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Mao Zedong, un grand marxiste-léniniste

Bulletin de Voix Prolétarienne (Lyon) N°5 - Décembre 1978

La prise du pouvoir par les éléments révisionnistes contre-révolutionnaires Deng Hsiaoping - Hua Kuofeng en Chine entraîne une période de trouble parmi les Marxistes-Léninistes et entraîne aussi une attaque effrénée de la bourgeoisie et de ses idéologues contre Mao Zedong et la révolution chinoise. La bourgeoisie félicite les révisionnistes chinois pour avoir rangé « Mao au musée » (Le Figaro) et se félicitent bruyamment de la pénétration économique qu’elle opère en Chine, des vastes perspectives du marché chinois. Tout cela ne peut que poser les plus graves questions aux marxistes-léninistes et, il est légitime de se poser des questions sur l’expérience historique de la dictature du prolétariat. Mais, les communistes savent par expérience que dans de telles circonstances il existe nécessairement deux sortes de « critiques », deux sortes de « bilans » ; les uns cherchent à éduquer le prolétariat international par la connaissance de son propre mouvement de ses succès et de ses erreurs, ils approfondissent ainsi la théorie marxiste-léniniste, l’assimilent plus profondément et deviennent aptes à s’en servir pour transformer le monde par la révolution ; les autres, les éléments instables, prennent prétexte des erreurs et des défaites subies par les marxistes-léninistes pour rejeter le marxisme-léninisme lui-même.

Dans ces circonstances nous faisons connaître le point de vue et la méthode qui nous guident dans l’étude de la Révolution Chinoise et de l’œuvre de Mao Zedong car s’il nous tient à cœur de faire ce bilan, il nous importe encore plus de le faire en bonne compagnie, nous n’avons aucune intention de le faire avec « Le Figaro », Hua Kuo-feng, le PCML et le PCR, ou avec les « eurocommunistes » du PCF et du PCI.

Lénine a écrit dans « Notes d’un publiciste » en 1922 [1] :

« Paul Levi désire maintenant, tout particulièrement, gagner les faveurs de la bourgeoisie (et par conséquent, des Internationales II et II et demi, ses agents) en rééditant précisément les œuvres de Rosa Luxembourg dans lesquelles celle-ci s’est trompée. Nous répondrons à ceci en citant deux lignes d’une célèbre fable russe : il arrive parfois que les aigles volent plus bas que les poules, mais les poules ne parviendront jamais à s’élever à la hauteur des aigles. Rosa Luxembourg s’est trompée sur la question de l’indépendance de la Pologne, elle s’est trompée en juillet 1914 lorsque, côte à côte avec Plekhanov, Vandervelde, Kautsky et d’autres, elle a préconisé l’unité entre les bolcheviks et les mencheviks ; elle s’est trompée dans les ouvrages qu’elle écrivit en prison en 1918 (elle a corrigé la plupart de ses erreurs à la fin de 1918 et au début de 1919, après sa mise en liberté). Mais, en dépit de ses erreurs, elle fut – et elle reste pour nous – un aigle (…).
« Après le 4 août 1914, la social-démocratie allemande est un cadavre nauséabond », voilà l’expression qui fera vivre à jamais le nom de Rosa Luxembourg dans l’histoire du mouvement ouvrier mondial. Et évidemment, dans l’arrière-cour du mouvement ouvrier, sur le tas de fumier de la volaille du genre Paul Levy, Scheidemann, Kautsky et Cie, caquètera sur les erreurs commises par cette grande
communiste. A chacun son dû ».

Nous ne tirerons pas de « bilan critique » avec les Paul Levy contemporains.

De ce fait, nous nous en tenons aux positions suivantes :

I- A l’heure actuelle, la clique Deng-Hua restaure le capitalisme en Chine, transforme la Chine en superpuissance impérialiste, persécute, emprisonne et fusille les communistes qui osent lutter contre le révisionnisme. Dans cette circonstance nous nous tenons aux côtés des communistes chinois, des combattants d’avant-garde du socialisme en Chine, de la classe ouvrière et du peuple chinois qui sans aucun doute se dresseront contre les éléments révisionnistes et leur feront payer cher leurs crimes.

