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Manifeste de l’OCML Voie Prolétarienne

15 Septembre 2025

Ce texte est une mise à jour du texte précédent intitulé "Ce que nous sommes", qui datait de 2014 et ne correspondait plus vraiment bien au document dont nous avons besoin aujourd’hui.

Il est en deux parties, une première plus politique intitulée "Socialisme ou barbarie", qui présente les divers aspects de notre orientation, une deuxième plus théorique "Que faire, avec qui, et comment ?" qui présente les diverses positions de fond programmatiques et idéologiques qui définissent notre organisation.
Ce Manifeste s’adresse donc aussi bien aux militant.e.s qui nous ont connu par hasard et veulent en savoir un peu plus pour nous, qu’aux militants qui veulent mieux comprendre d’où nous venons et ce qui nous distingue dans ce qu’on appelle l’extrême-gauche révolutionnaire.


Le texte du manifeste en version pdf maquettée sur une plaquette, à télécharger

Socialisme ou barbarie ?

 

Le monde est barbare. Entre les guerres présentes et à venir, la destruction de la nature et le dérèglement climatique, l’exploitation de plus en plus féroce des prolétaires et des peuples du monde, c’est l’apocalypse que nous préparent les capitalistes-impérialistes.

Nous, nous voulons un Monde pacifié, solidaire, d’entraide et de collaboration. Assez de guerre, de soumission des peuples par le génocide, comme aujourd’hui les sionistes à Gaza ou hier au Rwanda, les massacres, le pillage ou l’exode. Les peuples palestiniens, kurdes, ukrainiens (et beaucoup d’autres) ont le droit absolu à disposer d’eux-mêmes, à libérer leur terre. Assez de confrontations mondiales, économiques, politiques ou militaires qui préparent un futur conflit mondialisé !

Nous ne sommes pas naïfs. Nous ne voulons pas la guerre - personne ne la souhaite ! – mais nous ne voulons plus des grandes puissances impérialistes qui écrasent les peuples et mettent la planète à feu et à sang, dont les dirigeants sont les vrais fauteurs de guerre. Alors nous soutenons sans états d’âme la résistance des peuples pour leur libération, les armes à la main ! Mais sans soutenir pour autant leurs dirigeants, réactionnaires, fondamentalistes, alliés à l’un ou l’autre de ces tyrans. Nous ne sommes pas de ces « campistes » qui, au nom du combat contre l’impérialisme US et occidental en arrivent à soutenir les impérialistes russes ou chinois, ou des régimes réactionnaires comme l’Iran des mollahs ou l’Algérie des généraux. Les bourgeois de tous les pays, impérialistes ou émergents, sont nos ennemis et ne cherchent qu’à nous exploiter toujours plus. Nous sommes anti-impérialistes, parce que nous sommes anti-capitalistes.

Aujourd’hui, nous sommes faibles, mais l’avenir nous appartient ! Nous les travailleurs et travailleuses, avec ou sans-papiers, nous la jeunesse révoltée, nous les peuples en lutte pour notre libération sur toute la planète, nous sommes l’avenir ! Mao Zedong le disait il y a 70 ans : « l’impérialisme est un tigre de papier », il paraît fort, mais il ne tient sa force que de notre faiblesse et de nos divisions ! Et un jour viendra où nous en viendrons à bout !

Nous voulons un Monde raisonnable, utile, économe qui préserve les richesses de la planète, qui protège le futur qui sera le nôtre… Voilà notre espoir, notre combat.
C’est celui des écologistes radicaux, c’est notre combat contre la destruction de la planète, les toxiques et poisons en tous genres, le dérèglement climatique, le gaspillage généralisé, les montagnes de déchets, tout ça produit par la folie capitaliste. Il faut arrêter cette course infernale alimentée uniquement par le profit, le productivisme échevelé quoiqu’il en coûte, la concurrence mondialisée.
Nous avons l’optimisme d’y croire, le refus de nous soumettre au monde barbare et apocalyptique que les grands monopoles multinationaux nous promettent. Oui, il est possible de combattre les gaspillages, de protéger la nature, d’alimenter les populations sans détruire la planète – des milliers d’expériences locales en font la preuve partout. Ce dont il s’agit maintenant, c’est de sortir du local, s’organiser pour changer les règles du jeu économique, au niveau national, comme au niveau international, d’en finir avec l’exploitation capitaliste de la nature et des hommes. Mais nous ne croyons pas à l’écologie sans lutte des classes, au « jardinage radical », même si nous respectons tous ces militants convaincus : « Nous sommes Verts parce que nous sommes Rouges », voilà notre mot d’ordre, c’est le socialisme qui pourra remettre la planète d’équerre pour l’avenir !

