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Je ne suis pas la bonne !

Partisan N°234 - Janvier 2010

« Je ne suis pas la bonne », « Qu’ils embauchent une autre bonniche », ou encore « Je ne suis pas leur domestique » : Qui n’a jamais utilisé ces expressions pour refuser de faire le sale boulot ? Expressions lourdes de sens, qui font référence aux femmes et ce qu’ont été leurs conditions de travail. Car les femmes de ménages, agentes de service ou de propreté selon les appellations, ne sont que les successeurs de ce qu’ont été les Domestiques et les Bécassines. Ces mêmes Bonnes ou Suzette qui au XXème siècle étaient placées à l’âge de 13 ans, soit dans les familles bourgeoises, soit chez le-la patron-ne. Domestiques pour qui la législation du travail ne s’appliquait pas, pas plus que la limitation journalière et le repos hebdomadaire : domesticité relevant du domaine privé. Leur travail commençait à 6h du matin pour finir vers 10 h du soir. Leur tâches étant de s’occuper des chambres, de la cuisine, du ménage bien sûr, des enfants…

Ce rappel historique ne vise pas à concurrencer Hugo ou Zola mais bien à montrer que le travail des femmes des classes populaires n’a pas tellement évolué. Si les conventions collectives ont remplacé le « contrat de louage », les conditions de travail restent rudes. De plus, ce sont des emplois qui n’exigent guère de connaissance particulière de la langue, si ce n’est de comprendre les ordres de toute façon répétitifs et monotones. Des emplois encore qui ont toujours été des voies d’apprentissage d’une culture, pour les rurales dans un premier temps, pour les travailleuses immigrées dans un second.

Mais réjouissons-nous car, dans les années 1990, la socialiste Martine Aubry, alors ministre du Travail, déclare qu’il y a dans les emplois de service un véritable « gisement d’emplois ». Il s’agissait de faire entrer dans l’économie formelle une grande partie d’emplois de service non déclarés. Amélioration ? Il n’y a eu pour ces emplois ni réduction du temps de travail ni revalorisation financière et symbolique.

N’attendons rien des partis bourgeois, ce n’est que dans la mobilisation et dans la lutte que nous changerons la condition des femmes. Comme ces femmes de ménages qui en 2008 ont occupé leur entreprise Ma-Net. Mouvement soutenu par le Réseau pour l’Autonomie Juridique des Femmes Immigrées et Réfugiées.

Une sympathisante.

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