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Mais comment bloquer Le Pen ?

Autour de nous, c’est un peu en mode panique. Les sondages (pour ce qu’ils valent) donnent tous Le Pen en tête, présente au deuxième tour, et l’hypothèse de son élection n’est plus totalement farfelue, même si elle est peu probable.
C’est pas pareil qu’en 2002, où l’hypothèse de l’élection de son père relevait de la science-fiction.

 

Alors, on fait quoi ?
L’arrivée du FN au pouvoir, ça fait peur à tout le monde. La réaction la plus noire, anti ouvrière et antipopulaire, doublée du racisme comme système de gouvernement, entre préférence nationale et patriotisme économique. Tout le monde se sent concerné, français ou étrangers, avec ou sans papiers, et tous les travailleurs comprennent la division qu’il amène – alors que l’heure est à l’unité contre l’exploitation, le racisme, la crise et la misère.

 

Mais il ne faut pas se laisser embarquer par la peur. Il faut prendre un peu de recul et réfléchir.
Beaucoup s’imaginent voter pour n’importe qui capable de l’empêcher d’arriver au pouvoir. Mélenchon, Hamon, Macron, et même Fillon se présentent comme des remparts contre Le Pen.
Mais nous tous, on voit bien ce qui se passe depuis des décennies : chaque nouveau gouvernement (quelle que soit son étiquette), fait pire que le précédent. C’est la crise du capitalisme qui impose ses règles à tous, quand on ne veut pas le détruire. La guerre économique impose les restructurations, la misère, la précarité, le chômage, la pénibilité etc. Et ça, quel que soit le gouvernement, celui qui arrive est pire que le précédent…
Le gouvernement Hollande/Valls/Macron/El Khomri a fait bien pire que Sarkozy/Fillon, ça c’est la réalité. Parce que la situation a évolué, s’est dégradée encore et qu’on nous a demandé toujours plus de sacrifices, à nous les travailleurs.
Alors, imaginer Fillon, Macron ou on ne sait qui comme rempart contre Le Pen, c’est une illusion… D’autant que beaucoup partagent des idées très proches, par exemple sur la préférence nationale et le patriotisme.

 

Ensuite, imaginons Le Pen présidente. De deux choses l’une, ou elle trouve une majorité de députés pour la soutenir, ou non. Mais dans les deux cas, on veut nous faire croire que c’est dans les élections qu’on va pouvoir la combattre. Vous y croyez vraiment, vous ?
Nos camarades sans-papiers, voilà des années qu’ils se battent, et ce qu’ils ont appris, c’est qu’on ne pouvait rien attendre d’une circulaire, d’une loi, d’une règle préfectorale : il n’y a que le rapport de forces. Nos camarades ouvriers dans les usines, ils savent bien qu’aucune loi ne peut les protéger de la guerre économique mondialisée, qu’il n’y a que le combat pour l’emploi, les salaires, contre la pénibilité qui compte. Les jeunes dans les quartiers populaires, ils savent ce qu’il faut penser de la police, des lois et de la justice. Ils savent qu’il n’y a que la mobilisation qui pèse.

 

L’hypothèse de Le Pen au pouvoir, ce n’est au final que le pire scénario de la tendance à la réaction que nous vivons. Et si cela devait se produire, la seule issue, le seul espoir, ce n’est pas un quelconque sauveur « moins pire », c’est d’en finir avec la peur, en finir avec remettre notre sort dans les mains des experts en politique qui nous sacrifieront toujours tôt ou tard.
La seule issue, le seul espoir, c’est d’en finir avec la résignation, avec l’éparpillement et l’isolement, avec la peur, c’est de se regrouper, de réfléchir collectivement, de comprendre ce qui se passe avec lucidité et détermination, de s’organiser entre ouvriers, prolétaires, jeunes et moins jeunes, français ou immigrés, pour construire notre vrai outil dont nous avons besoin pour résister aujourd’hui, pour construire notre futur de demain : une organisation révolutionnaire par nous et pour nous, les prolétaires.

 

Le Pen, ce n’est pas dans les élections qu’on la combat. C’est sur le terrain politique, en conscience et en organisation, collectivement.
Ce n’est pas le plus simple, mais certainement plus efficace qu’imaginer résoudre quoi que ce soit en mettant un bulletin dans une urne…

 

Bulletin Partisan d’avril 2017
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