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Pérou : la faillite et l’agonie d’un régime
Partisan N°50 - Avril 1990
Cet article a également été publié dans la brochure "Dix ans de Guerre Populaire au Pérou" de Mai 1990.
Le 8 Avril auront lieu les élections générales au Pérou. Elections législatives, sénatoriales et présidentielles. C’est l’ensemble du personnel dirigeant de ce pays qui va être renouvelé, à un moment où le pays se trouve dans un état de faillite complète, dans la débâcle économique la plus totale. Comme le dit A.Labrousse pourtant farouchement hostile à la guérilla, « le second trimestre de l’année 1988 a marqué l’entrée du pays dans la plus grave crise de son histoire contemporaine, marquée en particulier par la débâcle de l’économie, la perte de légitimité du gouvernement et de l’Etat lui-même, et par le grand bond en avant de la rébellion armée de Sentier Lumineux » (L’Etat du Monde 89-90).
Car ces élections auront précisément lieu au moment où la Guerre Populaire dirigée par le Parti Communiste du Pérou va fêter son dixième anniversaire. C’est l’occasion de faire le point, et notre organisation a décidé d’en faire une petite campagne politique, pour faire connaître, soutenir et tirer les enseignements de l’activité des communistes péruviens.
LES RAISONS DE LA LUTTE DU PEUPLE
Les premières victimes de la catastrophe économique actuelle sont évidem¬ment les couches populaires. La liste est bien noire !
• La pauvreté se généralise et concerne plus de 50% de la population au sens que lui donne la Banque Mondiale. 20% seulement satisfont au mini¬mum nutritif journalier (2400 calories et 65g de protéines). C’est évidemment la conséquence de la chute catastrophique du salaire réel durant ces dernières années, elle-même due à l’hyperinflation, véritable pompe à richesses sur le dos des couches populaires. 50% de chute du pouvoir d’achat pour le dernier trimestre 88 seulement ! Le salaire minimum ne représente plus que 1/15ème du panier de la ménagère (le revenu familial minimum pour survivre). C’est pourtant le salaire bien réel des ouvriers dans les zones industrielles de Lima. Rien d’étonnant donc à ce que les programmes d’assistance, de soupes populaires (type Restaus du Cœur) se multiplient, pour tenter de cacher la politique générale de misère et de famine.

Ces mots ne sont pas des formules creuses, de la "langue de bois", comme aiment à le prétendre politiciens et journalistes. C’est la vie quotidienne bien concrète de millions de péruviens, dans les campagnes et les bidonvilles. Et quand les textes du PCP ou du journal "El Diario" parlent du gouvernement affameur et massacreur de Alan Garcia, c’est de cela qu’il s’agit !
• La notion de chômage n’existe plus depuis longtemps, tant le sous-emploi est général. Plus de 60% de la population active se trouve dans cette situation, tentant de survivre de petits boulots, cachés dans la rubrique "services" des statistiques nationales. Le secteur informel de l’économie représente déjà, selon les chiffres officiels, environ la moitié des richesses crées officiellement ! C’est dire l’importance que cela recouvre.
• Dans les villes, la vie est encore plus dure. L’hygiène est désastreuse, et les tas d’ordures s’accumulent aux coins des rues, les coûts sont énormes, et il faut ajouter ceux des transports qui peuvent représenter jusqu’à 1/5ème du salaire minimum. Sans compter l’électricité, le kérosène (pour la cuisine). Quant aux vêtements, c’est un véritable luxe inaccessible...
• La malnutrition est générale, et dans les provinces du Sud, plus de 65% des enfants de moins de cinq ans sont concernés. Et pourtant il ne vaut mieux pas être malade : outre les dépenses supplémentaires inaccessibles, il n’y a plus de médicaments dans les hôpitaux ! Les malades sont simplement renvoyés chez eux, faute de moyens pour les soigner.
• Les universités sont en cessation de paiement. Par exemple celle de San Marcos à Lima, la plus vieille université du continent latino-américain est menacée de fermeture faute de crédits, comme celle de Cerro de Pasco (ville minière des Andes). La faillite économique du gouvernement se double là de la volonté de fermer des "centres de subversion". Il est bien connu que toutes les universités sont des viviers pour le PCP...
