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Leur démocratie et la nôtre
Partisan N°57 - Janvier 1991
Nous vivons une époque curieuse. On dirait que nos respectables élus sombrent dans le masochisme, à force de nous donner des raisons de les vomir, ce qui est pour le moins paradoxal pour un régime qui se prétend fondé sur la démocratie parlementaire. Noir et Barzach démissionnent du RPR en dénonçant la dégradation morale en politique ; dans le PC, rénovateurs, reconstructeurs, refondateurs se succèdent avec la prétention de remettre le parti en phase avec son époque ; dans le PS, des voix inquiètes (comme celle de Poperen) s’élèvent pour relever le dangereux discrédit de la classe politique (comme ils disent !).
Il est vrai que les abstentions atteignent déjà la moitié des électeurs inscrits dans les quartiers populaires...
UN AUTRE MONDE
Les journalistes nous ont une fois de plus matraqué la tête autour du Congrès du PC, en dénonçant son caractère surréaliste et coupé de la réalité. Mais en même temps, ils passent la moitié de leur temps à nous raconter gravement les malheurs de la réforme de l’orthographe et de l’accent circonflexe de "abîme".
Le surréalisme, la coupure totale avec notre vie, ils sont permanents. Plus personne, plus aucun politicien n’offre de perspective au chômage et au RMI, à la désertification des régions, à l’austérité, au racisme, aux logements taudis ou cages à lapins. Il y a un accord général, plus ou moins explicite, autour de l’acceptation du capitalisme et de ses règles, de la compétitivité, de la guerre économique. Et donc de la fatalité de ses conséquences, qu’on peut, au mieux, limiter. Quant à la démocratie, c’est le règne des "Droits de l’Homme", revendications réduites au minimum ; vous n’avez pas à vous plaindre, il n’y a en France ni torture, ni disparitions...
Comment s’étonner du rejet massif parmi toutes les couches ouvrières et populaires qui subissent cette vie de plus en plus dure ? "Ils" ne vivent pas dans le même monde que nous. Nous n’avons rien à faire avec eux.
LA POLITIQUE IMMORALE
En plus il ne se passe pas de semaine sans nouvelle affaire de corruption, affairisme, procès véreux, amnistie. La politique est un marché, de plus en plus directement et ouvertement lié aux entreprises, à la concurrence. Les milliards passent d’une main à l’autre, légalement ou pas, et pendant ce temps les Restaus du Cœur accueillent de plus en plus de gens dans la misère.
Les magouilles et les coups tordus entre politiciens se généralisent, tellement éloignés de nos problèmes qu’on y comprend de moins en moins. Guerre de courants, sous courants, tendances et contre tendances au PS, au RPR, à l’UDF, au PC maintenant, guerre des chefs en vue de la future présidentielle, c’est lamentable. La politicaillerie au degré zéro. (...)
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