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30 ans après le lancement de la guerre populaire au Pérou

Partisan N°254 - Mars 2012

Guerre et pouvoir populaire

La Guerre populaire fut lancée après 15 ans de préparation. Pas uniquement une préparation militaire, mais surtout une préparation politique : les militants du PCP sont allés dans les masses, les ont organisées, et ont renforcé le parti, qui a déclenché la lutte armée lorsqu’il s’est senti prêt. En quelques années, l’Armée populaire de guérilla (APG), dirigée par le PCP, avait libéré d’importantes régions rurales du pays, et le peuple, sous l’impulsion des communistes, avait commencé à construire son propre pouvoir, basé sur les comités populaires (comme les soviets en Russie), par lesquels il a pris en charge tout les aspects de sa vie : éducation, réforme agraire, autodéfense, justice, etc. Parti des campagnes, le parti s’implante dans les bidonvilles, dans les usines, dans les mines.

La réaction de la bourgeoisie

En réaction, l’État péruvien lança une répression fasciste avec l’aide financière et militaire de l’impérialisme américain, faisant massacrer plusieurs dizaines de milliers de personnes : paysans, indiens, habitants des bidonvilles, et bien sûr, communistes. En 1986, plusieurs centaines de militants du PCP emprisonnés sont massacrés. La mouvement révolutionnaire progressera pendant plus de 10 ans, jusqu’à l’arrestation en 1992 de son principal dirigeant, Abimael Guzman (appelé « Président Gonzalo »). La direction du PCP en est grandement affaiblie. En 1999, le successeur de Gonzalo à la direction du parti est lui-même capturé, et à partir de là, le Parti décline, jusqu’à disparaître en tant qu’organisation centralisée. Quelles sont les raisons de ce déclin ? Difficile à dire. Les raisons en sont multiples, à la fois du fait d’erreurs du Parti et des conditions objectives. Gonzalo lui-même aurait appelé après sa capture à la fin de la lutte armée. Le PCP se scinda alors entre ceux qui ont soutenu cette déclaration, et ceux qui ont affirmé qu’elle était fausse. Aujourd’hui, plusieurs groupes se désignent comme « PCP » à l’intérieur comme à l’extérieur du Pérou, mais avec des lignes politiques différentes, dont des groupes qui mènent des actions de guérilla.

Le soutien de VP

VP participa au mouvement international de soutien à la guerre populaire : notre organisation impulse une collecte de soutien dont le résultat sera transmis au PCP, participe au « Comité Sol-Pérou » qui, en France, mène alors les initiatives de solidarité, et diffuse des informations sur la situation au Pérou. La cellule de l’usine Alstom de Saint-Ouen diffuse un tract aux ouvriers sur le sujet. Le soutien de VP au PCP est un soutien politique clair et réfléchi ; nous n’avons pas soutenu ce parti sur la base d’un soutien de principe à un parti qui se revendiquait maoïste, mais parce que nous en avons fait une analyse politique et que nous nous sommes retrouvés sur un certain nombre de leurs positions, malgré des critiques secondaires que nous n’avons pas cachés.
À l’époque, le PCP a été la cible d’une campagne de calomnie de la part de la bourgeoisie, et VP a été en France une des très rares organisations à assumer son soutien. Le reste de l’extrême-gauche s’est la plupart du temps réfugiée dans une position qui consistait à renvoyer dos à dos révolutionnaires et réactionnaires péruviens, en crachant sur le PCP et en relayant même une partie des mensonges à son égard. Ainsi Lutte ouvrière a affirmé que le PCP se revendiquait des Khmers rouges, alors que c’était totalement faux.

 

Pour VP, l’expérience du PCP est une expérience importante du mouvement communiste international. Face à la bourgeoisie, il faut savoir défendre nos camarades dans le monde, même lorsqu’on est à contre-courant. Notre organisation avait à l’époque publié une brochure « Questions sur le Sentier lumineux », qui est toujours disponible (en nous la demandant par e-mail ou par courrier) : les débats que nous avons eu avec les positions du PCP y sont exposées en détail. Pendant ce temps, au Pérou, la lutte de classe ne s’est pas arrêtée et la lutte armée continue localement. On en a la preuve quotidiennement : des militants maoïstes arrêtés, des graffitis apparus dans les villes pour les 30 ans de la guerre populaire...

 

Axel

 

Voir aussi d’anciens articles de Partisan : "Pérou : reportage dans les bases d’appui" (1992) et "10 ans de guerre populaire au Pérou" (1990)

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