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Famille

Partisan N°264 - Avril 2013

Le marxisme, c’est pas sorcier

L’origine du mot

Le mot famille vient du latin « famulus » qui signifie serviteur, esclave. Avant de désigner l’ensemble des habitants d’une maison, la « familia » est l’ensemble des esclaves qui sont sous l’autorité du même maître. Le « pater familias », plus que le père de famille, est le maître de maison. Il a droit de vie et de mort sur sa femme et ses enfants comme sur ses esclaves et ses animaux ! L’origine du mot famille nous renvoie donc au coeur du patriarcat, à l’époque de l’empire romain.

Signification

De « L’idéologie allemande » (1846) à « L’origine de la famille... » (1884), Marx et Engels ont développé une conception matérialiste et évolutionniste de la famille. Ils distinguent d’abord les sociétés primitives tribales, esclavagistes antiques, féodales, et bourgeoises (1) ; puis, reprenant la périodisation de l’anthropologue Morgan, l’état sauvage, la barbarie, et la civilisation. Morgan a observé des sociétés où la filiation est féminine, où des soeurs sont les épouses communes de leurs maris communs ; cette structure familiale semble antérieure à la famille appariée puis monogamique (un homme, une femme) (2).
Dans la tribu primitive, le seule division du travail existante est celle de la famille, « entre homme et femme, parents et enfants », ou « en vertu des dispositions naturelles (vigueur corporelle par exemple) » (1). Dans les sociétés de classes, ce rapport familial devient « subalterne » (1) : la reproduction de la force de travail n’est qu’un moment de la reproduction du capital. Elle se fait à bon compte, en grande partie par le travail domestique non rémunéré des femmes.
« L’abolition de la famille ! Même les plus radicaux s’indignent de cet infâme dessein des communistes », écrit Marx dans Le Manifeste (3). Mais, répond-il, c’est la société de classes qui détruit la famille. Pour la bourgeoisie, les « rapports familiaux » sont d’abord des « rapports d’argent » (3). Et les familles des prolétaires, elle les détruit par les conditions de travail et de vie qu’elle leur impose.

Les mots qui servent à camoufler

La « défense de la famille » cache une politique complètement réactionnaire qui inclut l’homophobie, le refus des IVG, etc. Le « mariage pour tous » fait progresser une égalité familiale pour mieux faire oublier les progrès destructeurs de l’inégalité économique et sociale. Mais quel est l’objectif des communistes : la fin de la famille ou sa libération ? C’était le débat entre Lénine et Inessa Armand, comme entre Alexandra Kollontaï et Riazanov (4). Est-ce un hasard si ce sont les camarades femmes, Armand et Kollontaï, qui étaient pour la fin de la famille ?

Pour en savoir plus

- Brochure « La lutte pour la transformation des rapports hommes-femmes fait partie de la lutte pour la révolution », VP, avril 2004.
- Voir aussi « Le communisme primitif n’est plus ce qu’il était » de Darmangeat (Partisan n° 258).
-1) L’idéologie allemande, chapitre 1 (1846).
- _ 2) L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat, Engels, 1884.
-3) Le Manifeste du Parti Communiste, 1847.
-4) Lénine, tome 35, page 178. Alexandra Kollontaï, « Marxisme et révolution sexuelle ». Voir le Dictionnaire critique du marxisme, de Labica, mots « famille » et « mariage bourgeois ».

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