Nous voulons un Monde de bien-être, de travail utile, de partage équitable des richesses produites, de stabilité et pouvoir envisager l’avenir un peu sereinement. Nous ne voulons pas un travail destructeur du corps et de l’esprit, l’austérité, la précarité, le monde violent et cruel de la concurrence et du chômage, des licenciements. Nous voulons la coopération et la république sociale, nous ne voulons plus des exploiteurs qui sucent notre sang et notre sueur ni des politiciens (PC, LFI, Ecolos et autres) qui nous expliquent comment un capitalisme à visage humain est le seul possible… Nous ne sommes pas raisonnables ! Nous ne voulons pas partager les richesses, nous voulons toutes les richesses, nous voulons bouleverser le travail lui-même ! Nous ne croyons pas aux mirages et aux illusions des bonimenteurs, nous en avons assez de ces experts qui savent mieux que nous ce qui est bon pour nous !

Nous, maoïstes de Voie Prolétarienne, disons que seule la classe ouvrière peut porter un tel projet vraiment communiste, pour bouleverser de fond en comble l’impérialisme, le capitalisme et l’exploitation des prolétaires et de la nature. Sa condition concentre toutes les aliénations, toutes les oppressions subies par les hommes et les femmes exploité.e.s, quelle que soit leur nationalité ; totalement soumis à l’exploitation, ils n’ont aucune raison de ménager le système ou de préserver tel ou tel privilège. Il faut mettre à part une couche aristocratique corrompue par l’impérialisme, défenseurs forcenés de l’ordre existant d’où ils tirent les privilèges qui les séparent de la masse des prolétaires, nous les combattons sans concession. Beaucoup d’autres ont intérêt à la révolution aux côtés de la masse des ouvrier.e.s, mais ce sont les prolétaires qui doivent diriger la marche, pour ne pas s’arrêter en route, avec toutes celles et ceux qui se battent pour changer cette société. C’est ce que nous appelons la centralité ouvrière, nous travaillons dans les entreprises, nous dirigeons le travail politique de nos militants vers la classe ouvrière, nous encourageons leur implantation dans les masses. L’organisation que nous construisons, c’est une organisation de prolétaires, dirigée par elles et eux, et pas envahie par ce qu’on appelle la petite-bourgeoisie salariée très nombreuse dans un pays impérialiste comme le nôtre (enseignants, travailleurs sociaux, employés, travailleurs des médias et de la culture, techniciens et cadres etc.). Certains d’entre eux seront évidemment nos alliés, mais elles et eux peuvent avoir des avantages à perdre dans une révolution radicale, l’Histoire est riche d’exemples partout dans le monde.

Nous voulons une vraie révolution, le pouvoir aux mains de la classe ouvrière, la dictature du prolétariat, comme l’ont tenté les révolutionnaires de la Commune, les bolcheviks de la Révolution Russe, les maoïstes chinois de la Révolution Culturelle. Nous ne voulons pas de ces faux amis qui nous font miroiter un capitalisme à visage humain, la solution supposée facile des élections pour changer la vie et qui n’aboutit au final qu’à plus d’exploitation. Ce ne sont pas des « amis qui se trompent », comme nous le chantent tous les trotskistes qui considèrent qu’ils « font partie du mouvement ouvrier », ce sont des ennemis qui se cachent, les lieutenants ouvriers du capital comme disait Lénine, les représentants de la gestion capitaliste dans le mouvement ouvrier.
Le réformisme, c’est le partage des richesses avec les exploiteurs, le national-chauvinisme souverainiste, le parlementarisme et la voie électorale, le paritarisme syndical des institutions sociales, les solutions écologiques locales, et tant d’autres variantes qui tentent d’éviter une vraie révolution, qui imaginent contraindre les exploiteurs à être plus humains sans leur retirer le pouvoir. C’est ce qui reste du PCF, c’est une version plus moderne avec les Insoumis et leur crétinisme parlementaire total, ce sont les Ecolos version actualisée de la social-démocratie.

