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Le 29 mai, et après ?

Editorial de Partisan N°195 (mai 2005)

Au moment où nous écrivons cet éditorial, le Oui et le Non sont à égalité dans les sondages. Mais quel que soit le résultat final du vote, nous dégageons trois enseignements de la situation politique actuelle.

★ Le premier est l’échec relatif de la bataille idéologique et politique engagée par la bourgeoisie pour faire adhérer les travailleurs à une construction européenne qui subordonne toute la vie sociale au marché, à la concurrence, et donc au profit. Dans cette bataille l’UMP et PS ont agit dans une union réelle et profonde qui manifeste leur vision commune des intérêts de l’impérialisme français dans la construction européenne.
Chirac avait choisi le référendum,par ce qu’il pensait qu’une forte majorité « populaire » accroîtrait « le poids de la France » (lire : celui de la bourgeoisie française), face à ses rivaux dans le leadership de l’Europe.Ce qui se passe fragilise au contraire sa position.
Ce rejet est aussi celui des politiques économiques et sociales, obéissant à la même logique,mises en oeuvre par la droite comme par la gauche depuis des décennies.La montée du Non est un désaveu du PS et de ses années de gouvernement. Il est dans le camp de Bolkestein et de Giscard.

★ Le deuxième enseignement est qu’il y a dans le camp du Non deux visions de l’avenir qui s’opposent.
Autour du Non de gauche se dessine une nouvelle alliance
réformiste, réunissant PCF,ATTAC et la LCR, les socialistes
pour le Non, quelques Verts.
Leur slogan est : « J’aime l’Europe, je vote Non ».Ce sont les
tenants de l’Europe sociale.Leur programme :le maintien des
« services publics »,une protection sociale européenne,un salaire
minimum,une Europe dirigée par un parlement européen,
une armée à l’écart de l’OTAN. Bref une Europe qui puisse
faire contre poids à la puissance américaine et chinoise. ...
Avec un gouvernement de gauche ou pas, cette Europe nous
fera aussi le chantage à la concurrence chinoise ou américaine,
défendra la compétitivité des trusts européens, et mènera
des guerres en Afrique ou en Asie.
Cette alliance du Non ne dénonce donc pas le caractère
impérialiste de l’Europe en construction.Celle-ci serait donc
acceptable pour peu qu’elle distribue quelques miettes et reste
un peu « sociale ». La LCR parle déjà « d’ouvrir un processus
constituant ».
Pour Voie Prolétarienne cette voie de la réforme a été expérimentée
de nombreuses fois et à conduit aux échecs et aux
désillusions et dans des tas de pays. Pourquoi cela serait-il différent
au niveau européen ? Pour nous les travailleurs ont à
construire une alternative révolutionnaire et anti-impérialiste,
rompant avec ces illusions réformistes.

★ Le troisième enseignement est que la dynamique du Non,
pour positive qu’elle puisse être, ne peut pas dégager par ellemême
cette alternative. Cette alternative se construira en
opposition au courant du Non réformiste.
Bien sûr, la situation encourage à transformer le raz-le-bol,
qui s’exprime dans le vote Non, en un mouvement gréviste
qui s’oppose en pratique à toutes les mesures gouvernementales
et patronales.Cela est nécessaire,mais insuffisant.
La classe ouvrière a non seulement besoin de résister à la
bourgeoisie sur le terrain économique (elle n’a d’ailleurs pas
le choix),mais aussi sur le terrain idéologique et politique (ce
dont elle a moins conscience, alors que la bourgeoise est très
active en ces domaines).
La classe ouvrière a donc besoin de construire son identité
politique — ses objectifs de transformation sociale—, son
identité idéologique en affirmant ses valeurs de solidarité et
d’entraide contre celles de la concurrence et de l’individualisme.
Cela ne peut naître du seul mouvement. Il lui faut un
parti révolutionnaire qui défende ses valeurs,qui construise et
porte son alternative.
Nous ébauchons cette voie en faisant en sorte que les luttes
servent à tisser des liens de solidarité entre travailleurs de différentes
catégories, de différents pays, en Europe et ailleurs.
Les résistances doivent faire vivre solidarité et internationalisme.
Mais en même temps que nous construisons cette résistance
ouvrière par-delà les frontières qui cible le système capitaliste
lui-même, nous construisons aussi le Parti communiste
révolutionnaire qui manque aux travailleurs pour transformer
le monde.

C’est le sens que nous donnons à notre soutien au meeting internationaliste qui a lieu le 21 mai à Saint-Ouen.

A lire dans Partisan 195 :

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