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Des Gilets Jaunes à la Révolution, par où commencer ?

Voilà plus de 11 semaines que le mouvement des Gilets Jaunes se propage. Un mouvement de fond, réunissant des dizaines de milliers de manifestants chaque samedi et soutenu par des millions de personnes. Un mouvement qui s’installe dans la durée malgré la brutalité de la répression qu’il subit. Face à ce mouvement, le gouvernement a paniqué, a reculé et maintenant organise un « grand débat ». La manœuvre est grossière : débattez, et nous, nous avançons avec notre programme et nos mesures antipopulaires.

 

Gilets Jaunes, quel est votre métier ?

 

Dans les ronds-points, dans les AG mais aussi dans les interventions des Gilets Jaunes sur les plateaux télé, de quoi parle-t-on ? On parle en premier lieu des conditions de vie au quotidien, des conditions de travail, de logement, de la précarité. La première question que l’on entend partout est comment peut-on vivre avec un salaire de misère ? Ce n’est pas un hasard si ces questions sont prédominantes dans le mouvement. Dans les ronds-points, les manifestations c’est nous qui sommes largement présents : ouvriers et prolétaires, femmes précaires, jeunes chômeurs, etc. Une étude montre même que ce sont les ouvriers la première catégorie sociale à participer et à soutenir les Gilets Jaunes.

 

Nous ne pouvons que nous en réjouir ! En effet, dans cette société inégalitaire nous sommes en première ligne. Ce sont les prolétaires qui se retrouvent à découvert avant la fin du mois. Ce sont les prolétaires qui se détruisent le corps et l’esprit dans des boulots pénibles. Ce sont les prolétaires qui sont les premier.e.s exclus du marché du travail. Ce sont les prolétaires qui vivent 10 ans de moins en moyenne que les cadres.

 

De l’autre côté, qui dirige la société ? Qui empoche les profits ? Qui profitent des largesses de la justice ? A qui appartiennent les grands médias ? A la classe au pouvoir : la bourgeoisie. Un petit nombre d’individu mais qui possède réellement le pouvoir. Le pouvoir de faire des lois, le pouvoir de toujours plus nous exploiter, le pouvoir de se protéger avec sa police et sa justice. Derrière la figure de Macron, cette caricature de bourgeois arrogant et méprisant, se cache cette classe privilégiée, celle des grands patrons, des dirigeants de l’État. Cette classe qui, en plus de nous exploiter, pillent la plus grande partie des ressources dans le monde, qui monopolisent les techniques et les savoirs, qui assurent leur domination par la force.

 

Et c’est bien à cette classe qu’il faut faire la guerre, pas juste à Macron et à sa clique. Une guerre classe contre classe. Car ce ne sont pas avec quelques réformes symboliques qu’on changera radicalement nos vies. Mais bien en mettant à bas cette société de classe, cette société capitaliste. Le chemin est long pour y arriver, mais il n’y a pas d’autres alternatives !

 

Leur démocratie, c’est la dictature !

 

Depuis plusieurs semaines, on voit fleurir partout dans les manifestations des appels à l’instauration du RIC (Référendum d’Initiative citoyenne). Autrement dit, de mettre en place une possibilité de référendum sur des questions de société.

 

On ne peut que se réjouir de l’aspiration de ce mouvement à plus de démocratie. Dans cette société de classe, c’est travaille, consomme et obéi ! De temps en temps, on nous sollicite pour une élection. Mais des élections qui sont plus ou moins jouées d’avance, avec des candidats qui proposent des projets plus ou moins similaires et qui ne remettent jamais en cause les fondements de cette société inégalitaire. Des élections où l’argent fera la différence (il faut voir comment Macron a obtenu des sommes folles de la part de grands patrons). Bref une parodie de démocratie. Parodie de démocratie que nous combattons et avons combattu en appelant par exemple au boycott des élections lors des deux tours de l’élection présidentielle de 2017.

 

Alors, le RIC permettra-t-il plus de démocratie ?
On peut avoir l’impression que c’est enfin un moyen de pouvoir décider de ce qu’il se passe, d’imposer ce que nous voulons sans croire sur parole un politicien.
Mais les référendums ont toujours été utilisés pour nous enfumer, ou alors, quand on n’a pas voté comme la bourgeoisie le voulait, elle est passée outre. Rappelons-nous le référendum sur le TCE (sur le traité établissant une constitution pour l’Europe) en 2005. Le « Non » avait obtenu la majorité. Quelques mois plus tard, la bourgeoisie faisait passer ce traité (sans référendum cette fois-ci). Ne nous faisons pas d’illusion : si un référendum donne un résultat qui ne plaît pas à la classe dominante, quels moyens avons-nous pour la forcer à appliquer le résultat ?
Et qui votera à ces référendums ? Le bourgeois du coin oui mais pas notre collègue de travail immigré ? Non merci !
Des exemples de référendum, nous en avons : les référendums d’entreprise instaurés par la Loi Travail en 2016, que Macron a étendu par les ordonnances de décembre 2017. Si la bourgeoisie a mis ces référendums en place, c’est pour avant tout court-circuiter les syndicats les plus combatifs, se passer d’eux, et renforcer toujours plus notre exploitation. Les rares exemples de référendums d’entreprise sont une catastrophe pour les travailleurs : en 2015, dans l’usine Smart, un référendum a voté à 56% le retour aux 39h payées 37. Si l’on regarde de plus près les résultats : 61% contre chez les ouvriers, 75% pour chez les cadres… Bref ce sont les cadres qui ont imposé leur volonté.
Un autre exemple, le référendum sur l’aéroport de Notre-Dame-Des-Landes en juin 2016. Le corps électoral était si étendu (près d’un million de personnes) que le « Oui » à l’aéroport est passé alors que les localités impactées par celui-ci ont massivement votées pour le « Non ». Bref, les dés étaient pipés dès le début. Tu parles d’une démocratie !

 

Dans une société capitaliste, obtenir plus de démocratie est un leurre. La bourgeoisie fera toujours en sorte que les résultats aillent dans son sens. A grand renfort de propagande, par les grands médias. Et si vraiment on arrive à un résultat qui ne lui convient pas, elle trouvera toujours le moyen d’imposer sa volonté, par la force s’il le faut. Nous ne voulons pas juste gagner le droit de faire un référendum de temps en temps pour contester une décision parmi toutes celles prises par ces gouvernements qui de toute façon sont contre nous.

 

Car derrière la question d’une société plus démocratique se cache la question du pouvoir. De qui décide, comment et au service de qui ! La démocratie “pure”, ça n’existe pas. La démocratie n’est que la forme que prend, dans le domaine du droit et de l’organisation du pouvoir, la domination d’une classe sur une autre.
La solution réside dans la construction d’une société réellement démocratique. Une démocratie qui organise à la base l’exercice du pouvoir par et pour les prolétaires. Une démocratie qui se fixe comme objectif de détruire toute forme d’exploitation et d’oppression.
Cette démocratie, nous l’expérimentons aujourd’hui, à une petite échelle, dans les Comités de Grève mais aussi sur les ronds points et dans les AG des Gilets Jaunes !

 

Bulletin N°32 - Février 2019
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