• Et bien entendu la répression généralisée. Les disparitions sont monnaie courante, plus importantes (en proportion) qu’en Argentine. Dans la zone minière des Andes, on peut même parler de véritable fascisme. C’est évidemment un secteur stratégique pour l’Etat bourgeois, puisque les mines rapportent 55% de ses ressources au gouvernement. C’est un secteur combatif, où l’influence du PCP s’est renforcée, ralliant en particulier une partie des mineurs du PUM (organisation trotsko-réformiste) et se développant à partir d’une forte influence passée d’une organisation aujourd’hui quasi disparue (Puka Llacta).
On comprend l’enjeu décisif de la lutte des classes qui se livre dans ce secteur. Le gouvernement met le paquet Des indics sont embauchés dans les mines pour détecter les militants. Et tenir un discours radical lors d’une assemblée générale de mineurs, c’est se condamner à mort dans les jours qui suivent, par disparition ou "accident du travail". Dans toute la zone des mines (Cerro de Pasco, La Oroya) un climat de terreur est instauré par les attaques de bus la nuit, du fait des forces paramilitaires : vols, viols, meurtres, tout est couvert par les hiérarchies de l’armée et de la police Et tout cela est de notoriété publique, puisque la télévision elle-même en fait le rapport régulier !
Dans les campagnes, où l’Influence du PCP se développe, la politique de l’armée est le massacre généralisé. Des villages entiers sont rasés par les hélicoptères, et là encore il ne s’agit pas de "propagande", mais de faits, de la vie concrète des masses, reconnue par des institutions aussi peu révolutionnaires que Amnesty International (cf Partisan N°48).
Bref, qui peut encore s’étonner des succès croissants de la guérilla ?
LA BANQUEROUTE DU REGIME
Du côté du gouvernement, et de la bourgeoisie, c’est la faillite.
• Hyperinflation, chute de la production, effondrement des ressources fiscales (par les impôts). C’est le trio infernal de la situation actuelle : près de 3000% d’inflation en 1989, une chute de la production de 8% en 1988, et encore de 19% en 1989 ; un effondrement des ressources par les impôts qui passent de 13,5% de la production en 85, à seulement 6% en 1988. Essentiellement du fait de l’allègement des impôts aux entreprises, de la diminution de la TVA, et de la fraude fiscale systématique...
Mais la faillite économique, ce ne sont pas que des chiffres alignés, des pourcentages à débattre entre gens respectables. C’est d’une part la généralisation de la misère, comme on l’a vu. Le seul prix qui n’augmente pas, c’est celui de la force de travail, le salaire ! La vraie question, c’est à qui profite le crime ? Qui profite de cette extraordinaire pompe à richesses actuellement en train de saigner à blanc le Pérou ? La réponse est dans les quartiers luxueux de Lima : c’est la bourgeoisie au pouvoir, regroupant la banque, les propriétaires terriens, les industriels, les exportateurs et commerçants, capables de jongler avec les prix et l’inflation, de profiter au maximum de la catastrophe actuelle. Et sans fausse honte ! Les propriétaires terriens ont ainsi reçu des subventions importantes pour développer la riziculture sur la côte, elles n’ont servi qu’à leur consommation propre, sans produire un kilo de riz de plus ...
• Evidemment, la situation économique générale s’en ressent. La dette se monte à 16,3 milliards de dollars en 1988, son remboursement pour 1989 à 2 milliards de dollars. Quand on sait que le total des exportations a atteint en 88 2,4 milliards de dollars... on fait le bilan. Alan Garcia l’a fait aussi, pris à la gorge par cette situation impossible, sous le feu du mouvement de masse. A grands sons de trompette il a annoncé la limitation du remboursement de la dette à 10% des exportations. Et dans les faits bien concrets, il y a passé plus de 25% !
