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NON à l’Europe du Capital

Editorial de Partisan N°194 (avril 2005)

Le Non est maintenant donné victorieux dans les sondages.
Malgré l’unanimité des médias, malgré que les deux grands partis
militent pour le oui,malgré qu’ils mentent ouvertement sur le
contenu de la constitution, le Non progresse. De toutes façons, il
n’y a qu’à voir leur tronche à la télé et leur mépris à l’égard de ces
français qui comprennent rien, pour avoir envie de voter non,
même si on était jusque là un abstentionniste convaincu.
Alors Chirac s’agite. Après la bourde de la dissolution de la
chambre des députés en 1997, le voilà fourvoyé dans une
nouvelle opération douteuse. Il n’était pas obligé de soumettre
la ratification du traité par la France à un référendum. Il l’a fait
pour accroître le leadership de la bourgeoisie française dans la
construction européenne. Les politiciens et les journalistes
invoqueront bien sûr « le poids de la France ». Une victoire du
Non réduirait cette influence.

La directive Bolkestein, publiée depuis des mois, a servi
d’illustration pour expliquer les modifications à venir dans les
conditions d’exploitation des travailleurs. À cause de cela, les
gouvernements français et allemand sont montés au créneau
pour la mettre au placard, le temps que le référendum passe.
Mais Bolkestein a lui-même répliqué, venant en France pour
expliquer sa directive.Pour rappeler aussi que les dirigeants de la
droite et du PS l’ont tous approuvée quand elle est sortie.Que,
de toutes façons,le Conseil de l’Europe n’avait pas pouvoir pour
retirer cette directive.Que c’était aux commissaires de le faire.
Bolkestein fait ainsi oeuvre de pédagogie pour expliquer que
les élus européens ne peuvent rien décider, que son texte ressortira
et que,quand même,s’il a des problèmes de fuite d’eau
dans sa maison du Nord de la France, il préfèrerait employer
un plombier polonais au taux horaire de la Pologne qu’un
plombier français.
Ce monsieur n’a pas compris qu’il devait la fermer jusqu’au
29 mai. Il explique ainsi que l’unification européenne autour
de mesures anti-ouvrières continuera. La construction de
l’Europe comme un bloc agressif face à ses concurrents impérialistes
continuera. Le nivellement par le bas des conditions
de vie et de travail continuera.

Alors, bien sûr, le 29 mai nous voterons Non. Mais si le Non
l’emporte, ce succès n’aura ni les conséquences politiques ni
la portée pratique que prétendent par exemple Attac ou le
PCF. Une bonne partie des forces qui portent le Non,depuis
Chevénement jusqu’au PT ne font que regretter une France
parlementaire. Mais ce dont les travailleurs ont besoin,ce n’est
pas d’un repli national et chauvin, c’est d’une perspective politique
mondiale de changement de société, vers un monde
débarrassé de la domination des capitalistes.

Ce Non à la constitution ne peut pas non plus nous suffire
pour répondre aux attaques qui auront lieu quelle que soit
l’issue du référendum. Il nous faut aller plus loin que ce vote.
Il nous faut constituer un camp des travailleurs de tous pays
aussi bien en Europe qu’hors d’Europe. Un camp opposé
aussi bien aux Bolkestein, Chirac ou Hollande qu’aux directions
syndicales comme la CES. Ces directions sont engagées
elles aussi dans la construction de l’Europe impérialiste et,
pour donner l’exemple de la France, nous laissent moisir sans
perspectives depuis la manifestation du 10 mars.
Des grèves ont lieu aujourd’hui, des occupations de lycées,
des manifestations, des ripostes au vol du lundi de Pentecôte
se préparent. Chaque attaque produit des réactions en France
comme dans les autres pays d’Europe. De par le monde des
luttes se développent,même dans les conditions les plus difficiles.
Par exemple en Chine,dans les zones économiques spéciales,
paradis du capitalisme le plus brutal.

Faisons du 1er Mai,journée internationale des travailleurs,une occasion pour que ces luttes donnent un sens
à notre Non au référendum. Un sens internationaliste et ouvrier.
OUI À L’UNION DES EXPLOITÉS ET DES OPPRIMÉS DE TOUS LES PAYS !
CONSTRUISONS LES SOLIDARITÉS ENTRE TRAVAILLEURS DU MONDE ENTIER !

A lire dans Partisan 194

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