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La lutte des travailleurs sans papiers : Un enjeu essentiel pour l’unité de la classe ouvrière

Editorial de Partisan n° 220 été 2008

1. Les travailleurs sans papiers mis le dos au mur, par la politique de l’Etat, ont décidé d’entrer en lutte, pour leur régularisation. Ils occupent leur lieux de travail. Leur lutte a été préparée et encouragée par les initiatives prises par des militants CGT, comme l’UL de Massy, et s’est développée avec l’appui de militants d’UL de cette confédération, rejoint par des militants d’autres syndicats comme la CNT et Solidaire.

2. Mais le mouvement s’étend maintenant, bien plus largement, car des patrons, craignant les sanctions de l’Etat, licencient leurs ouvriers ou employés qu’ils savaient sans papiers. Alors pour rester fort, des travailleurs sans-papiers occupent de façon préventive leurs lieux de travail.

3. La régularisation des sans papiers est inscrite maintenant dans le combat syndical. Mais c’est aussi, et d’abord, une lutte politique contre l’Etat de la bourgeoisie. C’est une lutte pour l’abrogation des lois qui depuis plus de 20 ans durcissent les conditions de régularisation des sans papiers et organisent leur expulsion, qu’elles aient été prises par des gouvernements de droite ou de gauche. Face aux grèves avec occupation, certains patrons adoptent une position d’appui qui reflètent les contradictions entre les intérêts généraux de la bourgeoisie et leurs intérêts immédiats d’employeurs dont l’activité est bloquée. Mais si cette contradiction peut faciliter des régularisations de sans papiers, au cas par cas, elle n’est pas un point d’appui dans la lutte pour la régularisation de tous les sans papiers.

4. L’enjeu de la lutte engagée est bien, selon nous, la régularisation de tous les sans papiers. Cette régularisation est l’une des conditions du renforcement de l’unité des travailleurs dans leur lutte contre la bourgeoisie et les exploiteurs. Car la bourgeoise cherche à nous diviser, et cela marche quand nous ne réagissons pas. Elle fait des sans papiers la source de problèmes, pour que l’on s’en prenne à eux plutôt qu’à elle et à son gouvernement. Elle déclare la chasse aux sans papiers, pour les précariser encore plus. Au nom de l’immigration choisie, l’Etat renforce cette division en proposant de remplacer les sans papiers originaires de pays non européens, par de nouveaux travailleurs venant de pays de l’Est de l’Europe.

5. Si la détermination des sans papiers est grande, si leur courage est un exemple pour tous les travailleurs, si nous saluons le rôle que jouent des militants de base de la CGT, dans les UL entre autres, nous constatons que les initiatives prises pour renforcer le mouvement ne sont pas à la hauteur des enjeux et des risques qu’encourent ces travailleurs.

6. Nous constatons effectivement que le soutien repose sur un nombre limité de militants de base ; mais le silence des confédérations, l’absence d’information ou d’initiative aux niveaux des UD, ne saurait s’expliquer que par cela. Le principal obstacle à l’élargissement du soutien et de l’engagement des nos syndicats est à chercher dans l’orientation des confédérations.

7. Nous disons, à Voie Prolétarienne, que la seule façon de lutter, d’éviter les pièges de la division, c’est d’exiger la régularisation de tous les sans papiers, ce qui veut dire, non seulement ceux qui sont travailleurs, mais aussi ceux qui sont au chômage, leur famille, les étudiants, les lycéens,…. . Tous !

8. Face au cas par cas que seul accepte le gouvernement, face à l’immigration choisie qui est sa politique, la confédération et ses directions sont assez claires : elles ne sont pas contre ! Elles ne soutiennent que la régularisation de ceux qui travaillent. Elles justifient leur régularisation par le fait qu’ils sont utiles au pays. Nous disons : Nous sommes solidaires avec eux parce qu’ils sont des exploités comme nous, non pas parce qu’ils sont utiles à nos exploiteurs. Nous sommes solidaires parce qu’ils ont quitté leur pays pour fuir une misère dans laquelle notre impérialisme a une grande responsabilité.

9. Face au gouvernement, la direction confédérale ne demande pas non plus l’abrogation des circulaires Hortefeux, ni des dispositions antérieures de l’Etat qui s’attaquent aux camarades sans papiers. Elle en accepte donc le principe : celui de l’immigration choisie. Elle laisse la bourgeoisie faire campagne sur cette « immigration choisie », qui en proposant le remplacement de travailleurs africains et asiatiques par des travailleurs d’Europe de l’Est fait la part belle aux sentiments racistes.

10. En ne combattant pas ces lois et mesures, les Directions Confédérales CGT ou autres, comme certains soutiens, acceptent la politique de fermeture des frontières, alors que celles-ci ne le sont pas pour les marchandises, les capitaux et les hommes du capital qui permettent d’organiser l’exploitation capitaliste à l’échelle mondiale, et en particulier celle des pays d’où viennent nos camarades sans papiers. Pas de frontière entre les travailleurs ! Libre circulation !

11. La direction de la CGT utilise les grèves des sans papiers pour se faire valoir en tant qu’intermédiaire indispensable entre l’Etat et la masse des travailleurs, mais n’agit pas pour assurer la victoire du mouvement en facilitant l’organisation d’une grève générale des sans papiers, en coordination avec les comités de sans papiers, qui est la seule manière de faire reculer véritablement le pouvoir, comme avaient pu le faire les sans papiers aux Etats-Unis en 2006.

12. En tant que militants communistes et internationalistes, il dépend aussi de nous que cela puisse changer. D’abord en luttant dans nos syndicats (en premier lieu la CGT) pour qu’ils soutiennent et organisent la lutte de nos camarades sans papiers d’un point de vue de classe internationaliste. Ensuite en participant activement à leur soutien (financier et militant) pour briser l’isolement dans lesquels les maintient l’absence de mobilisation sur l’initiative des directions syndicales. Enfin en informant pour notre propagande les autres travailleurs des enjeux essentiels de cette lutte pour l’unité des travailleurs.

Lutter pour la régularisation massive de tous les sans papiers,
c’est lutter pour le renforcement des travailleurs, en faisant reculer la division face à nos ennemis.


Lutter pour la régularisation massive,
c’est imposer l’abrogation des lois et des circulaires qui organisent la répression des travailleurs et leur expulsion :
Vouloir vivre n’est pas un crime, expulser si !
Les capitaux circulent librement, les hommes de la bourgeoisie aussi,
pas de frontières entre les travailleurs : libre circulation !

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A retrouver dans Partisan n° 220

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