Les importations se sont transformées. Près d’un cinquième sont des importations alimentaires (maïs, lait en poudre, viande) pour nourrir un peuple qui n’est plus capable d’assurer l’autosuffisance alimentaire. Résultat d’une politique d’encouragement de la production agro-alimentaire pour les exportations (farine de poisson, café...), qui a abouti à multiplier par trois ces importations vitales depuis 1985.
Aujourd’hui, l’heure est à l’austérité, il faut serrer la ceinture, limiter les importations. Qui va payer une fois de plus ? C’est déjà commencé : s’il n’y a plus de médicaments, c’est précisément du fait de la limitation des importations...
• Quant à la bourgeoisie au gouverne¬ment, elle est en pleine décomposition, ne joue plus que sa survie propre. Sans compter les fonds secrets, le budget de la défense représente 43% des ressources de l’Etat (dont rappelons-le 55% proviennent des mines, et on saisit mieux l’enjeu stratégique de ce secteur pour le pouvoir... pour seulement rester en place !)
La drogue a infiltré tous les échelons de l’appareil d’Etat, en particulier de l’armée, et il y a pratiquement un encouragement du gouvernement avec le fameux "narco-décret" de Juillet 88 autorisant les fonds issus du trafic de drogue à se réinvestir librement au Pérou. Encore récemment (automne 89) un militaire de haut rang, le plus proche ami du président Alan Garcia était impliqué dans le trafic de drogue. Surnommé "El Comandante Narco", il n’est que la partie visible d’un iceberg très profond, auquel les nord- américains eux-aussi sont confrontés. Ils avaient ainsi invité un journaliste américain, Todd Smith, pour enquêter sur le trafic de drogue et l’activité de la DEA (Drug Enforcement Administration, agence de lutte anti-drogue US, cf Partisan N°49). Son enquête terminée, et les preuves des liens entre trafiquants de drogue et armée bien établis, il sera tué (par l’armée péruvienne, bien sûr) avant d’avoir pu partir, et son corps restera deux jours exposé dans le village de Tocache (Alto Huallaga) à titre d’exemple...
VOILA OU ON EN EST
Catastrophe économique, sociale et politique, mais pas pour tout le monde ! Les secteurs populaires sont saignés au profit de la bourgeoisie dominante, mais aujourd’hui, on est arrivé en fin de cycle, il n’y a plus rien à pomper ! Une restructuration et un changement de politique sont nécessaires, la bourgeoisie y compris n’a pas intérêt à la faillite complète, source, bien entendu de révoltes et de révolution. C’est l’enjeu des élections présidentielles de ce mois, de savoir comment sortir du cycle infernal de l’hyperinflation.
UN PLAN POUR MODERNISER LA FAIM ET LA MISERE
C’est là qu’arrive Mario Vargas Llosa, écrivain de renommée mondiale, candidat du FREDEMO, regroupement de divers partis de droite, et en fait candidat des industriels, banquiers et entrepreneurs tous liés bien entendu à l’impérialisme. Ayant initialement plus ou moins soutenu Alan Garcia au début de son mandat, ils s’en sont détachés lorsque celui-ci a prétendu nationaliser les banques et les assurances. Prétention d’une part formelle (ça ne changeait pas grand-chose) et d’autre part sans lendemain, puisque la réforme a été considérablement édulcorée avant d’être enterrée. Reste que la grande bourgeoisie a alors lâché Garcia, pour constituer le FREDEMO et lancer la candidature de Vargas Llosa, plus sûre que celle d’un parti (l’APRA) aux forts relents populistes, et possédant encore une base populaire et militante importante.
Le FREDEMO promet le retour à l’ordre, et en particulier la fin de l’inflation dont il a fait le thème principal de sa campagne, promettant de la faire passer de 3000% à 10% par an ! Et il en a les moyens, ayant les rênes économiques du pays en main, regroupant précisément la couche qui a profité de l’hyperinflation. Comme le note justement un journaliste du Monde, "L’hyperinflation cesse lors que, après avoir ruiné le pays, elle s’apprête à ruiner les derniers qui en profitaient. Au moment des comptes les surprises sont grandes, mais il y a toujours un gagnant. En Allemagne [de 1923] ce fut la grosse industrie qui absorba au passage la banque. Au Pérou, les choses sont plus compliquées. Mais le secteur oligopolistique exportateur, sempiternellement protégé, est à une charnière. Associé aux banques, bénéficiant de changes favorables, de subventions et de crédits bonifiés, il a tout intérêt à parier sur l’endettement".
