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Nouvelle révolte anticoloniale en Guadeloupe et en Martinique

Déclaration - 4 Décembre 2021

Qu’on ne s’y trompe pas !

C’est bien une nouvelle révolte anticoloniale qui est en cours dans les Antilles.
Une révolte contre la vie chère et la misère, contre le chômage et l’émigration forcée. Contre l’abandon de l’Etat, l’arrogance de la métropole et des administrations, la répression immédiate et féroce. Comme le faisait remarquer Elie Domota, on fait venir des gendarmes mobiles en 72h alors qu’il faut cinq semaines pour faire venir de l’oxygène pour l’hôpital. C’est exactement l’image de l’Etat colonial. Et par-dessus tout, le pouvoir omniprésent des békés, ces successeurs des colons qui s’enrichissent sur le dos du peuple, par le contrôle total des importations et de toute l’économie.
Une révolte qui prend chaque fois de l’ampleur, qui se nourrit des scandales successifs et de la méfiance à l’égard du capitalisme colonial et des administrations à ses ordres.

Les gouttes d’eau qui ont fait déborder le vase

L’Etat et les médias ne nous parlent que des Antillais qui refusent de se faire vacciner, du blocage des hôpitaux, des menaces contre les soignants. Comme s’il s’agissait d’arriérés mentaux, retour à la case du nègre qui ne comprend vraiment rien. Du racisme à l’état pur.

On oublie les deux raisons initiales fondamentales :
• La méfiance à l’égard de l’Etat colonial qui a fermé les yeux pendant des décennies suite à l’empoisonnement au chlordécone, ce pesticide de la banane qui a été utilisé par les planteurs békés jusqu’en 1993, alors qu’on savait parfaitement que c’était un produit hautement toxique pour l’homme (cancérigène, neurotoxique, etc.). Aujourd’hui, les deux îles sont empoisonnées pour des siècles, les taux de cancer et de malformation infantile atteignent des records. Les Antillais n’ont plus aucune confiance envers l’Etat, qui pourrait leur reprocher ? Et quand en plus il y a les obscurantistes évangélistes (très présents aux Antilles) qui viennent répandre leur brouillard religieux antivaxx là-dessus, ça fait boule de neige.
• La révolte est partie des soignants de Guadeloupe, vite suivis par les pompiers. Tout le monde a bien tenté de faire le lien avec l’épuisement des soignants suite à la COVID et au mépris avec lequel ils sont traités, comme en métropole. Mais l’affaire est plus ancienne. Depuis des années, les soignants guadeloupéens alertent sur la situation catastrophique du CHU de Pointe à Pitre, vétuste, amianté, plus aux normes. En 2017 (bien avant le virus) un incendie a détruit la maternité, les urgences, la réanimation, 4 blocs opératoires, et depuis le nouveau CHU n’est toujours pas rentré en service, l’ancien est éclaté en multiples unités et est même resté fermé un an. Le CHU est au bord de l’asphyxie (les factures ne sont plus payées) et il y a eu une grève générale et massive en juillet 2019 (toujours avant le virus) pour exiger le droit à la santé et des conditions de soins et de travail décentes. Dans le cadre colonial, les réformes financières de l’hôpital public se sont transformées en désastre sanitaire à une échelle inconnue en métropole.
Et on vient aujourd’hui contraindre les soignants – épuisés par l’épidémie, sensibles comme tout le monde aux mensonges de l’Etat – à se faire vacciner ?

Qu’on ne s’y trompe pas, il s’agit d’une révolte anticoloniale profonde, même si elle est activée par des ressorts obscurcis, contre la vaccination et le pass sanitaire. La vaccination reste la seule solution raisonnable et scientifique à la pandémie mondiale. Mais la domination des Antilles, la méfiance, ont perverti les motifs, même si aujourd’hui, on semble revenir aux révoltes fondamentales que sont la vie chère, le chômage massif et la misère, la répression immédiate et la domination coloniale.

Nous, militant.e.s métropolitain.e.s de l’OCML Voie Prolétarienne, dénonçons la répression et la domination coloniale qui se manifeste une nouvelle fois en Martinique et en Guadeloupe, autour du chlordécone, de la santé et de la misère. Nous sommes solidaires des populations antillaises en lutte contre le pouvoir des békés et de l’Etat capitaliste colonial, pour le droit à la santé, l’éducation, au travail et à une vie décente. Nous exigeons avec elles la prise en charge totale des malades du chlordécone, la surveillance et le suivi médical, la réparation et la dépollution des îles.
Nous soutenons les forces progressistes qui participent à ces mobilisations, tout en résistant à l’obscurantisme et au complotisme.

A bas l’état capitaliste et colonial ! Non à la répression !

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