Militer > Et alors, la pénibilité, c’est pas bientôt fini ?

Et alors, la pénibilité, c’est pas bientôt fini ?

Mauvaise répartition des richesses, injustice des revenus explosifs de la bourgeoisie, pauvreté et misère chez les travailleurs et les chômeurs, voilà comment on nous décrit le capitalisme.
Avec bien sûr la recette simple pour corriger tout ça : prendre sur les profits des actionnaires, et organiser une meilleure répartition des richesses. Avec en prime la baisse du temps de travail et l’embauche des chômeurs. C’est en gros ce que proposent Mélenchon, Arthaud et Poutou, les candidats qui se disent proches du peuple et de la classe ouvrière.

 

Curieusement, ils ne parlent presque pas de la vie quotidienne de l’ouvrier, et même au-delà de larges secteurs de travailleurs, au boulot : les petits chefs arrogants, le stress et le harcèlement jusqu’au suicide, le travail posté ou la nuit, les cadences infernales (sur les chaînes de l’automobile comme à l’hôpital…), le bruit, les toxiques chimiques, les morts de l’amiante, le corps cassé par les TMS, la chaleur, les horaires de dingues, les morts au travail dans le BTP, l’intérim et ailleurs etc.
Bref ce qui fait le quotidien de notre vie d’exploités.
C’est tout ça qui nous fait dire que nous vivons dans un monde barbare, qui détruit vraiment le corps et l’esprit du prolétaire, qui casse la vie sociale, individualise et déshumanise toutes les relation sociales , qui robotise tout ce qui est « humain » dans l’homme…
Le capitalisme, ce n’est pas avant tout une mauvaise répartition des richesses et du travail (même si bien sûr c’est un aspect), le capitalisme c’est d’abord l’extorsion de la plus-value pour les profits, dans la guerre économique mondialisée. C’est le sang et la sueur du prolétaire – et ce n’est pas une image d’Epinal !

 

Alors, pour nous en face, ce n’est pas très compliqué, si on en reste à nos conditions de vie et de travail. Ce sont des revendications simples, compréhensibles par toutes et tous.
C’est l’interdiction du travail de nuit ou posté, du travail à la chaîne, c’est la diminution des cadences, le combat contre toutes les nuisances, c’est la reconnaissance de la pénibilité comme celle de l’amiante, un an de pré-retraite pour trois ans de travaux pénibles… Fondamentalement, c’est la « désintensification » du travail qui est au cœur de nos revendications.
Pour nous c’est à la fois le moyen le plus immédiat et le plus concret de lutte contre l’exploitation aujourd’hui, et la manière d’indiquer le chemin de la société que nous voulons pour notre avenir. Nous voulons une production complètement transformée, au service de l’homme, complètement transformée pour nous rendre notre condition d’être humain, par exemple pour recomposer l’activité intellectuelle et l’activité manuelle, et pas la spécialiser de plus en plus, ouvriers et prolétaires exécutants d’un côté, ingénieurs et techniciens supérieurs décidants de l’autre… Nos combats d’aujourd’hui doivent tracer notre futur à construire !
Et nous n’avons pas oublié les 35h Aubry en 2000, cette loi qui a prétendu diminuer le temps de travail, mais qui a été accompagnée de toute une série de mesures pour récupérer en flexibilité, en intensité, en pénibilité, les gains de productivité nécessaires pour compenser – largement ! Rien d’étonnant si la productivité instantanée en France est une des plus élevée du monde ! Au prix de quels dégâts de pénibilité ?
ChacunE comprend bien qu’on touche là à un domaine « interdit » : celui de la compétitivité des entreprises, de la productivité du travail, celui de la concurrence mondiale avec les autres patrons, de la guerre économique capitaliste.
Et chacunE comprend donc qu’il faut choisir son camp : ou bien du côté du capital, de l’exploitation, éventuellement aménagée, ou bien du côté des prolétaires qui – littéralement – se tuent au travail.

 

De ce point de vue, pas grand-chose à se mettre sous la dent du côté des candidats, même ceux qui se disent les plus radicaux… Serions-nous trop utopique ? Trop irréaliste ? Mais alors, quel avenir imaginent-ils tous pour nous ? Un capitalisme à visage humain, mais toujours vissés à la chaîne, en travail de nuit ? De cette société-là, on n’en veut pas !

 

Bulletin Partisan d’avril 2017
Soutenir par un don