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Drapeau Rouge

Partisan N°271 - Février 2014

Le marxisme, c’est pas sorcier

Origine du mot

« Drapeau » est un dérivé du mot drap, au sens de tissu. Accroché à un manche en bois ou à une lance, ce morceau de tissu est un signe de ralliement. Au sens figuré, c’est la cause pour laquelle on se bat. Et le rouge est d’abord la couleur du sang. Aux origines, la bannière écarlate signifiait « qu’il ne serait pas fait de prisonnier lors d’une bataille » (1).

Signification

Le communard Maurice Dommanget notait, dans son « Histoire du drapeau rouge » (2) : « Six siècles durant, le drapeau rouge prévalut. Il suffit de rappeler que le drapeau des Gaulois était rouge, que l’oriflamme de Saint-Denis autour duquel se sont groupées tant de générations était rouge, que le drapeau de Charlemagne était rouge à ornements d’or, l’oriflamme de Philippe le Bel rouge à franges vertes, celui de Jean le Bon rouge à ornements d’or, que la bannière française pendant la guerre de Cent ans était rouge à croix blanche...Le drapeau rouge pourrait donc revendiquer comme étendard un titre plus ancien et pour le moins aussi fondé que le drapeau tricolore ».
En 1789, les couleurs de la ville de Paris sont le bleu du manteau de Saint Martin et le rouge de l’oriflamme de Saint-Denis. Le 4 octobre, La Fayette y fait intercaler le blanc royal, inspirée de la chemise de la Sainte Vierge, relique conservée à Chartres. Glorieuses origines du drapeau tricolore ! Quant au drapeau rouge, une loi du 20 octobre 1789 prévoit bien son utilisation, par la troupe ou la garde nationale, afin de calmer les émeutes !
A partir de 1790 s’opère un renversement de fonction qui voit diverses foules l’utiliser, par dérision ou provocation, pour appeler à la répression des actions contre-révolutionnaires. Mais le 17 juillet 1791, c’est encore la garde nationale qui l’arbore en signe d’avertissement pour réprimer dans le sang le peuple rassemblé sur le Champ-de-Mars. En février 1848, Lamartine réveille ce souvenir, et une nostalgie de l’époque napoléonienne, pour maintenir le drapeau tricolore (1).
Ce n’est qu’avec la Commune de 1871 que le drapeau rouge devient, et internationalement, celui de la classe ouvrière et du communisme. Marx écrivait en 1865 : « Les ouvriers doivent inscrire sur leur drapeau le mot-d’ordre révolutionnaire : « Abolition du salariat », qui est leur objectif final » (3).

Les mots qui servent à camoufler

On peut édulcorer la signification violente du rouge, remarquer qu’il fait aussi de très jolies fleurs, puis que la couleur la plus naturelle de la rose est le rose... Mais la « révision » essentielle a consisté à vider de leur contenu les objectifs révolutionnaires du prolétariat. A partir de 1934, le PCF agite le drapeau tricolore, chante la Marseillaise, abandonne la lutte anti-coloniale. Et lorsque l’URSS, après plus de 50 ans d’utilisation frauduleuse du mot communisme, abandonne le drapeau de la Commune pour retrouver (en 1991) un drapeau tricolore, le rouge redevient, avec moins d’ambiguïté, la couleur du seul drapeau ouvrier.

 

Pour en savoir plus
— 1) wikipedia – drapeau rouge.
— 2) Maurice Dommanget, Histoire du drapeau rouge, Librairie de l’Etoile, 1966, 502 pages. Réédition : Le mot et le reste, Marseille, 2006, 551 pages.
- -3) Salaire, prix, profit, Karl Marx, 1865.
- « Le drapeau rouge », chanson de Paul Brousse, 1877.

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