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Le rassemblement pour commémorer le massacre de Thiaroye s’est tenu avec succès
Le 1er décembre à la Fontaine des Innocents
C’est à la Fontaine des Innocents que s’est finalement tenu le rassemblement commémoratif, après changement de lieu par la Préfecture. Une centaine de personnes se sont retrouvés à l’invitation de l’OCML Voie Prolétarienne, dont le CSP 75 et le CTSPV, deux collectifs de sans-papiers. Un collectif de percussions militantes était également venu s’associer à la commémoration, et a animé le début du rassemblement.
Après une intervention de notre organisation (voir ci-dessous), plusieurs personnes sont intervenues en mémoire des fusillés de Thiaroye, pour exiger justice, l’ouverture des archives et la localisation des fosses communes, afin d’honorer et de réhabiliter les victimes du massacre.
Une deuxième intervention de Voie Prolétarienne dénonçait les gouvernements successifs, de Hollande à Macron, pour mettre à nu leur hypocrisie et leurs contorsions pour éviter de reconnaître explicitement la responsabilité de la France impérialiste et coloniale. Elle soulignait également la vague actuelle de rejet de la Françafrique, après les nouvelles décisions du Tchad et du Sénégal de suspendre la coopération militaire et de fermer les bases, tout en insistant sur le nécessaire rejet de toute influence étrangère, qu’elle soit française, européenne, américaine, russe ou chinoise, économique ou militaire.
Pour conclure la commémoration, le texte "Aube africaine" du grand poète guinéen Fodéba Keita sur Thiaroye était lu devant l’assemblée, ponctué par les percussions de la CSP 75, un moment émouvant.
A l’issue des interventions, la musique et les percussions occupaient la place jusqu’à la clôture à 17h.
Tous les présents étaient très satisfait du rassemblement, même si tou.te.s regrettaient comme nous l’absence d’autres associations, collectifs ou organisations politiques pour un tel événement. Tou.te.s nous ont remercié d’avoir malgré tout pris l’initiative, même seuls, en se donnant rendez-vous pour d’autres occasions cette fois plus larges.
Plusieurs brochures sur Thiaroye ont été vendues pour l’occasion (https://ocml-vp.org/article2675.html)
L’intervention de l’OCML Voie Prolétarienne
Il y a exactement 80 ans aujourd’hui, l’armée coloniale et impérialiste française ouvrait le feu à Thiaroye contre des tirailleurs sénégalais en cours de démobilisation dans la banlieue de Dakar. Ces soldats avaient le tort de réclamer leur dû, solde au juste taux de conversion et prime de démobilisation. Ils étaient désarmés, et ce sont entre 300 et 400 cadavres qui ont disparu, enterrés clandestinement dans des fosses communes dissimulées.
Les tirailleurs africains, venus des divers pays de l’Afrique de l’Ouest, étaient la chair à canon de l’armée impérialiste française, d’abord dans les tranchées de la guerre de 14, puis lors de la deuxième guerre mondiale, et enfin comme acteurs de la répression des soulèvements nationaux, à Sétif et Guelma en Algérie en 1945, à Madagascar en 1947, puis en Indochine jusqu’à la défaite de Diên Biên Phu en 1954.
Ils avaient été soigneusement écartés de la libération de Paris (comme Franz Fanon) pour ne pas ternir la blanchitude raciste de de Gaulle et des bourgeois français, de la même manière que de Gaulle a refusé de saluer les républicains espagnols à Toulouse.
Le massacre a été soigneusement organisé, puis étouffé et enterré pendant des décennies, le procès des survivants a été truqué, les archives falsifiées ou détruites par les gouvernements successifs et l’armée. Il a fallu tout le travail des artistes africains comme Fodéba Keita, Sembène Ousmane et bien d’autres, l’engagement de générations de militants au Sénégal depuis les années 60, des historiennes en France comme Armelle Mabon et d’autres pour rétablir les faits et exiger la vérité et la transparence. Le nouveau premier ministre sénégalais du PASTEF vient ainsi d’exiger la pleine et entière coopération de la France pour « exhumer les fosses communes et offrir une sépulture digne aux victimes », ce qui implique que leur emplacement soit révélé, pour « une réhabilitation mémorielle, et le paiement des indemnités et soldes aux descendants des tirailleurs ».
Ainsi, aujourd’hui même le 1er décembre et durant toute cette semaine, le massacre de Thiaroye est officiellement commémoré à Dakar.
Car la France impérialiste n’est pas pressée d’assumer ses crimes. De 1945 à 2014, le bilan officiel était de 35 morts seulement, et Hollande l’a timidement fait passer à 70, bien loin des estimations sérieuses des historiens, tout en escamotant la responsabilité de l’Etat pour la renvoyer sur les militaires locaux. Macron vient discrètement d’attribuer la mention « Morts pour la France » à six dépouilles identifiées, provoquant la colère de la société sénégalaise qui y voit la négation de l’ampleur du massacre. Outre que cette mention, peut-être historiquement légitime, est politiquement très contestable. Morts pour quelle France ? La France coloniale, impérialiste et raciste ? La France de la répression des soulèvements nationaux ? De ces décorations, les victimes de Thiaroye et leurs familles n’ont pas besoin.
Ce dont ont besoin les peuples africains, c’est une libération véritable de la domination coloniale et impérialiste, qu’il s’agisse de la France, l’Europe, les USA, la Russie ou la Chine.
Nous, militants maoïstes de Voie Prolétarienne, militants dans un pays impérialiste majeur, nous voulons dénoncer ce massacre provoqué par un gouvernement qui a prétendu parler en notre nom.
Et bien NON ! Au contraire, nous disons que nous avons les mêmes ennemis que les peuples africains, les mêmes bourgeois impérialistes qui licencient ici, sèment le racisme et la division, et qui pillent ailleurs les pays de la planète, avant tout en Afrique, provoquant guerres, misère et migrations mortelles.
Nous, militants maoïstes de Voie Prolétarienne exigeons
• La reconnaissance officielle et entière du massacre de Thiaroye, la réhabilitation des victimes et la réparation auprès des familles.
• L’annulation des dettes des pays dominés, et d’abord africains
• L’abandon sans contrepartie de tous les intérêts français en Afrique
• La fermeture et le démantèlement des bases militaires françaises.
• Le droit à l’autodétermination des peuples des colonies.
• La libre circulation, l’accueil des réfugiés et des migrants, la régularisation et l’égalité complète de tous les droits pour les migrants en France.