Le réformisme, il est politique, syndical, associatif, il est partout. Les organisations comme les syndicats sont largement bureaucratisées, et là encore contrairement à ce que disent les trotskistes, il ne s’agit pas de l’opposition entre une direction pourrie et une base saine, de gagner un peu plus de démocratie : la bureaucratie et la corruption touchent tous les niveaux des appareils. Pour nous, maoïstes de Voie Prolétarienne, et cela nous distingue, le combat est sans concession contre les idées réformistes, voire réactionnaires qui dominent les syndicats et autres associations, et pour construire une orientation de classe, radicale, révolutionnaire.
Le capitalisme n’est pas réformable, c’est l’évidence de nos positions. Contre les experts en politique, les ennemis qui se cachent et parlent en notre nom, prenons nos affaires en mains ! Soyons ambitieux, changeons le monde !
Ce que nous voulons, c’est une vraie révolution au cours de laquelle les masses prennent leurs affaires en main, c’est-à-dire des comités de travailleurs partout, une révolution qui ne pourra se produire, au final que par la lutte armée populaire contre l’Etat capitaliste, pour arracher le pouvoir par la force aux bourgeois qui ne le lâcheront jamais autrement, contrairement à ce que défendent tous les réformistes paniqués à la simple idée d’imaginer des prolétaires armés...

Nous voulons un monde d’amitié, de solidarité et de collaboration. Contre l’internationale néofasciste, contre les LGBTphobies, le racisme, pour un féminisme radical, pour un internationalisme anti-colonial et l’amitié entre les peuples. C’est un combat que nous menons dans la classe ouvrière, sans craindre d’être à contre-courant des préjugés réactionnaires largement répandus.
L’exploitation capitaliste façonne la société actuelle, c’est la contradiction principale, mais on ne peut faire l’impasse sur toutes les oppressions qui divisent la société et en particulier le prolétariat. Quand une contradiction secondaire n’est pas traitée, comme le racisme ou le sexisme à l’intérieur de la classe ouvrière, c’est la contradiction principale contre l’exploitation qu’on ne peut traiter correctement ! Nous maoïstes de Voie Prolétarienne voulons construire une véritable unité de classe intersectionnelle, parce que c’est le seul moyen d’avancer pour une transformation radicale de la société, pour une destruction du capitalisme jusqu’à ses racines les plus profondes comme le patriarcat ou le racisme.

Pour conclure cette partie, on l’a compris, c’est pour une révolution « totale » que nous combattons. Pas pour une vague amélioration provisoire qui n’annoncera que de futurs reculs comme nous l’avons connu depuis des décennies. Nous maoïstes de Voie Prolétarienne, nous n’avons pas peur de dire que la convergence des luttes n’est pas la recette miracle, ou une supposée grève générale victorieuse (rêve ultime de tous les libertaires) – même si bien sûr nous en sommes. Ce qu’il nous faut c’est travailler à un programme et à la construction d’une organisation politique. La protestation et la mobilisation sur tous les enjeux partiels sont évidemment indispensables, mais l’activisme forcené des manifestations à répétition ne construit rien. Il faut centraliser le combat, sortir de l’activisme et du localisme. D’autant plus que nous militons dans une des principales métropoles impérialistes du monde, ce qui rend le combat difficile face un réformisme puissant et ancien.
Si nous voulons vaincre un jour nos ennemis, eux-mêmes très bien organisés dans l’Etat capitaliste, il faut s’organiser, préparer la prise du pouvoir, préparer la révolution à venir !

Socialisme ou barbarie, c’est notre mot d’ordre ! Bourgeois, exploiteurs, politiciens de tous bords, vous pouvez trembler ! L’heure est sans doute pour l’instant à la résignation et à l’apathie, mais le jour viendra, tôt ou tard, où nous construirons nos solidarités, nous redresserons le dos pour contester votre pouvoir, main dans la main avec les peuples du monde !
Egalité, entraide, amitié, coopération, justice, indépendance. Ces mots raisonnent toujours dans les consciences et les cœurs. Les vieux phénix ressortent des tombes de l’individualisme, du chacun pour soi où on croyait les avoir définitivement enfermés. Le monde nouveau est là, le communisme est la jeunesse du monde !
Voilà à quoi travaille l’OCML Voie Prolétarienne.

Que faire, comment et avec qui ?