II- La ligne intérieure et extérieure des révisionnistes chinois est en rupture complète avec la position suivie naguère par Mao Zedong et le PCC. La « nouvelle » ligne avancée par Hua et Deng à compter de la fin de 1976 est une critique de Mao Zedong, un rejet du marxisme-léninisme. Derrière l’hypocrite référence à Mao Zedong, toutes les thèses annoncées par Mao, les mesures politiques, économiques et organisationnelles prises sous la direction du président Mao au cours de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne sont rejetées. Depuis 1976 la presse chinoise regorge d’articles qui tentent de liquider Mao tout en se référant à Mao. Non seulement la théorie mais la pratique révolutionnaire de Mao est rejetée aujourd’hui par les révisionnistes chinois : les importantes transformations socialistes opérées dans la superstructure comme dans la base économique au cours de la GRCP sont liquidées.
Aujourd’hui Hua-Deng se réfèrent à Mao comme Khrouchtchev se référait naguère à Lénine.

III- L’échec enregistré par la révolution socialiste en Chine est la preuve pratique que certaines erreurs ont été commises par les marxistes-léninistes chinois, voire par Mao lui-même, au cours de la lutte contre la bourgeoisie et le révisionnisme. Mais, il n’y a que des intellectuels petits-bourgeois incorrigibles pour réclamer « la voie royale au communisme », pour s’imaginer que la révolution socialiste en Chine, dans un pays de 800.000.000 d’habitants puisse se dérouler sans erreurs, sans tâtonnements, sans reculs momentanés ou sans défaite. Mais face aux erreurs commises par des communistes et des grands dirigeants révolutionnaires, les marxistes-léninistes ont une position claire depuis longtemps :
1° il faut tracer une ligne de démarcation entre marxisme-léninisme et révisionnisme, entre révolution et contre-révolution,
et
2° il faut analyser l’expérience historique, les erreurs et les succès, afin, non pas de savoir si une tête de plus ornera la galerie des portraits non pas pour régler nos comptes avec l’histoire, pour instruire le prolétariat international par l’expérience de sa propre révolution en marche. De ce fait, la méthode que les communistes utilisent est celle du matérialisme historique et non de l’idéalisme ; c’est-à-dire que la ligne politique d’un parti révolutionnaire, les déclarations sont analysées non pas « en général » mais dans leurs rapports avec la réalité de la lutte des classes, dans leurs rapports avec le mouvement révolutionnaire de l’époque envisagée. Lénine écrivait : « Il n’y a pas un grain d’utopisme chez Marx ; il n’invente pas, il n’imagine pas de toutes pièces une société « nouvelle ». Non, il étudie, comme un processus d’histoire naturelle, la naissance de la nouvelle société à partir de l’ancienne, les formes de transition de celle-ci à celle-là. Il prend l’expérience concrète du mouvement prolétarien de masse et s’efforce d’en tirer toutes les leçons pratiques. Il « se met à l’école » de la Commune, de même que tous les grands penseurs révolutionnaires n’hésitent pas à se mettre à l’école des grands mouvements de la classe opprimée, sans jamais els aborder du point de vue d’une « morale » pédagogique (comme Plekhanov disant : « il ne fallait pas prendre les armes » ; ou Tsérétéli : « Une classe doit savoir borner elle-même ses aspirations »). » [2]

IV- Nous prenons à l’égard de Mao Zedong une position de principe afin de tirer une ligne de démarcation entre révolution et contre-révolution, mais nous n’en restons pas à une telle position car l’analyse de la révolution chinoise et de l’œuvre théorique et pratique de Mao est d’une extrême importance pour le progrès de la théorie marxiste-léniniste, pour notre propre programme révolutionnaire. Poursuivre l’étude de l’expérience historique de la dictature du prolétariat en URSS, en Chine et en Albanie est une tâche de la plus haute importance pour notre propre activité révolutionnaire. Nous considérons donc notre position de principe actuelle comme un point de départ et non comme un aboutissement car nous savons très bien qu’une position de principe, juste en certaines circonstances historiques, se transforme en son contraire en d’autres circonstances. Ainsi les ML du monde entier ont pris une ferme position de principe lorsque Staline a été attaqué par Khrouchtchev, ils ont défendu la vie et l’œuvre de Staline. Mais aujourd’hui, alors que l’expérience de la révolution chinoise et Mao Zedong ont montré que Staline avait commis certaines erreurs sur les classes, la lutte des classes et la dictature du prolétariat et ont développé plus avant la théorie marxiste-léniniste, prétendre que Staline n’a jamais commis aucune erreur, ce n’est pas une ferme position de principe communiste, c’est s’attaquer au marxisme-léninisme, c’est transformer la restauration du capitalisme en URSS en « opération du Saint-Esprit », c’est attaquer Staline lui-même, car lui-même n’a jamais cru à son infaillibilité, c’est transformer la théorie ML en recette miracle. Défendre Staline aujourd’hui, ce n’est pas prétendre qu’il n’a jamais fait d’erreurs mais c’est éduquer le prolétariat par l’exemple de son œuvre marxiste-léniniste et par le bilan critique de ses erreurs.
Les communistes n’ont pas peur de la vérité, ils ont un point de vue autocritique sur leur propre mouvement, sur leur propre passé, c’est là leur force et leur supériorité sur tous les autres partis politiques ; s’ils ont ce point de vue, c’est parce qu’ils représentent l’avenir et la classe la plus révolutionnaire de la société, une classe qui n’a rien à perdre que ses chaînes.

