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Et les chômeurs ?
Partisan N°267 - été 2013
« Il n’y a pas eu de résurgence d’un mouvement des chômeurs, alors que la situation de l’emploi est pire que jamais depuis 30 ans », tel est le constat extrait d’un texte de la commission Travail théorique du comité central de VP. Partant de ce constat, nous avons interrogé trois militants, un quadragénaire au chômage depuis plusieurs années, suite à la fermeture de son usine, un quinquagénaire ancien militant du mouvement des chômeurs des années 1990, et un jeune qui a trouvé un boulot il y a quelques mois après un an de chômage.
Le chômeur des années 1990 note que le mouvement était alors « dynamisé par d’autres mécontentements de la classe ouvrière (on pense à la grande grève de 1995) ; il était porté « en grande partie », dit-il, « par de véritables équipes dirigeantes, qui sont ensuite parties vers d’autres horizons. » Au fil des années, « un certain fatalisme s’est ancré ». Mais il conclut : « Je pense que l’histoire ne se répète pas, et ce qui vient va être certainement plus explosif ».
Le quadra et chômeur actuel affirme d’abord qu’il y a « une question de génération ». « Vous (VP), qui m’avez formé, vous êtiez la génération de 68 », et ceux qui arrivent par vagues à Pôle Emploi, ce n’est pas encore la génération CPE ». Il pense aussi que l’informatisation a permis à l’administration d’éloigner les chômeurs, de les individualiser. « Même ce qu’ils appellent entretien individuel, c’est souvent un coup de téléphone ».
Le jeune, lui, confirme cette individualisation, mais il est surtout frappé par la série d’immolations par le feu qui a eu lieu au début de 2013. Le suicide est justement la solution de celui qui n’a pas de solution, et l’action individuelle de celui qui n’a pas de collectif de lutte. C’est un acte grave, souvent irrémédiable, qui dénonce un situation grave et sans remède.
Depuis 40 ans en effet, tous les présidents et gouvernements de notre pays ont déclaré que la lutte contre le chômage était leur priorité numéro 1. Avec le succès que l’on voit. La planète est riche et les peuples sont pauvres. Il suffirait de travailler tous, moins, autrement. Ca ne peut pas se faire en cinq minutes, ni par petits bouts, mais c’est notre programme, celui qui unit travailleurs au boulot comme au chômage.
Et peut-être que cette question de l’organisation des chômeurs nous renvoie à un autre constat du texte de la commission du travail théorique : « Vieillissement militant et crise du renouvellement dans toutes les organisations politiques et syndicales. Institutionnalisation des militants associatifs de quartiers. Souvent la lutte quotidienne de classe et de masse n’est plus une donnée indépendante de nous, elle dépend de plus en plus de notre activité elle-même. »
Toutes les questions restent donc sur la table ! Quelles leçons tirer de l’expérience de AC !, du MNCP, de l’APEIS, de la CGT-Chômeurs etc ? Tous les collectifs solides de chômeurs, comme à Marseille, n’ont-ils pas pour origine des équipes syndicales créées avant licenciements (La Ciotat) ?
Et comment peut-on être chômeur-militant : on ne s’installe pas dans le statut de chômeur !?
Faites-nous part de votre expérience et de vos réflexions sur ce sujet. L’union fait la force.