 

Faire la révolution dans un pays impérialiste, ce n’est pas simple, et il faut en être conscient. La classe ouvrière a perdu de son importance numérique et politique, même si elle continue à polariser la lutte des classes lors des grands mouvements. La petite-bourgeoisie salariée est devenue dominante et a envahi les directions des syndicats, associations, partis politiques, avec sa tendance naturelle au réformisme pour conserver les quelques privilèges gagnés dans le système capitaliste, en particulier dans la division du travail entre travail manuel et intellectuel : il est plus valorisant d’être travailleur social dans une cité, même difficile, qu’ouvrier à la chaîne ou femme de chambre dans l’hôtellerie. Le réformisme est fort et ancien, ancré profondément dans le capitalisme et sa gestion.

Mais il faut comprendre qu’aujourd’hui, la domination capitaliste-impérialiste est mondialisée, qu’il s’agisse de l’exploitation, des guerres, de l’écologie, et que notre combat, celui des prolétaires et des peuples l’est également. La classe ouvrière elle-même s’est mondialisée, « externalisée » depuis les pays impérialistes, et elle a considérablement augmenté au niveau mondial.

Notre combat à nous, maoïstes en France est partie intégrante du combat mondial contre le capitalisme-impérialisme, en lien avec les peuples du monde entier. Nous ne sommes pas seuls, minoritaires et isolés, nous sommes soutenus par les combats des peuples palestinien, kurde, ukrainien, iranien et tous les autres, par les femmes afghanes révolutionnaires de RAWA, par les forces maoïstes présentes partout sur la planète. Et nous soutenons partout la guerre populaire maoïste, comme en Inde, dans l’Etat turc ou aux Philippines, les organisations et partis maoïstes qui se démarquent dans la lutte populaire contre l’impérialisme mondial.

Nous sommes maoïstes, nous l’avons répété. Mais ce n’est pas une référence dogmatique qui masquerait une incapacité à réfléchir par nous-mêmes. Depuis l’origine (l’OCML Voie Prolétarienne a été créée en 1979), nous cherchons à comprendre les erreurs passées. En encore aujourd’hui, l’étude, la polémique politique, la critique comme l’autocritique ont une très grande place dans notre orientation. Certains nous diront qu’en URSS et en Chine, les prolétaires avaient très tôt perdus le pouvoir ce qui montrerait qu’il ne sert à rien de continuer à se revendiquer du communisme. Pour notre part, nous refusons de jeter le bébé avec l’eau du bain, de faire table rase du passé. Non seulement nous assumons le passé communiste, mais nous le revendiquons, avec ses échecs et ses succès. La théorie de la révolution, du socialisme, n’existe que depuis un siècle et demi. Il nous faut la faire vivre, et non l’enterrer.
L’une des raisons pour lesquelles nous nous réclamons de Mao et des communistes chinois, c’est que nous considérons que la Révolution chinoise et notamment la GRCP (Grande Révolution Culturelle Prolétarienne) constitue l’expérience la plus riche de construction du socialisme, celle qui a dévoilé les questions décisives qui se posent pendant la transition vers le Communisme et auxquelles ces communistes ont tenté de répondre.
Dans l’ex-URSS, la classe ouvrière avait très tôt perdu le pouvoir, dès les années 1930, et la société s’était transformée en Capitalisme d’Etat. C’est ce que les communistes chinois ont tenté de comprendre et d’empêcher en Chine avec la Révolution Culturelle. Ils ont développé le principe de Lénine, abandonné ensuite par le PC d’URSS, selon lequel la lutte de classe se poursuit dans la phase de transition vers le Communisme et qu’elle est le moteur de la construction du Socialisme. Le socialisme, en tant que phase de transition instable entre le capitalisme et le communisme, n’aura que partiellement modifié la base économique capitaliste d’un pays. C’est sur cette base matérielle que repose la constitution d’une nouvelle bourgeoisie dans la société de transition, et jusqu’au sein même du parti et de l’Etat.