V- Qui est Mao Zedong ?
C’est le principal dirigeant de la plus grande révolution prolétarienne après la révolution d’Octobre 17. Au cours de cette pratique révolutionnaire, Mao a enrichi et développé le marxisme, notamment dans les domaines suivants :
1° La stratégie et la tactique de la révolution démocratique nationale
2° la science militaire marxiste-léniniste
3° L’édification et la consolidation du Parti Communiste, le style de travail du parti, les rapports entre le parti, le front uni, l’armée et les masses.
4° l’exposé simple et clair des principes du matérialisme dialectique
Toutes ces questions et d’autres encore furent développées au cours de la révolution de démocratie nouvelle que Mao eut l’immense mérite historique d’amener à la victoire sur le territoire de la Chine continentale, victoire qui porta un coup écrasant au système impérialiste mondial au sortir de la 2ème guerre mondiale, victoire acquise grâce à la lutte implacable menée contre l’opportunisme au sein du parti communiste. Au cours de cette lutte, Mao fit la preuve de sa position de communiste authentique en analysant par lui-même la réalité chinoise à l’aide du marxisme-léninisme, en se montrant capable de repousser les conseils erronés de Partis frères lorsque ceux-ci se manifestaient et en même temps en appréciant à sa juste valeur l’aide internationale des forces révolutionnaires mondiales et de l’Union Soviétique de Staline en premier lieu.
Avec la victoire de 1949 s’ouvrait la période de la révolution socialiste en Chine, Mao Zedong indiqua alors qu’au cours de cette étape la contradiction principale opposait la bourgeoisie au prolétariat, et dirigea ensuite al transformation socialiste de l’économie et notamment, la collectivisation de l’agriculture dans un pays comptant 500 millions de paysans. Au cours de cette période de lutte de classes acharnée, sous la direction de Mao, le PCC écrase les groupes opportunistes et mena de grands mouvements de rectification (Sanfan et Wufan, Kao Kang, Houfang, « droitiers bourgeois », Peng Te-huai etc.). Le PCC poussa plus en avant l’édification socialiste, lança le « grand Bond en Avant » et dirigea la Chine sur la voie de la révolution.

