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Quel soutien à la Bosnie ?

Partisan N°102 – Septembre 1995

Il n’est pas inutile de résumer rapidement les positions des uns et des autres dans le soutien à la Bosnie

 

Les intellectuels et les divers collectifs de soutien (nous parlons là du cas général, et pas des situations particulières de tel ou tel collectif local sur des bases plus correctes).

 

Défense de la Bosnie « dans ses frontières internationalement reconnues ».
Critique de l’ONU, mais sans exiger son retrait. Il faut faire pression pour qu’il soit plus radical.
Demande d’intervention militaire de l’OTAN contre les Tchetniks.
Soutien à l’intervention militaire croate.
Faire pression sur le gouvernement pour qu’il intervienne plus radicalement (ainsi Bernard Henri Levy et Schwartzenberg ont-ils été reçus en ce sens par Chirac, à leur demande). Mais pas de critique à son égard.
Aucune démarcation sur les contradictions entre Bosniaques. Soutien à Izetbegovic (Jusqu’à être présenté comme un nouveau Jaurès par BHL !!!).
Interventions humanitaires sans interrogations sur leur contenu politique.

 

C’est donc une position antifasciste sur des positions très bourgeoises et pro-impérialistes, que l’on vient de voir à l’œuvre avec les grévistes de la faim autour de Ariane Mnouchkine. Le fait même que cette grève de la faim se soit achevée à la fois à la demande d’Izetbegovic, au lendemain des bombardements de l’OTAN, et après deux messages de soutien de Chirac, est très significatif...
Ces positions, très médiatiques, font beaucoup de mal au soutien dans les milieux populaires. Aucun travailleur, ou syndicaliste un peu motivé, ne peut accepter en effet (à juste titre) de se retrouver dans le même camp que ses exploiteurs. Il est méfiant et il a raison.

Le Secours Ouvrier pour la Bosnie.

Défense de la Bosnie, en général, contre la partition ethnique.
Retrait de l’ONU et des Casques Bleus, immédiat et sans conditions.
Critique du gouvernement français et de l’ONU, complices de la partition ethnique.
Levée de l’embargo sur les armes pour les Bosniaques (silence sur le blocus envers la Serbie).
Critiques de Izetbegovic, mais dans le cadre d’un soutien global à l’ensemble des Bosniaques.
Soutien aux forces multiculturelles et plus particulièrement recherche du contact avec les forces ouvrières et syndicales de la région de Tuzla.
Travail en direction du mouvement ouvrier et des forces syndicales en France.

 

OCML Voie Prolétarienne

 

Nous travaillons au sein du Secours Ouvrier pour la Bosnie, qui est un cadre politique et pratique positif.
Nous nous en distinguons sur les points suivants :

 

Notre soutien va d’abord à un combat antifasciste contre les Tchetniks. Pour nous l’enjeu est aujourd’hui le combat antinationaliste et antifasciste, la question des frontières et nationale ne pourra être résolue par les divers peuples de la région que sur une base démocratique et populaire. Ce combat antifasciste est porté par une partie importante des Bosniaques, ce qui justifie notre engagement. Que ce combat se mène aujourd’hui dans le cadre de la Bosnie ne doit pas nous enfermer dans un point de vue étroitement national.
Nous sommes pour la levée de tous les embargos et blocus (et pas seulement la levée de l’embargo sur les armes), car la politique de l’ONU, des grandes puissances et de l’impérialisme ne se découpe pas en morceaux. Rester silencieux sur le blocus envers la Serbie, cela revient à l’approuver honteusement... On sait que dans tous les blocus (Irak, Lybie, Cuba, Serbie...) ce sont les travailleurs qui paient la note (restrictions, embrigadement nationaliste). Les bourgeois, eux, ont toujours leurs filières pour s’en sortir.
Nous refusons de soutenir Izetbegovic car il ne conduit qu’une poli- tique bourgeoise, nationaliste et pro-impérialiste, qui ne peut que dévoyer le combat antifasciste. De même nous refusons de soutenir les forces bosniaques qui ne se délimitent pas clairement à ce propos, car c’est aujourd’hui un enjeu politique tout à fait clair en Bosnie, comme en témoigne l’affrontement entre le SDA et la municipalité de Tuzla.
Nous soutenons le camp clairement antinationaliste, et au sein de celui-ci nous cherchons (difficilement) où peut exister un camp ouvrier indépendant. Par ailleurs, nous soutenons le camp antinationaliste où qu’il se trouve, par exemple en Serbie, même s’il est aujourd’hui bien faible.

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