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Travailler et élever ses enfants...

Partisan N°238 - Mai 2010

Février 2010. Elisabeth Badinter – première actionnaire de Publicis – présente son nouveau livre « Le conflit, la femme et la mère » (Flammarion). Elle dénonce un « nouveau naturalisme », écologique et réactionnaire. Sous couvert d’allaitement maternel, de rejet du lait maternisé, du biberon et de la couche jetable non bio, on veut en fait remettre les femmes à la maison.

Mars. Catherine Kintzler – professeur de philosophie à Lille – commente ce livre et en particulier ses derniers chapitres. C’est le « french paradox » de la maternité : « Championne en contraception et en IVG, pratiquant l’encouragement public des « mauvaises mères » avec une école maternelle accueillant des enfants très jeunes, bonne dernière dans la pratique de l’allaitement, forte d’une tradition plus que séculaire où les femmes sont femmes avant d’être mères, la France connaît cependant de façon durable l’un des plus forts taux de fécondité au sein des pays occidentaux. » Elisabeth Badinter a une explication, qu’elle soutenait déjà dans son livre « L’histoire de l’amour maternel » (1980) : « Plus on allège le poids des responsabilités maternelles, plus on respecte le choix de la mère et de la femme, et plus celle-ci sera encline à tenter l’expérience, voire à la renouveler. »

Ces deux féministes, avec leurs statistiques et leurs réflexions, nous renvoient donc à un problème que nous connaissons bien, celui des crèches et des maternelles. En nombre insuffisant, elles sont encore attaquées actuellement. La CNAF (Allocations Familiales) a validé un décret autorisant le surnombre de berceaux de 20% dans les établissements d’accueil. Ce décret prévoit d’ouvrir des jardins d’éveil payants pour les 2-3 ans, mais aucun taux d’encadrement n’est prévu. Pour les assistantes maternelles agréées PMI qui peuvent accueillir 4 enfants, il est prévu des « maisons des assistantes maternelles » où elles pourraient garder jusqu’à 16 enfants, le tout sans puéricultrices. Un enfant sur dix seulement est accueilli en crèche.

Dans notre brochure « La lutte pour la transformation des rapports hommes-femmes fait partie de la lutte pour la révolution », nous écrivions que la question de la prise en charge par la collectivité des activités domestiques, comme celle de la prise en charge de l’éducation des enfants, est de plus en plus d’actualité. C’est sur ce terrain que nos revendications et notre propagande doivent porter principalement, à l’heure où hommes et femmes de la classe ouvrière sont exploités, flexibilisés et pressurés dans des conditions qui laissent, y compris aux hommes, peu de disponibilité pour mener une vie familiale et une vie militante un tant soit peu « normale ». Les RTT, par exemple, ont profité plus aux cadres qu’aux ouvriers, et plus aux hommes qu’aux femmes.

Nous affirmons qu’il ne saurait y avoir de révolution sociale sans qu’une transformation radicale des rapports entre hommes et femmes soit partie prenante non seulement de la nouvelle société à construire, mais aussi du processus même de la lutte et de la révolution.

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