Ce seul bilan ferait déjà de Mao Zedong un géant de la révolution prolétarienne mondiale, un grand marxiste-léniniste. Mais si Mao a été, ces dernières années mis au rang de Marx, Engels, Lénine et Staline, ce n’est pas seulement pour la victoire de la révolution chinoise. C’est parce que les marxistes-léninistes considèrent que Mao a développé plus avant la théorie révolutionnaire en donnant une explication scientifique de la restauration du capitalisme en URSS. Mao a ainsi posé les bases de la solution des problèmes que Staline n’avait pu résoudre : les classes et la lutte des classes après que la transformation socialiste de l’économie soit réalisée. D’où viennent les nouveaux éléments bourgeois, quelle est leur base économique ? Où est la bourgeoisie en régime socialiste ? Mao a tiré le bilan de la restauration du capitalisme en URSS, a procédé à l’analyse des classes en société socialiste, a rattaché l’existence des classes antagonistes, bourgeoise et classe ouvrière, à leurs bases économiques, politique et idéologique dans une société de transition.
L’application créatrice du marxisme-léninisme dans le cours de la révolution chinoise et l’apport théorique de Mao Zedong sont consignées dans les œuvres de Mao, dans les documents de 1963 contre le révisionnisme khrouchtchévien, dans les documents de la Révolution Culturelle. Ils constituent le fondement de la lutte du PCC contre le révisionnisme khrouchtchévien, lutte poursuivie aux côtés du PTA et qui fut dans l’ensemble et sur l’essentiel, une lutte ferme et de principe, et un puissant soutien internationaliste pour les marxistes-léninistes du monde entier. Les documents de 1963 constituent le résumé le plus synthétique de la position marxiste-léniniste de l’époque, les textes les plus profonds aussi dans la mesure où les grandes lignes d’une explication scientifique de la dégénérescence de l’URSS sont tracées.
L’apport théorique de Mao sur la dictature du prolétariat a constitué le point de départ de la Grande révolution Culturelle prolétarienne ; cette révolution a opposé les communistes à la tête des masses fondamentales de la classe ouvrière et de la paysannerie pauvre, à la bourgeoisie révisionniste installée dans certains rouages essentiels du parti et de l’état. C’est là la principale ligne de partage bien que, comme dans toute révolution, de nombreux courants et contre courants aient vu le jour. La GRCP a transformé en profondeur la base économique et la superstructure, de grandes nouveautés socialistes sont apparues, ce fut un mouvement d’une extraordinaire richesse théorique et d’une grande diversité d’expériences pratiques. Comme l’a souligné le camarade Mehmet Shehu [3] en 1967, l’attitude à l’égard de la GRCP est la pierre de touche qui permet de distinguer les ML des révisionnistes (Entretiens sino-albanais de 1967).
Cependant le bilan de Mao en tant que théoricien est rendu difficile par l’embargo systématique qui a été jeté sur ses principaux discours et textes de cette période. De même, l’expérience pratique de la GRCP, les tactiques, les méthodes et les moyens de lutte doivent être analysés par les ML, d’un œil critique. En particulier, doivent être analysés les raisons de l’échec de 1976, ainsi que les racines de ces erreurs au cours des précédents mouvements le cas échéant.
Cependant la nécessité de l’étude critique de l’expérience de la Révolution Culturelle ne saurait nous faire oublier l’essentiel à savoir qu’il s’est agi du plus important mouvement révolutionnaire depuis la victoire de la révolution de démocratie nouvelle en Chine en 1979 ; le plus important sur le plan international.
C’est pour toutes ces raisons que nous devons défendre Mao Zedong en face de Hua-Deng qui tentent d’enfermer la ligne révolutionnaire du président mao dans le « mausolée » où ils ont enfermé son corps, pour le transformer en icône inoffensive ; en face des révisionnistes qui tentent de laisser Mao pour un « nationaliste » chinois dans grande valeur universelle. Nous plaçons Mao Zedong aux côtés de Marx, Engels, Lénine et Staline, et défendrons jusqu’au bout sa vie et son œuvre marxiste-léniniste.

VI- A BAS HUA-DENG, LES REVISIONNISTES CHINOIS !
Tel est notre mot d’ordre aujourd’hui. Nous avons une tâche à accomplir, nous l’avons délaissée jusqu’à aujourd’hui et c’est une erreur. Il faut critique la ligne révisionniste de la restauration du capitalisme en Chine et du même coup défendre la ligne révolutionnaire de Mao Zedong et les acquis socialistes de la Révolution Culturelle. Il faut lier la critique de la restauration du capitalisme à la critique de la « Théorie des Trois Mondes ».
En accomplissant ces tâches, nous apporterons aide aux communistes chinois et aux communistes du monde entier, nous approfondirons la conscience anti-révisionniste de la classe ouvrière en France.

VIVENT MARX, ENGELS, LENINE, STALINE, MAO ZEDONG !

VIVE LA THEORIE REVOLUTIONNAIRE MARXISTE-LENINISTE !

[1"Note d’un publiciste - fin février 1922 OC T33

[2"L’Etat et la Révolution" OC T25

[3NdlR 2018 : Mehmet Shehu, dirigeant du Parti du Travail d’Albanie, "suicidé" en 1981, apparemment après s’être opposé à Enver Hoxha sur le bilan de Mao Zedong et de la Chine socialiste. Il avait été l’acteur du rapprochement sino-albanais dans les années 60