La force des partisans de la voie capitaliste en Chine, comme en Russie et dans les pays nouvellement indépendants, c’est que leur pays devait se développer, c’est-à-dire faire sa révolution économique industrielle. La nécessité du développement des forces productives servait de prétexte pour ne pas révolutionner les rapports de production. Dans les campagnes politiques qu’ils impulseront, Mao et ce qu’il est convenu d’appeler la Gauche maoïste dans le Parti communiste de Chine, s’appuieront sur les masses, à la fois cible et moteur de ces mobilisations et des transformations socialistes de la société. C’est le point de départ de la Révolution Culturelle : mobiliser les masses pour affronter la nouvelle bourgeoisie.
C’est une des grandes raisons pour lesquelles nous nous disons maoïstes : le bilan de l’échec de la révolution russe et de la restauration du capitalisme, et la tentative de surmonter ces difficultés par une nouvelle « révolution dans la révolution ». Mais quand nous disons que nous sommes maoïstes, nous ne le faisons pas principalement en référence à cette expérience historique. Le Maoïsme, c’est d’abord des acquis philosophiques, politiques et théoriques incontournables pour le Mouvement communiste International, des démarcations fondamentales avec le réformisme et le révisionnisme, et c’est aussi une démarcation politique, concrète, pour faire de la politique ici et aujourd’hui.

Au-delà de la référence à la Chine maoïste, le maoïsme, ce sont donc des outils politiques.
• Le maoïsme, c’est d’abord l’art de la dialectique, un des fondements philosophiques du marxisme, une manière de « penser le monde » en termes de contradictions, en distinguant les contradictions principales des contradictions secondaires dans une situation donnée et toujours mouvante. C’est par exemple savoir distinguer les contradictions au sein du peuple, qui ne sont pas antagoniques (c’est à dire dont les intérêts ne sont pas inconciliables) des contradictions entre nous et nos ennemis, qui le sont.
• C’est toujours et partout « mettre la politique au poste de commande », pour s’orienter à partir des contradictions et définir une orientation à partir à la fois de la théorie et de la réalité de la lutte des classes. Par ailleurs, Mao a aussi insisté sur l’idée que la pratique, et en particulier la pratique politique, est à la fois la seule source et le critère ultime de vérité. La pratique permet de vérifier la théorie et vient ensuite l’enrichir
• C’est pratiquer une ligne de masse, c’est-à-dire s’appuyer sur les idées justes au sein du prolétariat pour les amener, grâce à la théorie marxiste, vers un niveau de conscience plus haut, en combattant les idées fausses (comme le chauvinisme, le sexisme, les illusions réformistes, etc.) ; c’est apprendre des exploités, des luttes et être modestes.
• Enfin, faire l’enquête pour un communiste c’est mener à bien son rôle. Faire l’enquête ; c’est se tenir à l’écoute de ce que disent les prolétaires, recueillir leurs idées, les centraliser, et leurs retourner les résultats. C’est mieux appréhender et mieux comprendre leur niveau de conscience, leurs idées justes et fausses, etc. Mener l’enquête continuellement c’est garder la ligne de masse ! Mao Zedong disait « Celui qui n’a pas fait l’enquête n’a pas le droit à la parole », c’est un de nos principes de base.
• Il n’y a pas d’organisation ni de dirigeants qui sachent tout et ne se trompent jamais ! C’est pourquoi il est important de faire des bilans de la politique que l’on mène, savoir s’autocritiquer pour rectifier les erreurs et avancer ; là encore c’est une pratique systématique de Voie Prolétarienne. De même, il est indispensable de se former, de débattre, car cela permet de s’orienter par soi-même dans la lutte des classes et, dès maintenant, de s’atteler à réduire les inégalités entre dirigeants et dirigés, en premier lieu dans le parti que nous voulons construire.

Maoïstes, d’où venons-nous ?
Notre organisation s’est constituée en 1979, c’est-à-dire "au commencement de la fin" du mouvement mao en France. L’impact des mobilisations ouvrières et des profondes transformations idéologiques de mai 68, ainsi que l’écho international de la Révolution Culturelle chinoise ont donné un mouvement maoïste puissant, opposé à la ligne du PCF. Notre organisation est ainsi née du bilan critique des échecs historiques du socialisme d’une part, et des luttes ouvrières de 68 en France. L’organisation fut fondée à la fois sur la critique du dogmatisme des maos et d’une ligne trop « mouvementiste », incapable de recul politique et se faisant ballotter par les événements. Une partie des fondateurs de VP venait d’un courant marxiste-léniniste plutôt doctrinaire, autour de l’Éveil et du Prolétaire Ligne Rouge. Une autre partie des premiers militants venait directement du mouvement maoïste (GOP, GP, PCMLF...). C’est donc la rencontre de ces deux courants qui allait être à l’origine de l’OCML Voie Prolétarienne : une partie des militants apportait son acquis théorique, une autre son expérience de la lutte des classes, tous à la recherche de la fusion de la théorie et de la pratique, de la réflexion et de l’action pour ce que nous voulons être un véritable communisme.
L’organisation s’est forgée, sur la base d’une critique radicale du travail et de l’exploitation, et dans la lutte politique contre les positions chauvines, le corporatisme et le « produisons français », contre l’impérialisme français en particulier, pour l’égalité des droits entre français et immigrés, entre hommes et femmes, contre le racisme, pour la défense des plus opprimés. Nous avons un socle théorique très important, accessible sur notre site Internet, et nous continuons à avancer pour forger le programme communiste dont nous avons besoin.
Depuis sa constitution, l’OCML Voie Prolétarienne a survécu à plusieurs graves crises internes, que l’on peut juger presque inévitables dans un pays impérialiste dominé par l’idéologie petite-bourgeoise. Nous voulons apprendre de nos erreurs et de nos bilans pour arriver à dépasser le stade groupusculaire et construire le Parti dont nous avons besoin.

