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Sarkozy est parti... le problème, c’est maintenant !

Partisan N°257 - Juin 2012

Ca y est, Sarkozy est parti. Voilà un homme qui aura su mener sa carrière au sein des institutions de l’Etat bourgeois. Son départ ne changera pas grand chose aux conditions du vie du peuple. C’est le cycle de l’alternance entre « Gauche » et « Droite » de la bourgeoisie qui continue. Sarkozy et son gouvernement avaient perdu tout crédit dans les milieux populaires, alors ils sont remplacés. Avec toute la haine et le mépris accumulés contre le président sortant, il a suffi à Hollande de se présenter comme un candidat « normal », modéré, avec la tête sur les épaules, pour profiter du mouvement de rejet du sarkozisme.
Sarkozy a su, à la sortie des années Chirac (le « super-menteur », lui-même déconsidéré), redonner du souffle à l’UMP, synthétiser un discours politique suffisamment attrayant pour certaines couches de la population : mélange entre un « retour aux fondamentaux de la Droite » (discours anti-immigrés, sécuritaire), une bonne dose de démagogie (avec la « valeur travail », les appels au « peuple qui se lève tôt »), et enfin la promesse d’instituer une « République irréprochable » par contraste avec les affaires de corruption des années Chirac. Mais Sarkozy aura fini comme Chirac, en pire : malgré les promesses, il s’est révélé aussi corrompu et éloigné des préoccupations populaires que son prédécesseur.

Le mirage du gouvernement du peuple

Sarkozy n’était lui-même qu’un « chevalier cherchant fortune ». Il a surtout servi à perpétuer le mythe de « l’Etat indépendant ». Depuis que le suffrage universel a été lâché par la bourgeoisie, il a bien fallu à celle-ci consentir que les responsables formels de l’Etat soient acceptés par la majorité de la population. Depuis, le jeu politique bourgeois consiste fondamentalement à vouloir régler la contradiction entre, d’un côté, la nécessité de faire croire à la direction démocratique de l’Etat, et de l’autre, avoir l’assurance qu’il continuera à fonctionner au profit des exploiteurs. Lorsque les parlements et les gouvernements étaient élus au suffrage censitaire (en fonction de la richesse des électeurs), les dirigeants étaient directement issus de la bourgeoisie et de l’aristocratie. Le gouvernement était alors ouvertement le « conseil d’administration de la bourgeoisie », comme l’a écrit Marx. Mais ce n’est plus possible aujourd’hui. Il faut l’illusion que les dirigeants ont été choisis par le peuple et représentent ses intérêts, d’où la nécessité d’avoir des gens comme Nicolas Sarkozy : de beaux parleurs, capables d’exprimer un discours politique séduisant une fraction notable de la population, tout en étant sûr, au fond, de leur fidélité à la bourgeoisie. Voilà comment les politiciens bourgeois peuvent se construire une carrière.

Le pire est à venir

Et Hollande ? Hollande, lui, a un profil différent de Sarkozy. Pour le coup, voilà un vrai technicien : ancien élève de l’ENA, haut fonctionnaire de profession, toute sa vie se fait au service de l’Etat bourgeois. D’où son côté rassurant : alors que Sarkozy n’a cherché, toute sa vie, qu’à satisfaire son ambition personnelle sans aucun principe, Hollande semble conscient de sa mission à la tête de l’Etat. Et cela n’augure rien de bon ! Parce qu’on sait que c’est aussi sous des gouvernements sociaux-démocrates que les pires mesures anti-populaires peuvent être prises, on l’a vu avec Mitterrand et Jospin. Mais aussi parce qu’autour de nous, en Grèce, en Italie et ailleurs, l’arrivée au pouvoir de gouvernements d’experts bourgeois ne sert qu’à mener des restructurations sociales et économiques de grande ampleur, bien sûr au détriment du prolétariat et du peuple. En Italie, le gouvernement de Monti est dans ce cas de figure. Nommé après l’éviction de Berlusconi (équivalent italien, en encore plus dégénéré, de Sarkozy), considéré comme à « Gauche », il mène les pires réformes anti-sociales depuis des années, sous couvert d’une sorte de « rigueur juste ». Et comme, évidemment, Hollande échouera à améliorer nos conditions de vie, à lutter contre le chômage, il ne peut qu’ouvrir la porte à de nouveaux Sarkozy, à Marine Le Pen, et en même temps à la recherche d’une « vraie Gauche », qui sera encore elle-même très réformiste.

 

Axel

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