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Blocage de la TIRU : témoignage de 3 éboueurs grévistes.

Partisan N°243 - Décembre 2010

Tout au long du mouvement contre la Réforme des retraites, entre 7 et 12% des presque 6000 personnel du nettoiement de la ville de Paris ont fait grève en occupant divers piquets. Parmi ces piquets la T.I.R.U d’Ivry (usine de Traitement Industriel des Résidus Urbains).

En grève depuis le 12 octobre, les salariés de la Propreté de Paris bloquent l’entrée de ce site depuis le 19 octobre et ceci malgré le fait que les salariés de la TIRU, eux, n’ont pas rejoint le piquet de blocage installés dans leur usine. Ceux qui luttent se battent pour les retraites mais aussi pour l’augmentation de leur salaire et un meilleur déroulement de carrière.
Aujourd’hui 8 novembre, l’A.G. du matin a décidé de la levée du blocage. Cependant les grévistes comptent bien poursuivre leur action en débrayant tous les jours 55 minutes.

Nous avons rencontré 3 de ces grévistes : Christophe qui est chef d’équipe, Fabrice qui est rippeur et Philippe qui est secrétaire section CGT nettoiement de Paris SUD (13e, 14e, 5e, 6e)

Comment ont été prises les décisions ?
Il y a eu des AG (Assemblées Générales) quasi quotidiennes où tous les grévistes votaient à main levée. Même si c’est la CGT nettoiement qui a impulsé la grève, c’est les A.G. de grévistes qui prenaient les décisions. C’est le cas aussi ce matin lorsque nous avons décidé de lever le blocage en échange de premières concessions de notre patron.

Quelle a été l’attitude de votre employeur (Betrand Delanoé) lorsque vous avez débuté l’occupation de la TIRU ?
(F) Delanoé défile en tête de cortège pour les manifs contre la réforme des retraites, mais en tant que patron, il est comme les autres : il s’organise pour briser la grève ! Pour casser la grève il fait appel à des sociétés privées (Véolia et Derichebourg). Ces entreprises, pour faire le travail des grévistes, n’hésitent pas à employer des salariés sans papiers. De même, les chauffeurs roulent sans disques afin qu’on ne puisse vérifier le nombre d’heures travaillées. Il n’y a plus de tri et les ordures sont enfouies dans le 77 : ce n’est vraiment pas très écologique tout ça !
(C) Il y a 15 jour on a réussit à arracher un rendez vous avec Delanoé. Concrètement on a obtenu une augmentation de 24 points d’indice ce qui fait que les plus anciens partiront avec environ 800 euros annuel en plus. Mais il y a encore des questions à traiter qui vont nécessiter d’autres négociations. C’est d’ailleurs pour ça que nous maintenons le rapport de force en continuant la lutte sous une autre forme.

Vous n’êtes pas syndiqués. Vous avez néanmoins participé à la grève et au blocage depuis le premier jour ?
(C) Ça a été évident qu’il fallait faire grève. On ne s’est pas posé de questions. Si nous on ne se bat pas, qui va le faire à notre place ? Quand les syndicats, surtout la CGT, ont commencé à tenter de mobiliser, on a suivi !
(F) Nous sommes satisfait de la manière dont la CGT à impulsé le mouvement au niveau du nettoiement de Paris. Je pense d’ailleurs me syndiquer et, pourquoi pas, assumer un mandat au niveau de mon atelier.

Durant votre occupation, vous avez été soutenu ?
La mairie d’Ivry, les cheminots de SUD et de la CGT, des facteurs de SUD et de la CGT, des syndiqués FSU, des étudiants et des intermittents du spectacle sont passés régulièrement sur le piquet. Le collectif des travailleurs sans papier de Vitry est également venu nous apporter son soutient (y compris financier). Malgré le fait que les patrons essayent de nous diviser au travail, on se rend compte au travers des luttes que nos intérêts sont les mêmes et c’est important pour nous.

Vous êtes vous senti soutenus par les confédérations ?
(P) Pour les blocages tout le monde n’était pas d’accord dans le syndicat du nettoiement. Mais la décision prise a été appliquée. Pour ce qui est du soutien des centrales confédérales, on sait tous que ce n’est pas Thibault qui fait les luttes. C’est les salariés grévistes, à la base, dans les entreprises et les usines. On a décidé de bloquer, et après on a demandé si on était soutenu… On ne demande pas l’autorisation de faire nos actions. La grève, c’est nous qui la faisons. La lutte, c’est nous qui la menons, donc c’est nous qui décidons.

La lutte a-t-elle renforcé la volonté de se battre et de s’organiser ?
(P) Parmi les éboueurs, la lutte à soudé les équipes de grévistes. La CGT va progresser c’est certain. Il faudra quand même régler la question des conducteurs de benne. Leur secrétaire général les a fait reprendre le travail… les conducteurs en ont gros sur la patate car, eux, ils voulaient continuer de se battre. On va réorganiser le syndicat du nettoiement pour pouvoir les syndiquer avec nous. A cette condition la CGT va se renforcer parmi eux aussi.

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