Le projet du FREDEMO est d’une simplicité biblique. Pour faire réduire l’inflation, il faut un "choc" économique, un violent ajustement des prix, pour revenir à leur "vérité". Pour ensuite développer un libéralisme à la Reagan ou Thatcher, limitant l’intervention de l’Etat et laissant les lois du marché agir. Mettant au premier plan la technique, le retour à une économie "efficace", c’est une politique de soumission accrue aux plans du FMI et de l’impérialisme, dont on attend l’aide pour redresser l’économie, un peu suivant l’exemple de Lech Walesa (qui a participé à la campagne électorale de Vargas Llosa).
La campagne électorale du FREDEMO a eu une ampleur sans précédent. Pages entières de publicité dans tous les quotidiens, tous les jours. Spots de publicité une dizaine de fois par jour, sur les huit chaînes de télévision. Panneaux d’affichage géants à tous les carrefours de toutes les grandes villes, ce sont plusieurs dizaines de millions de dollars qui sont ainsi partis en fumée face à la misère populaire, s’ajoutant aux frais déjà dépensés lors de la campagne municipale de Novembre dernier.
Mais ce dont parle à peine la campagne électorale, c’est des mesures de répression qui accompagneront nécessairement ce plan. Dans la situation actuelle, libérer les prix comme promis par le FREDEMO, c’est provoquer l’explosion. Ce qui veut dire mesures policières, intervention accrue de l’armée, et sans doute autorisation à l’intervention directe des USA. Un aperçu a pu être donné dans un spot publicitaire de Vargas Llosa, où l’on voit celui-ci arracher rageusement un drapeau rouge en face d’inscriptions du PCP, promettant d’en finir avec la subversion.
Mais de fait ce programme n’a rien d’original. C’est celui qui s’impose à la bourgeoisie aujourd’hui. Et c’est celui qui est déjà en route à Lima, avec le nouveau maire, un "indépendant" élu en Novembre, qui a annoncé le licenciement de 1300 employés municipaux, et la libération des tarifs des transports urbains au nom de la rigueur budgétaire.
LES REFORMISTES, MEILLEURS DEFENSEURS DU VIEIL ETAT
Le parti du président actuel, l’APRA, membre de l’Internationale Socialiste, présente bien sûr son candidat. Mais complètement discrédité par la faillite actuelle, il ne peut compter que sur le fond de populisme sur lequel il s’est développé depuis des dizaines d’années et lui donnant, encore actuellement, l’influence militante la plus importante dans les couches populaires. Son prestige historique lui permettra de sauver les meubles, mais c’en est fait de sa crédibilité politique, d’être une alternative réelle pour les masses. L’échec de l’APRA est un des éléments majeurs ayant renforcé le sentiment anti-politicien au sein des masses, sur lequel s’appuie d’ailleurs le PCP pour rejeter en bloc la société actuelle.
Les autres réformistes sont regroupés dans le bloc de la Gauche Unie (IU), même s’ils présentent deux candidats pour les présidentielles. Dont bien sûr un "indépendant", à la cote plus élevée du fait du rejet massif de tous les politiciens.
On ne peut pas vraiment dire qu’ils aient un programme alternatif à la fois au programme libéral de Vargas Llosa, et au programme populiste de l’APRA qui a fait la preuve de sa faillite. Ils se caractérisent par leur opposition très nette au fameux "choc" du FREDEMO, dont ils voient toutes les conséquences sociales et en particulier le renforcement possible de la Guerre Populaire que cela va entraîner. Car s’il y a bien une différence avec le Chili de Pinochet où un tel programme libéral a plus ou moins réussi, elle est là : au Chili le mouvement populaire était battu et liquidé. Au Pérou, il est au contraire en pleine expansion, et dirigé par un parti communiste qui fait la preuve concrète de sa capacité à s’orienter correctement dans la lutte des classes.
