Après le soulagement, on fait quoi ?

La déclaration maquettée sous forme de tract, pour diffusion
Egalement disponible en anglais : https://ocml-vp.org/article2628.html et en espagnol : https://ocml-vp.org/article2629.html

Le RN n’est pas passé, énorme soulagement, on souffle. On échappe, pour un temps au moins, à un cran de plus dans la chasse officielle aux migrants, aux LGBT+, aux antifas… Les racistes et les fachos, CNews et Hanouna, Valeurs actuelles, et Europe 1 font la gueule alors qu’ils ont fait campagne pour Bardella sans la moindre retenue, au moins une bonne nouvelle.

Mais nous savons tou.te.s que ce n’est qu’un répit, et que juste avant ce n’était pas le paradis des bisounours.
Pas un ou une d’entre nous ne croit à l’avenir radieux d’un gouvernement Front Populaire qui répondrait à nos aspirations légitimes, qu’il s’agisse de salaires, de retraites, de démocratie ou d’égalité des droits. Il faut qu’ils arrêtent tous ces politiciens, de nous prendre pour des quiches, d’essayer de nous faire rêver « une solution, les élections et les bonnes lois, faites‐nous confiance ! »

Non mais allo, quoi !

On voit quoi depuis dimanche soir ? Surtout un spectacle pathétique, minable, de grenouillages, de magouilles et de petits arrangements, d’alliances sans principes où les convictions partent à la poubelle au fil des heures « pour éviter le pire », où l’on a par exemple appelé à voter Borne ou Darmanin pour un prétendu « Front Républicain ». Où il n’y a évidemment aucune majorité parlementaire, mais où la gauche essaye de nous faire croire qu’elle peut gouverner et appliquer son programme en intégral. Où la macronie s’accroche au pouvoir par tous les moyens, même les plus pourris, alors qu’elle est partout désavouée.
En vrai, qui en a réellement quelque chose à foutre de nos votes, des masses des prolétaires des villes, des campagnes ou des quartiers, avec ou sans papiers, de la misère, de la précarité ? « Vous avez voté ? C’est bien, maintenant faites‐nous confiance, on s’occupe de vous ».
Mais quand donc arriverons‐nous à nous sortir de la tête que notre sort dépend des urnes ? Alors que chaque gouvernement, de droite comme de gauche, ne fait que préparer le suivant, toujours en pire – il suffit de faire le bilan depuis 50 ans.
Le parlementarisme, c’est ça. Choisir une fois tous les cinq ans celles et ceux qui vont décider de notre vie à notre place. Sans même avoir la moindre idée de ce que nous vivons : de la FI au RN en passant par Attal, on ne compte plus les élus qui n’ont jamais travaillé de leur vie et qui se retrouvent à gagner 6000€ par mois du jour au lendemain.
On est bien loin de la Commune de Paris, des élus révocables à tout moment sous contrôle permanent des électeurs, rémunérés au niveau du salaire d’un ouvrier moyen…

On en est où, en réalité ?

1. Le RN est battu, c’est une bonne chose et un répit.
2. Le fond de l’histoire, c’est la gestion du capitalisme en crise dans la guerre économique mondialisée. Voilà une bonne grosse formule un peu trash, mais qui dit bien ce qu’elle veut dire : les politiciens peuvent bien promettre ce qu’ils veulent, le capitalisme impose ses lois, même à tous les réformistes les plus radicaux, comme le NPA, au hasard.
   La bourgeoisie impérialiste française est embarrassée et inquiète. Elle ne veut ni des mesures du RN, ni de celles du Front Populaire. Au‐delà des petits tripatouillages politiques, elle cherche un consensus politique pour maintenir sa domination et garantir son développement. Mais à force de mépris, de divisions, d’attaques, de répression elle n’a récolté que l’instabilité, les Gilets Jaunes sont passés par là. Et c’est d’autant plus important dans le contexte international, la crise écologique, la crise économique et les crises militaires, lorsque la destruction est partout sous nos yeux. Il va falloir un peu de temps pour que ça se décante, et c’est pas gagné…
3. Le NFP nous promet la lune, mobilisé massivement dans ce prétendu « Front républicain », jure aujourd’hui la main sur le coeur « tout le programme et rien que le programme du NFP », comme s’il n’était pas tout à fait réformiste, comme s’ils en avaient les moyens (195 sièges sur 577 au parlement), ils ont joué la carte électorale jusqu’au bout, ils nous ont vendu du rêve, ils ont rameuté les abstentionnistes jusqu’au fond des quartiers populaires. Tous les partis réformistes jusqu’au NPA, rejoints par la CGT, sont absolument à fond pour nous vendre « le progrès social », un « capitalisme à visage humain » autour de quelques réformes réduites à l’essentiel en laissant tous les sujets qui fâchent de côté, comme les exigences écologiques, la crise économique capitaliste et ses contraintes inéluctables, ou les guerres impérialistes… Ils nous prennent vraiment pour des crétins ?? Nous n’avons aucune illusion sur ce programme bidon et celles et ceux qui parmi nous ont voté ne l’ont fait que pour avoir un moment de répit. Et on est très loin d’un soulèvement ouvrier et populaire qui pourrait profiter de la situation pour marquer des points sur le plan social, comme avec l’ancien Front Populaire en 1936 !

L’avenir pour nous, les prolétaires

Dans l’immédiat, c’est le bazar, mais ne nous y trompons pas, nous ne sommes pas à l’abri.
Le danger immédiatement présent, c’est le racisme, le nationalisme, le chauvinisme, le patriotisme à toutes les sauces, poison de la division qui fermente sous des formes différentes dans tous les partis. On a vu les lois anti‐immigrés, mais on a vu aussi le renforcement du protectionnisme. On a vu le développement explosif des agressions antisémites, islamophobes, horriblement racistes, le fond rance entretenu par l’accumulation des discours politiciens, des lois anti‐immigrés, les médias à la solde de Bolloré.

Jusqu’aux positions bien pensantes de la gauche réformiste, CGT en tête qui défendent mordicus la régularisation au cas par cas des sans‐papiers, selon les besoins de l’économie française. Dans la période à venir, le combat contre la division, pour l’égalité complète de tous les droits, contre tous les racismes va être au coeur des combats. Pour renforcer notre camp, contre l’exploitation, quelle que soit notre nationalité, notre religion et la couleur de notre peau.

Combat qu’on élargira à toutes les discriminations homophobes, sexistes, patriarcales, pour une égalité universelle et anticapitaliste contre nos exploiteurs communs. L’avenir ça va être aussi la reprise du combat pour l’emploi, contre les restructurations, la précarité, la pénibilité, le chômage, le combat écologique contre la destruction capitaliste de la nature, contre les toxiques chimiques, le combat pour tous les intérêts ouvriers, sans chercher à être raisonnable, à concilier avec un « système » qui n’est pas le nôtre.

Soit nous prenons nos affaires en main, en toute indépendance de ce système parlementaire, de ce marigot politicien de droite comme de gauche, soit nous allons subir de nouvelles défaites, avec en perspective Marine Le Pen en 2027. Nous avons évité le pire en 2024, mais le pire reste peut‐être à venir… Comme dit le proverbe, si tu ne veux pas t’occuper de politique, la politique s’occupera de toi ! Et si on s’en occupait ensemble, sur des bases vraiment de lutte, vraiment ouvrières etrévolutionnaires ?