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Municipales : et revoilà les tambouilles politiciennes !

Les flammes du combat sur les retraites sont encore brûlantes que l’intérêt change de cap pour les politiciens de tous bords. C’est qu’il va y avoir des élections municipales, et, en particulier dans les villes grandes et moyennes, la soupe est bonne. Partage des sièges, ambitions présentes et à venir (les fameux « tremplins » pour les élections suivantes) tout cela est bien loin des aspirations populaires.

Le spectacle est juste lamentable, pathétique. Accords du PC avec le PS (Paris). Du PS avec la FI et les Ecolos contre le PC (Ivry). Des Ecolos avec le PC et la FI contre le PS (Grenoble). De la FI et du PC contre le PS (Bagnolet). En Marche avec le PS (Le Creusot) et avec PC et PS (! Cergy). De la FI avec le NPA (Bordeaux) ou avec le POID (Dijon). Lutte Ouvrière toute seule ou avec le PC (Maubeuge). Des écolos avec n’importe qui. La Droite à la recherche d’une renaissance. En Marche en vrac. Les dénonciations de caniveau sur les réseaux sociaux. Et bien sûr le RN à l’affût pour récolter la colère en attisant la haine. Sans compter ces multiples listes qui prétendent « ne pas faire de politique » et ne représenter qu’un projet « citoyen » aussi flou que possible, histoire de ne pas se démarquer. On est à mille lieux de la rigueur et d’un programme révolutionnaire un tant soit peu anticapitaliste…

Pendant plus d’un an les Gilets jaunes ont rejeté cette tambouille politicienne. La rage est restée contre ce qui est un « système » contre les plus exploité.es, les pauvres, les abandonné.es. Voilà longtemps que la majorité des prolétaires et des travailleurs ne vote plus. Dans certaines banlieues, c’est plus de 80% de la population adulte qui ne vote pas (si l’on compte les étrangers à qui on a pourtant promis le droit de vote depuis des décennies sans jamais leur donner l’égalité des droits). Si voter changeait quelque chose, il y a longtemps que les élections seraient interdites, disait déjà Coluche. Et ça, c’est la vérité.

Il faut dire les choses, même si elles ne plaisent pas.

La société actuelle, le « système » dénoncé un peu partout, c’est un système économique féroce qui organise la production au service des exploiteurs dans la guerre économique mondialisée. Le « système », c’est la gestion économique et sociale à tous les niveaux d’un pays, pour une exploitation la plus efficace et rentable possible face aux concurrents – ce qui veut dire exploitation, misère, pauvreté et précarité contre les prolétaires.

La gestion des villes, c’est l’échelon inférieur de cet appareil d’Etat capitaliste. En charge de l’application, à l’échelle la plus basse de la ville ou du village, des politiques nationales décidées au sommet de l’Etat. C’est vrai en matière d’éducation, de voirie, d’urbanisme, de santé, de logement, de culture, de disparition des services publics, les maires et les élus locaux gèrent la misère qu’on leur laisse, la marge de manœuvre est faible, ça se voit dans les budgets, ils n’ont même plus de choix.

Tous les réformistes nous jurent qu’avec eux, c’est moins pire qu’avec la droite. Peut-être il y a une petite part de vérité, il faut bien qu’ils ne se coupent pas trop d’une base sociale populaire. Mais quand même on a bien des scandales, ouverts ou cachés, en matière d’accueil des migrants, de racisme masqué, d’urbanisme et de spéculation, de pistons pour les postes municipaux, les logements sociaux ou les permis de construire, de marchés publics, de détournement d’argent associatif ou public etc.

Chacun.e peut bien faire ce qu’il veut, s’abstenir ou voter, s’il.elle y croit. Mais la vérité c’est que notre vie ne sera pas du tout changée au fond. Nous allons rester, ouvrier.es, chômeur.ses, soumis.es aux décisions de nos exploiteurs, qu’ils soient au travail ou dans les administrations – oui, l’appareil d’Etat, les administrations, les municipalités, elles organisent l’exploitation pour le capital dans tous les domaines qui ne sont pas directement productif, logement, santé, éducation etc.

La question aujourd’hui n’est pas de savoir si nous devons choisir entre « le pire » et « le moins pire ». A l’heure où de plus en plus de prolétaires refusent le sinistre « jeu » électoral et s’abstiennent, découragés et déprimés, que faut-il faire ? Leur chanter les bienfaits de la démocratie électorale qui n’est que la gestion marginale du capitalisme local, plus ou moins réformiste ? Leur chanter la « popularisation des luttes » dans le système électoral à l’heure où il est massivement rejeté ?
Ou appuyer là où ça fait mal autour des trois volets « Conscience, organisation, action ». L’heure n’est pas à élire des politiciens hors de tout contrôle, l’heure est à s’organiser, à faire des petits groupes d’étude et de débats, des écoles de formation politique, des cercles d’activistes sur des bases réellement anticapitalistes, à coller des autocollants, pour former une nouvelle génération de militant.e.s, sortis du magma boueux de l’électoralisme réformiste. Ecologistes radicaux contre tout le système de production électro-gaspillo-chimico-toxico-nucléaire, Gilets Jaunes contre le système anti-démocratique, syndicalistes de classe contre la corruption et la collaboration, contre la fatigue, la souffrance, la pénibilité, la précarité de l’exploitation capitaliste, militants des quartiers contre les bavures policières, migrants et sans-papiers contre l’impérialisme et pour l’égalité des droits et ainsi de suite... Et le tout contre ces réformistes qui ne nous proposent au mieux qu’un capitalisme à visage humain, avec eux comme prétendus meilleurs experts pour le gérer.

Chacun.e peut faire ce qu’il.elle veut aux élections municipales, ça n’a vraiment aucune importance.

Ce qui va compter, c’est de savoir si nous sommes capables de nous organiser en toute « indépendance » du capitalisme et de nos exploiteurs !

Oui, il faut faire de la politique, mais de la bonne politique, pas celle qui nous mène dans une impasse.

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