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Nouvelles de Grèce

Article de Partisan N°258 - été 2012

En Grèce, la situation s’aggrave chaque jour un peu plus. D’un côté, les impérialistes et la bourgeoisie grecque s’acharnent à vouloir imposer leur « plan de misère » au peuple. Sous prétexte de « sauver » la Grèce, il veulent juste limiter les dégâts pour leurs banques, leurs dettes et le cours de leur monnaie. Les législatives du 6 mai n’ont pas permis de dégager de majorité au Parlement pour former un nouveau gouvernement, et de nouvelles élections doivent avoir lieu en juin.

Les contradictions du mouvement de masse

On a observé, dans le mouvement populaire, une contradiction dans les masses en fonction du degré de conscience politique. Ceux qui l’ont rejoint le plus récemment n’ont pas forcément de la sympathie pour les mouvements de gauche, voire même ont manifesté de l’hostilité à leur égard. C’est un peu le même phénomène qu’avec les « Indignés » chez nous, qui sous prétexte de refuser la « récupération » combattent les mots d’ordre trop radicaux. Il est arrivé qu’en manifestation les banderoles des organisations révolutionnaires soient attaquées par d’autres manifestants, parfois proches des néo-nazis ou de la droite nationaliste. Ces fractions de la population se mobilisent aujourd’hui car la crise les y pousse, mais elles ne remettent pas pour autant en cause leurs idées très modérées voire réactionnaires. Il y a très nettement une « fraction de droite » dans le mouvement de masse.
On a beaucoup parlé de la « percée » électorale des néo-nazis de L’Aube dorée. Ils ont une influence forte localement : à Athènes, c’est parmi les jeunes Grecs de souche sans qualification et marginalisés, sans tradition politique ouvrière. Également parmi les petits commerçants et la petite bourgeoisie indépendante, particulièrement nombreuse : en Grèce, seule 64% de la population active est salariée, contre 88% en France. Comme cela a été dit dans les médias, ce parti a gagné en influence par ses activités « sociales », comme la distribution de vêtements et de nourriture. La montée en puissance de ce genre de mouvement montre bien que le sentiment de révolte, dans certaines couches de la population, ne profite pas qu’aux mouvements progressistes.

La coalition réformiste SYRIZA

L’événement des élections qui ont eu lieu en mai, c’est le passage de la coalition SYRIZA (comparable au Front de gauche) devant le PASOK (le PS local), et juste derrière le parti de droite ND. Au passage, la ND et surtout le PASOK se sont effondrés : Le PASOK fait 30% de moins qu’aux dernières élections, la ND 14%.
SYRIZA s’est constituée autour de Synaspsismos, une scission de droite du KKE (parti communiste) ; sa ligne est complètement réformiste ; alors qu’à l’heure actuelle, en Grèce, la rupture avec les institutions impérialistes doit être un mot d’ordre incontournable pour les révolutionnaires. La ligne de SYRIZA consiste à refuser les mesures d’austérité imposées par la Troïka (Union Européenne, Banque Centrale Européenne, et FMI) tout en souhaitant que la Grèce reste dans l’UE et dans la zone euro. Or, c’est inconciliable. Comme nous l’avons déjà dit (Partisan 255), l’entrée du pays dans le giron de l’UE a précipité sa ruine économique.
SYRIZA profite ainsi d’une contradiction fortement présente dans l’esprit du peuple : d’un côté, le rejet massif des mesures d’austérité, mais de l’autre, de grosses illusions sur l’UE et l’euro. De plus, SYRIZA rassure en affirmant « Nous voulons gouverner ». La grande majorité de la population n’est pas révolutionnaire et ne voit pas son avenir en dehors du système, n’a pas (encore) fait le choix de la rupture avec les institutions bourgeoises. SYRIZA a également profité du report de voix d’électeurs du PASOK et de celles de nombreux électeurs sympathisants des mouvements de gauche plus radicaux, mais ayant souhaité « voter utile ».
Le programme de cette coalition est très modéré, et sert objectivement à s’appuyer sur la révolte du peuple grec pour maintenir en place l’État bourgeois grec en échange de concessions de la part des impérialistes.

 

Il existe plusieurs organisations marxistes-léninistes-maoïstes actives en Grèce. De fortes divergences existent entre elles sur les mots-d’ordre à porter, sur les tactiques d’alliance... L’OCML-VP suit avec attention ces débats. En tant que communistes, il est de notre devoir de suivre l’activité de nos camarades partout dans le monde. Il faut essayer d’apprendre de ce qui se passe aujourd’hui en Grèce pour mieux renforcer notre vision de nos tâches politiques ici, en France.

 

Axel

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