un proche du gouvernement Erdogan et de son parti, l’AKP. Ce parti a d’ailleurs l’habitude de corrompre les électeurs en distribuant des sacs de charbon gratuits avant les scrutins. Ses ouvriers étaient forcés de voter AKP sous peine de licenciement. Gürkan aurait largement corrompu, du chef de la police aux députés en passant par le maire, pour qu’on le laisse faire ce qu’il veut dans sa mine… Effectivement, le parlement turc a refusé, il a quelques mois, la création d’une commission d’enquête sur les conditions de travail dans les mines.

La situation effroyable de la classe ouvrière

Gürkan s’est vanté d’avoir fait passer le prix de la tonne de charbon de 130 à 24 dollars. Le massacre des mineurs de Soma montre de quelle manière, à quel prix pour ceux qui extraient le charbon de leurs mains. La Turquie est au premier rang européen concernant les accidents du travail. En 2012, 878 ouvriers sont morts dans des accidents du travail, et 1235 en 2013. Lorsqu’on parle de « pays émergent  », il s’agit surtout de l’émergence d’une bourgeoisie sans scrupule, qui accumule dans le sang et la sueur des ouvrières et ouvriers.

Courrière hier, Soma aujourd’hui

Cette catastrophe rappelle celle de Courrière, ici, en France, en 1906  : plus de mille mineurs morts exactement dans les mêmes circonstances  : surexploitation, règles de sécurité méprisées, opérations de secours sciemment bâclées... ça n’arrive plus ici, car les capitaux préfèrent faire extraire du charbon en Turquie plutôt qu’en France. Mais n’oublions pas que la bourgeoisie française accumulait, il y a 100 ans, ses capitaux exactement de la même manière que Can Gürkan aujourd’hui.

 

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