Construire un Parti de type nouveau
L’objectif de l’OCML Voie Prolétarienne est de participer à la construction d’un Parti Communiste, c’est-à-dire le quartier général des exploités. Les ouvriers doivent s’organiser car, comme l’affirmait Karl Marx, « le nombre ne pèse dans la balance que s’il est uni par l’association et guidé par le savoir ». Ce savoir est expérience accumulée des mouvements ouvrier et communiste, ce sont les leçons tirées des échecs autant que des succès passés et la compréhension du monde dans lequel nous vivons.
Le PCF, lors de sa création, avait incarné les espoirs ouvriers en une autre société. En 1936, il a soutenu le gouvernement réformiste. Puis, à la Libération, il a abandonné la lutte révolutionnaire pour appeler les ouvriers à reconstruire le capitalisme français. Depuis, il n’a été qu’un parti révisionniste, plus ou moins combatif… mais nationaliste et réformiste.
Sans Parti Communiste, les ouvriers sont les acteurs de combats dont seuls les réformistes bourgeois tirent profit. Les révoltes arabes au printemps 2011 ont montré que les masses pouvaient faire trembler l’impérialisme et les régimes réactionnaires. Mais le printemps arabe a fait place à l’hiver réactionnaire... Car sans Parti Communiste, sans quartier général, il ne leur a pas été possible de bouleverser de fond en comble la société jusqu’à leur émancipation sociale. Et finalement, les différentes forces bourgeoises ont rapidement repris la main. En France, il manque ce Parti qui assurerait l’indépendance des exploités dans leurs luttes. Un parti capable de disputer le pouvoir à la bourgeoisie et à le lui arracher demain.

Notre parti ne sera pas composé de petits soldats, tout le monde le petit doigt sur la couture du pantalon. Au contraire. Il faut des méthodes de fonctionnement qui permettent (et encouragent) le débat politique tout en garantissant le fonctionnement du parti. C’est le centralisme démocratique :
– Débat le plus large et le plus démocratique possible,
– Décisions prises après le débat à la majorité, et elles deviennent les positions de l’organisation, qui tout le monde doit appliquer.
– La minorité se soumet aux décisions de la majorité, mais elle est protégée et respectée.
– Contrôle de toutes les instances et révocabilité des mandats, pratique systématique de l’enquête, du bilan, de la critique et de l’autocritique.

« Sauf le pouvoir tout est illusion », disait Lénine : à la différence des anarchistes et autres libertaires, nous affirmons qu’il n’y aura jamais de société populaire sans prise du pouvoir d’Etat, pour diriger le difficile chemin de la transition au Communisme. Pour en finir avec l’exploitation, il faut plus que la révolte, plus même qu’une insurrection, une grève générale ou la multiplication des ZAD, plus qu’une révolution spontanée qui arriverait à prendre le pouvoir. Pour en finir avec l’exploitation, il faut en extirper les racines, bouleverser les rapports de production pour aller au Communisme.
Cela ne peut se faire spontanément, même dans le feu d’une lutte aussi avancée soit-elle. La lutte des classes est le socle, la base matérielle de la marche au Communisme, mais c’est la conscience, la politique, la perspective du Communisme qui seule peut guider ce chemin. Et c’est le Parti qui est l’élément dirigeant de ce saut qualitatif.

Les prolétaires n’ont que leurs chaînes à perdre, ils ont un monde à gagner !

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