Tous ces réformistes se caractérisent par la défense de l’Etat Bourgeois, au moment où il est de plus en plus contesté, soit activement (par la guérilla du PCP), soit passivement (par le rejet massif des politiciens).
Défense de l’économie nationale, avec l’approbation de la nationalisation des banques, sans voir son caractère formel. Avec le lien constant que l’on cherche à faire entre le mieux-être du peuple et l’amélioration de l’économie (sans voir sa nature d’exploitation). Dans le même ordre, défense de toutes les formes de coopératives au nom de leur caractère collectif, alors que même les journalistes les plus pourris reconnaissent que rien n’a changé avec la réforme agraire, que les propriétaires terriens ont simplement été remplacés par fonctionnaires et technocrates.
Refus de la mise en cause des responsabilités de l’Etat dans les conditions de vie et d’habitation à la campagne comme dans les bidonvilles. Ils préfèrent se substituer à l’appareil d’Etat défaillant pour réaliser des tâches d’intérêts collectifs (routes, ramassage d’ordures, adduction d’eau...), en mobilisant plus ou moins les populations et en utilisant leur travail gratuit dans ce cadre. En n’organisant pas la lutte frontale contre l’appareil d’Etat en charge normale de ces tâches, cela revient à le défendre, ni plus ni moins. Ce sont d’ailleurs les rois de l’assistancialisme, c’est à dire des projets d’assistance en liens avec la social-démocratie occidentale, avec des Organisations Non Gouvernementales. Au niveau survie (soupes populaires), agricole, médical, enseignement ou autre
Enfin, cette défense de l’ordre bourgeois les mène à un électoralisme effréné. Le bloc de la Gauche Unie n’a pas de programme. C’est un rassemblement hétéroclite au seul objectif (explicite) d’obtenir sièges de députés et sénateurs. Il regroupe pro-soviétiques (très faibles), les trotsko-guévaristes du PUM et les trois-mondistes de Patria Roja (qui ont une certaine implantation) les pro-albanais du PCR etc... Sans compter toujours les fameux "indépendants".
Ce qui leur tient lieu de programme, à tous, c’est leur opposition frontale à la guerre populaire, y compris dans les tentatives (comme à Puno dans le sud, et à Cajamarca dans le nord) d’organiser les masses contre le PCP. Le mot d’ordre le plus significatif pourrait être un de ceux du PCR :"Nous en finirons avec la misère et le terrorisme !". Sans dire un mot de comment en finir avec la misère.
LES DIX ANS DE GUERRE POPULAIRE DIRIGEE PAR LE PCP
C’est bien sûr cela le fait marquant de ces dernières années. La misère, la catastrophe ne sont pas sans issue, et une perspective commence à apparaitre, même si elle n’est pas immédiate. Nous aurons l’occasion d’y revenir dans notre prochain numéro.
Mais déjà, sur le constat de la situation actuelle du Pérou, on en parle fort peu. On nous bassine à longueur de journée sur la faillite du communisme dans les pays de l’Est, mais on se garde bien de dire un mot de la situation au Pérou. Il est vrai que la situation est différente Alan Garcia est un social-démocrate, dont le parti (l’APRA) appartient à l’Internationale Socialiste, et dont le gouvernement est soutenu par toutes les puissances impérialistes :
* Les USA, qui viennent d’installer la base de Santa Lucia (cf Partisan N°49) et qui multiplient leur pénétration via sectes et programmes d’aides ;
* la social démocratie occidentale de plus en plus engagée au travers des programmes d’ONG, en lien avec les réformistes au Pérou même ;
* L’URSS impliqué dans la fourniture d’armement au gouvernement (par exemple les hélicoptères blindés qui rasent les villages en expéditions punitives), et dans le pillage honteux des ressources de la pêche.
Et bien sûr, en face du gouvernement ne se trouve pas un quelconque front démocratique bourgeois que l’on pourrait soutenir en solution de rechange. Il y a une guérilla dirigée par un parti maoïste. Et c’est bien différent !
Le silence n’est pas neutre, c’est une approbation et un soutien explicite à la bourgeoisie péruvienne.

